Relativement anonyme en France, Seether jouit d’une solide réputation aux USA allant jusqu’à remplir des salles de 2000-3000 personnes. Ce soir, les Sud-Africains jouent dans un Bataclan bondé, ce qui montre que le public est présent en France. Retour sur une soirée à l’ambiance grunge.
Après un passage quelque peu en demi-teinte au Hellfest, Seether est cette fois-ci de retour en France pour défendre son dernier opus, Isolate & Medicate. Ambiance grunge puisque ce sont les Russes de Prana qui ouvrent le bal ce soir. Trio composé de Natasha Varlamova (chant et guitare) Martin Müller (basse) et Kirill Kudravets (batterie), Prana se veut être un mélange de Nirvana, Hole et Foo Fighters. Assez intéressant sur le papier. Le son est correct et c’est déjà un bon point. En ce qui concerne la musique, on alterne entre le bon et le moins bon. Le bon quand le bassiste se décide à varier sa partition et le moins bon quand il joue en binaire. Natasha est en forme, semble heureuse d’être là et ça se voit. Malheureusement son accent est extrêmement prononcé et cela se ressent même dans le chant, rendant quasi impossible la compréhension des paroles. Cette date parisienne est la première de la tournée et c’est aussi la première fois que les membres de Prana sortent du territoire russe, sacré choc culturel à prévoir. Le concert passe assez rapidement mais Prana ne laissera pas une marque indélébile dans la mémoire du public présent.
Un court interlude plus tard, les quatre membres de Seether font leur entrée sur la scène du Bataclan. Premier choc pour ceux n’étant pas habitués, Shaun Morgan (chant et guitare) n’est pas placé au milieu de la scène mais à gauche de celle-ci, laissant la place centrale à Dale Steward (basse). Le concert commence fort puisque les Sud-Africains nous assènent deux titres de son tout premier album, Disclaimer. "Gasoline" et "Needles" commencent à faire chauffer les cervicales d’autant plus que cet album, pièce centrale de la carrière de Seether sera bien représenté ce soir avec cinq chansons. Le public est plutôt mou en ce début de concert mais cela va largement s’améliorer avec le temps. Il faut dire qu’on trouve dans la salle des fans de la première heure, des gens ayant découvert Seether grâce au duo sur "Broken" avec Amy Lee (chanteuse d’Evanescence et ex-petite amie du sieur Morgan) et enfin des fans beaucoup plus récents. Avec "Rise Above This", les clameurs du public se font mieux ressentir et c’est normal vu la qualité de la chanson. Isolate & Medicate, nouveauté 2014, est largement mis en avant ce soir et pour le bonheur de chacun avec ses meilleurs titres. "See You At The Bottom" fait honneur aux origines du groupe avec une batterie puissante et Shaun Morgan qui nous gratifie de sa voix la plus éraillée possible.
Comme à son accoutumé, le frontman communique peu avec son public. Pas par snobisme mais tout simplement parce qu’il n’a pas envie de dire de conneries. Quelques remerciements et des sourires qui ravissent les fans présents. "Broken" est jouée dans une version acoustique de toute beauté avant que les trois membres sur le devant de la scène laissent la scène entière et l’attention du public à John Humphrey pour un solo de batterie. L’exercice est connu, intéressant pour certains, barbant pour d’autres. Un peu à l’image d’Arejay Hale (Halestorm), John Humphrey nous gratifie d’un final sans baguette avec juste ses mains sur les futs et les cymbales rendant cet interlude musical beaucoup plus fun. "Words As Weapons", premier single d’Isolate & Medicate puis "Country Song" (seule chanson issue de Holding onto Strings Better Left to Fray jouée ce soir) prouvent que Seether a gagné en popularité sur ses derniers albums. Un groupe typé grunge qui ne rend pas un hommage à Nirvana n’en est pas vraiment un et Seether en est conscient. "Heart-Shaped Box" ne laissa pas indifférent le public parisien d’autant plus que cette reprise est une réussite imparable. Un moment fort de ce concert.
Dans la dernière ligne droite de ce concert, Shaun Morgan et sa bande nous déroulent du neuf et du classique. "Fake It" fait jumper la fosse tandis que "Fuck It" achève définitivement les fans. Et enfin, "Remedy" se charge de clore un concert qui s’inscrira comme une réussite. Emettons un bémol sur le fait de ne jouer qu’une seule chanson issue de Karma & Effect. Difficile de voir qu’un "The Gift", par exemple, soit laissé de côté.
Ne boudons pas notre plaisir, Seether vient d’offrir au public du Bataclan une très bonne performance qui efface dans les grandes largeurs la petite déception du Hellfest.
Setlist:
Gasoline
Needles
Rise Above This
See You At The Bottom
Fine Again
Broken
Drum Solo
My Disaster
Words As Weapons
Country Song
Heart-Shaped Box
(Nirvana cover)
Fake It
Same Damn Life
Fuck It
Remedy
Merci au Bataclan d'avoir accueillit La Grosse Radio Metal, merci à Live Nation et à Roger pour les accréditations. Merci à Michaël Massart pour le travail de photographie.