Le microcosme « death » métallique a subi un séisme à la sortie de In the Flesh, premier opus de NADER SADEK, publié en 2011. Un line-up de rêve pour un premier album monstrueux, qui marquera au fer rouge le style, enfonçant le clou avec la sortie du pendant scénique dudit album, mettant en exergue l’aspect démoniaque de la chose. Toujours mené de main de maître par Nader lui-même, artiste américain, d’origine égyptienne, NADER SADEK a vu le line-up évoluer légèrement avec le remplacement de Steve Tucker par Travis Ryan (également hurleur chez les poètes de CATTLE DECAPITATION), et, propose de façon gratuite (avant une sortie digitale), son nouveau Ep intitulé Chapter III : The Malefic, par le biais des magazines Terrorizer, Legacy et Decibel. A noter la présence de véritables guest-star à la basse, avec la participation de Alex Webster (CANNIBAL CORPSE), de Olivier Pinard (CRYPTOPSY) et de Martin Rygiel (DECAPITATED), ainsi que Adreas Kisser (SEPULTURA), venu taper quelques solos ici ou là.
Il est très tentant, lorsqu’on a la charge de chroniquer un EP, de se lancer dans un « track by track », mais ce nouveau NADER SADEK doit être pris dans son ensemble. Dès la première écoute, il est clair que les new-yorkais ne sont toujours pas là pour conter la messe et reprennent les choses où ils les avaient laissées avec In the Flesh, et le parallèle avec les légendaires MORBID ANGEL n’est toujours pas fortuit, notamment au regard de la variété rythmique incessante alternant partie frénétique, breaks lourds surpuissants et passages plus techniques ("Deformation by Incision" ou "Entropy Eternal"). Un aspect opaque, homogène et brumeux se dégage également de ces quatre morceaux. Il faut dire que l’attaque est massive, l’abattoir NADER SADEK hache « menu-menu » et, les moments de bravoure se multiplient comme le break ultra puissant de "Deformation by Incision", l’énorme riff principal de "Entropy Eternal" qui lorgne par moment vers VADER, ainsi que son break dantesque à la double, ou encore les parties blastées furieuses de "Carrion Whispers", de "Deformation by Incision", et la deuxième partie ultra pesante de "Descent".
NADER SADEK ne joue pas exclusivement sur la brutalité intrinsèque de ses compositions, il ajoute également des passages plus aériens ("Carrion Whispers"), rehaussés d’arpèges, des rythmiques plus lourdes, notamment sur les breaks pachydermiques qui jalonnent cet EP, mais également des parties rampantes, proches du doom ("Descent"), ou des incartades « black-metal », mises en valeur par l’ajout de guitares dissonantes ("Carrion Whispers" et "Descent"), développant par la même occasion une ambiance glauque, poisseuse et funeste, enrobée d’une aura blasphématoire certaine.
Côté musicien, ça envoie sévère avec des guitares aussi tranchantes qu’une feuille de boucher. La basse est toujours ronde et vrombissante mais une mention spéciale est à décerner à Flo Mournier, batteur tentaculaire, alliant dextérité, rapidité et justesse, passant d’une cadence hystérique à des tempis plus saccadés ou lourds sans aucune faiblesse et, une double pédale faisant office de mitraillette, le tout exécuté avec une précision chirurgicale. Il est également important de mettre en lumière la performance de Travis Ryan, dont l’organe est aussi profond que son prédécesseur, mais le bougre possède une palette vocale plus élargie, donnant à l’ensemble une réelle valeur ajoutée.
Côté défaut ? Et bien si je suis tatillon, je dirai qu’autant de qualité sur un aussi petit format, fait naître une réelle frustration, on en veut encore plus. Espérons que les américains ne tarderont pas trop à nous livrer leur prochain full-lenght, car Chapter III : The Malefic risque d’être usé jusqu’à la moelle et ce, dans un laps de temps assez réduit.
Au final, NADER SADEK vient une nouvelle fois de frapper un grand coup. Aucun point faible n’est à déplorer sur ce EP, aboutit de bout en bout, reléguant loin derrière lui bon nombre de formations du style. Combinant habillement « death old-school » et moderne, développant aussi une ambiance austère et sombre, Chapter III : The Malefic va sans doute faire mouche à tous les coups.
Court mais intense !!!
Ma note: 8.5/10
