Death metal classe
A l'occasion du 21e anniversaire de son album-phare Covenant, Morbid Angel est revenu à Paris pour jouer le disque en entier et ensuite faire un résumé de son œuvre en piochant dans tous ses albums. Un pari réussi pour un groupe qui maintient son talent musical et une attitude scénique des plus classes. Les groupes bordelais Gorod et Ad Patres les accompagnaient dans leur quête destructrice.
Ad Patres
La soirée débute avec un groupe de death metal technique bien de chez nous, Ad Patres, qui continue de présenter son premier album, Scorn Aesthetics, sorti en 2012. Les Bordelais resteront pendant tout leur set concentré sur ce disque, sans chercher à présenter d'éventuelles nouvelles chansons inachevées ou des reprises improbables.
Le groupe est carré dans son set, mais aussi dans son attitude de scène. Ca joue bien, avec un son loin d'être catastrophique et les musiciens montrent bien qu'ils sont dedans. Le frontman Axel Doussaud, en plus d'avoir un growl bien senti, se montre très mobile et communicatif avec le public. Il n'hésite d'ailleurs pas à remercier l'organisation à l'occasion de cette dernière date de tournée en France avec Morbid Angel.
L'apéritif de ce plateau death metal est donc très bien passé, pour le groupe comme pour le public qui, s'il s'économise pour les deux groupes suivants, a fort bien réagi au set d'Ad Patres, qui a probablement emporté de nouveaux adeptes à sa musique ce soir.
Setlist :
The Lock
In Vivo
Emphasize Nihility
To the Fathers
Circles of Red
Scorn Aesthetics
Scars of Compromise
All That Remains
Gorod
Au tour d'un autre groupe bordelais d'occuper la scène du Trabendo, pour un set de 45 minutes cette fois-ci. Cela laisse au temps au groupe de présenter tous ses albums au public, de Neurotripsicks (à l'époque où le groupe s'appelait Gorgasm) au dernier en date, A Perfect Absolution. Le groupe réserve même à ses fans une petite surprise en avant-dernière position du set : une nouvelle chanson, "Celestial Nature", à paraître sur le prochain disque, prévu pour début 2015.
Avec Gorod, sur scène, c'est toujours la foire. Les musiciens talentueux n'oublient pas de mettre un peu de fun dans leur jeu de scène, notamment le bassiste Ben "Barby" Claus, qui bouge partout sur scène en fixant son instrument avec un sourire amoureux. Côté guitares, Mathieu Pascal et Nicolas Alberny se renvoient toujours la balle sans sourciller avec des riffs carrés et des solos techniques fort bien amenés.
Sur le devant de la scène, le sympathique Julien "Nutz" Deyres se montre aussi communicatif qu'en voix, avec des bons growls caverneux qui n'en finissent pas d'hérisser les poils des fans qui sont autant réactifs à son chant qu'à ses apostrophes courtes. Avec un temps imparti limité, il faut faire vite !
Une nouvelle réussite pour Gorod, qui prépare bien le terrain avant la sortie de son prochain album. Reste à savoir si cette sortie aura autant de succès que cette tournée française en compagnie de Morbid Angel, bientôt sur scène.
Setlist :
Here Die Your Gods
Diverted Logic
Harmony in Torture
Smoked Skulls
The Path
State of Secret
Birds of Sulphur
Celestial Nature
Disavow Your God
Morbid Angel
Après un dernier album en date très controversé, Morbid Angel a trouvé la formule pour remettre ses fans d'accord. C'est simple : jouer sur scène son plus grand succès commercial. Après avoir effectué une tournée américaine pour fêter les 20 ans de Covenant, voilà que les Floridiens débarquent en Europe pour brûler un nouveau cierge en l'honneur de cet album connu de tous les fans.
Force est de constater que la formule fait mouche. Les fans pogottent comme il se doit sur les nombreux classiques présentés. Si le mosh est constant, certains titres indémodables, comme "Angel of Disease" ou "Immortal Rites", font augmenter l'intensité des moshers, alors qu'un titre tel que "Curse the Flesh" a tendance à faire retomber quelque peu l'ambiance.
Car oui, Morbid Angel joue Covenant en entier, mais prend aussi le pari de présenter chacun de ses albums lors de cette tournée. On retrouve donc les trois albums avec Steve Tucker, avec un "Bil Ur-Sag" qui ravira les fans, ainsi qu'un titre issu d'Illud Divinum Insanus, "Existo Vulgoré", qui en fera bouger plus d'un malgré la mauvaise réputation de ce dernier disque en date. Mais le groupe pense à faire partir ses fans avec le sourire en finissant avec deux standards imparables : "Immortal Rites" et "Fall from Grace".
Mais les Américains ne sont pas bons que sur le papier. Avec un line-up qui n'en a pas fini de tourner depuis la sortie de son dernier album, les musiciens sont tout à fait ensemble et maîtrisent tout à fait leur sujet, avec Trey Azagthoth le bruitiste et Destructhor le mélodieux aux guitares, Tim Yeung qui remplace Pete Sandoval à l'aise, en s'amusant même à jongler avec ses baguettes sur "Ageless, Still I Am".
Mais Morbid Angel captive également grâce à son frontman David Vincent et sa dégaine de black metalleux. Toujours aussi en voix, le chanteur pose un growl tantôt agressif, tantôt inquiétant, pour rendre au mieux les ambiances malsaines et chaotiques de la musique présentée. Comme son homonyme Franky, il montre également une certaine sympathie pour le public féminin en demandant à un fan de faire descendre la fille qui se trouve sur ses épaules avant "Where the Slime Live", sur laquelle le chanteur prévoit un gros mosh.
Morbid Angel n'a rien perdu de son talent sur scène et a montré que, plus de 20 ans après, il était capable d'envoyer la purée et de faire parfaitement bien rendre ses anciens titres comme les nouveaux, sans fioritures scéniques ou d'effets inutiles. Malgré les controverses, Morbid Angel garde une maîtrise totale de son œuvre et remporte toujours l'approbation de son public en live.
Setlist :
Rapture
Pain Divine
World of Shit (The Promised Land)
Vengeance Is Mine
The Lion's Den
Blood on My Hands
Angel of Disease
Sworn to the Black
Nar Mattaru [sur bande]
God of Emptiness
Where the Slime Live
Bil Ur-Sag
Ageless, Still I Am
Curse the Flesh
Existo Vulgoré
Immortal Rites
Fall from Grace
Photos: Arnaud Dionisio / © 2014
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