Year of the Goat se taille une popularité à grands coups de dents. Après un passage remarqué dans l'Hexagone à l'occasion du Hellfest, la formation suédoise signe un contrat avec la réputée maison de disque Napalm Records. Naît de cette première collaboration un nouvel EP au compteur des Scandinaves, histoire de faire patienter les amateurs de heavy occulte en attendant le prochain disque des six musiciens.
Pour les adeptes du groupe, les retrouvailles se font en terrain connu. Pratiquant un style aux sonorités occultes et rétro, le tout recouvert d'une bonne dose de rock tiré droit des années soixante et soixante-dix, le combo nordique cherche avant tout au travers de ces trois morceaux à offrir une sympathique mise en bouche à leurs fans. Toujours est-il que les musiciens s'amusent à brouiller les pistes en proposant une saveur différente pour chaque plat, rendant la dégustation d'autant plus savoureuse que le palais découvre ainsi diverses sensations. Bien que la base reste identique sur tous les mets, les diverses fioritures appliquées de ça et de là permettent d'en avoir pour tous les goûts et de varier les plaisirs. Ainsi, que ce soit via la présence d'un orgue dominant les débats (« Non-Euclidean Calculus »), un soin tout particulier apporté aux ambiances énigmatiques à souhait (« Mystic Mountains », « Non-Euclidean Calculus ») ou une volonté de se faire résolument accrocheur (« The Key and the Gate »), Year of the Goat se veut être un chef capable de rassasier selon les envies.
Pas d'indigestion à craindre côté composition, tout est en place, exécuté par des musiciens précis. Ce souci du détail est omniprésent, à travers une toile de fond exacerbant les atmosphères occultes du combo (« Mystic Mountains ») ou des solos bien pensés (« The Key and the Gate », « Mystic Mountains »). Si l'ombre du maître The Devil's Blood plane bien souvent au-dessus de ces messes noires, les Suédois troquent généralement les atours psychédéliques par une efficacité à toute épreuve. Que ce soit via les lignes de chant fluides et soigneusement interprétées de Thomas Eriksson ou des refrains poignants et entraînants, le groupe parvient à atteindre son but sans le moindre mal. Deux défauts émergent cependant de l'ensemble : la très courte durée de l’œuvre donne l'irrémédiable envie d'en entendre davantage, et, surtout, la conclusion instrumentale « Non-Euclidean Calculus » traîne en longueur, lassant sur la durée et donnant un goût amer au final.
En dépit de ces rares points négatifs, The Key and the Gate se montre plaisant. En supposant que l'objectif initial de la formation était de calmer les ardeurs des plus impatients avec cet apéritif, force est de constater que ce but est loin d'être atteint. En revanche, cet EP ouvre l'appétit et promet le meilleur quant à la suite des événements, attendue de pied ferme à présent.