Qu’il est bon d’être un métalleux à Paris en ce mois de novembre 2014. En effet, pléthore de concerts ont été organisés dans la capitale pour les fans de death, entre Opeth, Morbid Angel ou encore Ulcerate. Peut être est-ce la raison pour laquelle le Glaz’art semblera bien vide ce soir pour le concert des Néo-zélandais. Encore sous le coup de leur prestation au Hellfest, nous rejoignons la salle pour une bonne dose de death, puisque ce sont pas moins de cinq groupes qui se succèdent sur la scène du Glaz’art ce soir. Si toutes les formations ne sont pas encore très connues chez nous, la soirée aura néanmoins permis de bien belles découvertes.
Départe
C’est Départe qui ouvre le bal, avec sa musique atypique, très fortement influencée par Ulcerate ou Gorguts. Les musiciens proposent un death alambiqué avec de fortes touches ambiantes. La salle est bien loin d’être remplie lorsque débute la prestation des Australiens, mais les musiciens sont tous concentrés et semblent hypnotisés par leur propre musique, à l’image du chanteur Sam Dishington qui paraît totalement absorbé par son art. Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à glisser des harmonies vocales en chant clair, avec parcimonie, pour un effet très réussi. N’ayant sorti qu’une démo jusqu’à présent, la petite demi heure allouée au groupe passe très vite, d’autant plus que le côté torturé et hypnotique de leur musique nous a rapidement convaincu.
Si la musique du combo ne semble pas facilement accessible au premier abord, Départe a su proposer un set court mais intense. On regrettera néanmoins le manque de communication de la part du groupe, peut être frustré de ne pas jouer devant plus de monde, mais qui a constitué une excellente mise en bouche à cette soirée. On espère entendre parler à nouveau de ce groupe dans les mois à venir.
Gigan
C’est au tour des Américains de Gigan de monter sur scène après une courte pause. Officiant depuis 2006, ils en sont à leur troisième album, sorti l’année dernière, et joue un death metal technique bien différent de celui de Départe ou d’Ulcerate. Erik Hersemann, le guitariste gaucher ayant officié quelques temps chez Hate Eternal, envoie des riffs bien techniques et brutaux qui malheureusement ne défouleront pas l’auditoire, par ailleurs toujours très restreint.
De son côté Nate Cotton (batterie) blaste à tout va et se démène comme un beau diable tout au long du set, mais le point faible de la prestation revient peut être à Eston Browne (chant) qui semble peu impliqué, passant le plus clair de son temps penché sur le retour, le visage caché derrière sa longue chevelure. Son growl, certes puissant, manque peut être de personnalité pour atteindre un public qui attend poliment la fin du set. De plus, le son n’est pas à la hauteur du groupe, puisque la batterie empiète sur le reste. Au final, Gigan délivre une prestation classique mais qui ne met pas en avant toutes les qualités du combo. A revoir dans de meilleures conditions.
Solace Of Requiem
Après être passé dans cette même salle il y a trois ans en compagnie de Prostitute Disfigurement, Solace of Requiem monte sur scène pour défendre son tout nouvel album Casting Ruin, sorti au cours de l’été dernier. Les américains délivrent un set d’une durée d’environ trois quarts d’heure, envoyant un death technique, certes un peu classique, mais plutôt bien fait. Jeff Sumrell (chant, basse), le leader du groupe, passe d’un growl profond à un chant hurlé avec aisance, tandis que ses compères envoient la purée.
Encore une fois le public est toujours un peu passif, se réservant pour le concert de la tête d’affiche. Il faut dire qu’enchainer cinq groupes en une soirée peut s’avérer long, mais l’on constate que les Américains n’en ont cure et continuent de se déchainer. Comme pour leurs compatriotes de Gigan, la communication avec le public est mise à mal mais le niveau technique des musiciens suffirait presque à les excuser. C’est un set solide et carré qu’a assuré Solace of Requiem et il nous tarde de les retrouver sur scène dans un futur proche.
Wormed
Visiblement très attendu par une partie du public, les Espagnols de Wormed présentent ce soir un brutal death sans concession, fortement influencé par la science-fiction. N’ayant que deux albums à leur actif, dont le dernier Exodromos est sorti l’année dernière, le groupe met logiquement l’accent sur celui-ci. Les musiciens sont complètement impliqués dans leur musique, à l’image des membres fondateurs Guillemoth (basse) et Phlegeton (chant) qui headbanguent comme si leurs vies en dépendaient. Le chant guttural du leader est très bien mixé, donnant l’impression d’un bulldozer détruisant tout sur son passage.
Les extraits du dernier album passent très bien le cap de la scène, à l’image de "Tautochrone". Ainsi, si la musique proposée ce soir par Wormed est bien plus directe que celle de la tête d’affiche, le public a apprécié et nul doute que les Espagnols ont glané des points bien mérités à l’issue du set.
Ulcerate
Alors que Vermis, le dernier album des Néo-Zélandais est sorti il y a tout juste un an, nombreux sont ceux qui ont pris une sacrée claque lors de la prestation d’Ulcerate au Hellfest. La musique du groupe, très influencée par des formations telles que Gorguts met l’accent sur les ambiances et la dissonance pour un effet plus que réussi. Le trio met en avant Vermis, à l’image des titres "Await Rescission" ou "Weight of Emptiness", qui sont tous deux appelés à devenir des futurs classiques du groupe. Mais Ulcerate n’oublie cependant pas ses fans les plus anciens avec "Everything is fire" de l’album du même nom.
Paul Kelland (chant, basse) est comme d’habitude impérial, même si son chant est légèrement sous mixé, renforçant le côté oppressant de la musique du groupe. Michael Hoggard (guitare), de son côté, ne relève que rarement la tête, étant concentré sur les mélodies sombres et déroutantes des compositions. Il n’y a pas de doute, lorsque l’on écoute des titres tels que "Dead Oceans", on se dit que ce groupe est presque un pionnier dans le genre, n’hésitant pas à expérimenter pour entraîner l’auditeur dans un univers dont eux seuls ont le secret. Jamie Saint-Merat le batteur et leader du groupe envoie ses patterns avec facilité, n’ayant que faire des cassures rythmiques chères au combo. Forcément, une telle musique n’est pas faite pour déchaîner les foules et comme durant toute la soirée le public reste attentif, presque en contemplation devant cette musique qui se dévoile petit à petit. Ulcerate prouve tout au long du set que son death metal complexe et atypique est le résultat d’un groupe soudé, proposant une musique très personnelle, dont la violence rime avec la beauté des thèmes. Après un "Clutching Revulsion" en guise de rappel le groupe s’en va et c’est avec une légère pointe d’amertume devant ce set décidemment trop court que nous quittons la salle.
Au final, la soirée aura été excellente, dommage cependant que le public n’ait pas répondu plus présent pour cette affiche qui a révélé son lot de surprises et de belles découvertes. On espère désormais revoir Ulcerate rapidement, devant un parterre de fans beaucoup plus fournis, cela serait amplement mérité.
Setlist Ulcerate :
Await Rescission
Soullessness Embraced
Cold Becoming
Weight of Emptiness
The Imperious Weak
Dead Oceans
Everything is Fire
Clutching Revulsion
Merci à Garmonbozia
Photographies : Yohann Kochel
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