En 2011, Beyond Creation, nouveau venu sur la scène death metal québécoise, sortait The Aura, un album de death metal technique qui avait surpris beaucoup de monde à l’époque. Trois ans après, le successeur de The Aura, Earthborn Evolution arrive. Comment faire lorsque l’on a sorti un album désormais culte, en guise de première offrande, pour se surpasser ? Et bien la réponse est dans le titre du second album, on évolue. En effet, les Québécois semblent ici faire un grand pas avec cet album. Beaucoup plus mélodique que son prédécesseur, toujours aussi technique, Beyond Creation a semble-t-il délaissé l’agressivité pour œuvrer dans un death fortement influencé par Obscura.
Musicalement et techniquement parlant, il n’y a rien à redire, c’est toujours aussi parfaitement exécuté. Les amateurs de sensations fortes seront aux anges avec les montagnes russes que leur procureront les cavalcades et escalades de manche de guitare. Sweeping, tapping, tout y passe. Les thèmes sont d’ailleurs très accrocheurs et – chose rare pour du death technique – parfaitement mémorisables, et ce dès le premier titre « Elusive Reverence ». Simon Girard, l’unique compositeur des morceaux du groupe (et également guitariste et vocaliste de la formation), a réussi un sacré pari en écrivant des titres sachant allier technique et mélodies accrocheuses.
Beaucoup plus orienté progressif que The Aura, l’album contient de très bons passages instrumentaux (l’introduction du morceau éponyme « Earthborn Evolution » ravira les bassistes) flirtant parfois vers Gordian Knot ou Cynic période Focus, avec ses parties jazzy. A ce sujet, l’instrumental « Abstrait Dialog » rappelle fortement « Texture », l’instrumental présent sur le premier album de Cynic. Dominic Lapointe, également bassiste chez Augury, est d’ailleurs l’homme fort de cet album avec des parties de basse fretless tout simplement bluffantes, rappelant Pestifer. D’ailleurs le groupe sait également se faire groovy par moment, rappelant nos compatriotes de Gorod. Les passages jazz sont très bien interprétés (« sous la sueur de l’empereur ») et des parties atmosphériques viennent aérer l’ensemble rendant les compositions moins hermétiques que sur le premier opus. Dans l’ensemble, la vitesse d’exécution est également ralentie puisque les morceaux sont majoritairement en mid-tempo (bien que la batterie soit très souvent en double pédale, comme sur « l’Exorde »), à l’image du final de « Sous la sueur de l’empereur », de « Neurotical Transmissions » ou du solo de « The Axiom », par ailleurs très épuré.
Malgré toutes ses qualités, cet album manque tout de même d’agressivité et le virage stylistique opéré avec Earthborn Evolution peut décevoir les fans de la première heure. D’autre part, il est dommage que le groupe ait choisi de doubler presque systématiquement les parties de chant sur les refrains (chant hurlé et growl) comme sur "Elusive Reverence" et ce dans le but d’épaissir le son. Il en ressort une sensation de déjà vu sur l’ensemble des parties vocales de l’album. Dans l’ensemble, cet album est bon, mais ce sont de petits détails qui font qu’il ne se hisse cependant pas à la hauteur de The Aura. Le désir d’évolution de la part du groupe est louable, mais il est d’autant plus dommage que cette évolution tend vers un style qui est aujourd’hui très à la mode (Obscura, Exivious et tant d’autres), le death progressif, au risque de perdre un peu de son identité. Il est ainsi décevant de retrouver tous les codes inhérents au genre death progressif sans avoir ce petit quelque chose qui rendrait le tout unique. Enfin, la production de l’album est également très bonne, mais donne l’impression d’être presque trop propre. Un son un peu moins aseptisé aurait également rendu hommage aux qualités des morceaux.
Malgré tout, l’album est de qualité, les mélodies constituant un point fort de cette galette. Il est d’ailleurs certain que les morceaux de Earthborn Evolution feront des heureux en live et les apprentis musiciens fans de shred prendront à coup sûr une très bonne claque à l’écoute des riffs d’une technicité sans faille.
Rendez vous dans le pit pour en juger.
Note : 7,5/10
Photographies promotionnelles : DR