Les Anglais de Pythia sont de retour en cette année 2014 avec un nouvel album, Shadows of a Broken Past. Celui-ci succède à The Serpent’s Curse qui avait reçu de bonnes critiques malgré le relatif anonymat du groupe. Qu’en est-il de son successeur ? Premiers éléments de réponse au travers de cette chronique.
Evoluer dans le milieu du Metal Symphonique / Gothic Metal ferme un assez grand nombre de portes et d’oreilles auprès des auditeurs, tant ce genre à son public mais aussi de fervents détracteurs. Il est aussi difficile d’évoluer dans l’ombre de groupes reconnus et établis sur qui les critiques se basent plus facilement. Pythia n’y échappe pas mais, sans rien renouveler, arrive à nous proposer une recette qui a fait ses preuves. Il est maintenant temps de passer à l’étape supérieure pour s’extraire du carcan des groupes de « seconde zone ».
"The King’s Ruin" lance cet opus de la plus belle des manières et nous expose directement à ce qui fait la musique de Pythia. Prenez une bonne dose de Metal Symphonique, ajoutez-y quelques éléments gothiques, un soupçon de power et vous avez la recette pour les 10 chansons à venir. De même, alors que son prédécesseur se concentrait principalement sur les capacités vocales d’Emily Ovenden, Shadows of a Broken Past laisse une place plus grande aux autres musiciens. Les nouveaux arrivants, Oz Wright (lead guitare) et Marcus Matusiak (claviers, synthétiseurs) s’en donnent à cœur joie et se taillent la part du lion. Le premier avec des solis assez inspirés notamment sur "Sword of Destiny" ou encore "Yellow Rose" (et ses aspects à la Epica) sans trop en faire mais en démontrant sa technicité. Le second est à l’honneur sur la piste la plus réussie et la plus intéressante de ce disque, "The Highwayman". Positionnée au milieu de l’album, elle rappelle instantanément l’ambiance du Nightwish de la période Oceanborn - sans atteindre la grandeur des Finlandais – et c’est d’ailleurs une des constantes de cette livraison.
La voix d’Emily Ovenden est l’élément qui fait basculer Pythia dans le carcan des groupes à suivre dans le futur. Elle est juste, amène des émotions sans trop en faire, et possède un grain de voix reconnaissable même si parfois l’impression d’entendre Tarja Turunen est perturbante. Elle arrive même à quasiment sauver les morceaux les plus faibles de ce Shadows of a Broken Past, "Bring Me Home" et "Your Eternity".
La basse de Mark Harrington se fait discrète tout au long de l’album, le mixage ne l’aidant pas. Par contre, Marc Dyos – son compatriote à la batterie – est lui bien présent et bien audible. Des parties techniques aux parties massives, il navigue sur son propre bateau tout du long de cette aventure et c’est un plaisir à entendre.
Shadows of a Broken Past s’écoute comme un seul grand morceau de cinquante-quatre minutes, plongeant l’auditeur dans un voyage épique, rempli d’aventures. Si vous aimez Nightwish, Sonata Arctica et/ou Blind Guardian, cet album va vous plaire, parce qu’il mélange avec efficacité et intelligence les influences digérées de Pythia. Tout ne relève pas du génie mais les bonnes idées sont nombreuses et offrent une belle surprise à l’auditeur attentif.