La France regorge encore et toujours de moult groupes de Metal en tout genre, capables de proposer de bien belles choses. C'est le cas de Benighted Soul. Ce combo a su, lors de son précédent album, s'imposer sur la scène nationale et même sortir de nos frontières lors de leur tournée avec Tarja et de leur scène au MFVF. Et c'est finalement le 27 Octobre qu'ils sont revenus avec Kenotic, leur seconde livraison, s'ancrant encore plus dans les domaines progressifs et symphoniques.
Quand Benighted Soul parle de Kenotic, ils en disent ceci : « Kenotic vient du verbe grec kénoô (κενÏŒω), qui signifie « vider », « dépouiller » et qui a également donné la notion théologique de « Kénose » : le fait que Dieu se dépouille de certains attributs de sa divinité pour se faire homme, « le divin dépossédé de lui-même » en quelque sorte. Mais cet album ne parle pas de foi. Il parle des mythes et des religions qui nous ont guidés à travers les âges. Les écrits des religions modernes, comme les anciens mythes, cherchent tous à répondre aux mêmes questionnements, universels, communs à tous les peuples, à tous les hommes et dessinent invariablement la même histoire sous des écritures différentes. Chaque étape, chaque chapitre de cette grande histoire a été mis en musique pour créer Kenotic. »
Quand Amaurea parle de Kenotic, elle en dit cela : ce qui vient de lui tomber dans l'ouïe est une énorme surprise. Benighted Soul assène littéralement une grosse baffe tant par sa diversité et sa richesse que par sa simplicité. Car oui, cet album sait arborer des mélodies complexes et recherchées, sans que l’écoute ne soit pesante ou pompeuse. Une symbiose parfaite entre les éléments symphoniques et progressifs, pour faire simple. L’ensemble est surtout axé sur les ambiances, notamment avec le titre d’entrée « Halcyon Days » qui, dans la durée lui étant impartie, apportera plusieurs atmosphères différentes. Si le début a une structure assez classique, le groupe inclura des sonorités symphoniques, au bord de l’épique. Le second refrain passé, on passe sur un break de guitare, on change de riff, et un pont un peu plus oppressant prend place pour revenir sur l'amorce épique. La conclusion, elle, retombe dans la douceur. Tout cela en quelques minutes. Voilà la force que l'on trouve dans cette formation : ils nous baladent d’un univers à un autre et parviennent à y arriver avec brio en très peu de temps.
Bien entendu, il ne s'agit que d'un seul titre. Mais ce goût pour nous promener avec aisance est un peu l’état d'esprit général qui règne dans l'ensemble du disque. Exemple, la piste « Si Se Non Noverit » et une mention spéciale à son intro entre death et thrash qui découlera avec un naturel déconcertant sur un couplet plutôt posé, apportant une ambiance angoissante, une partie instrumentale qu’on peut percevoir comme un jeu de question / réponse entre riff lourd et thrash et des riffs bien plus épiques et symphoniques. Dans un registre obscur et inquiétant, « Threshold Exceeded » en rajoute une couche. Chœurs en toile de fond, chants menaçants sur les couplets puis agressifs sur le refrain, le tout saupoudré de touches électroniques, une recette adéquate pour laisser planer une ambiance glauque sur toute la durée du morceau. Des touches de lumière viennent apporter des éclaircies dans ce ciel noir, à l'instar de l'instrumentale « Enlightenment », qui porte judicieusement son nom. Un peu de calme dans la tempête permet d'aérer l'esprit d'un auditeur qui sentait les sentiments les plus négatifs lui monter à l'esprit.
Jusqu’ici, aucune évocation sur le niveau vocal de Géraldine. Ce n’est pas sans raison. Quand on vous dit qu’ils sont vraiment bons dans ce groupe, ça inclut aussi la chanteuse. Cette damoiselle assure avec brio ses parties vocales, oscillant toujours à travers cette douceur et une puissance qu’on aimerait voir bien plus souvent, comme sur « The Shallow and the Deep ». La frontwoman met toujours sa versatilité au service des compositions, fonctionnant comme un engrenage dans ce mécanisme qu'est Kenotic en appuyant les ambiances voulues par Benighted Soul, et apportant beaucoup d'émotions lors des accalmies. Les lignes de chant plus posées de « Only Make-Believe » ou « One Last Harvest » en sont une preuve indéniable. La voix féminine est secondée par le chant masculin hargneux de Djang, qui s'harmonise parfaitement au chant de sa compère. Les deux voix ne sont jamais mises à mal, parvenant à sublimer le propos lors de leurs diverses interventions. Un duo indéniablement gagnant, duquel les Français auraient du mal à se passer.
Les morceaux sont, en général, plutôt longs, metal progressif oblige. Mais cette durée conséquente est utilisée à bon escient par les cinq musiciens qui s'approprient chaque minute afin de développer encore et encore les atmosphères diverses présentes sur l'offrande, donnant vie à une œuvre aux multiples facettes. Pourtant, quand les Nancéiens s'amusent à écrire des titres plus courts et directs, la réussite est encore de mise. L'efficacité de « Too Far Gone » et « Martingale » emporte l'adhésion, et ces pistes seraient des singles idéaux afin de promouvoir le disque.
Kenotic est un opus travaillé, où les Français de Benighted Soul ont abattus un travail de titan. Ce dur labeur se ressent mais n'entrave jamais la spontanéité d'un album qui réjouit l'auditeur, et ce qu'importe les tournures prises par le groupe. On attend la suite avec beaucoup d'impatience, mais, surtout, chers musiciens, prenez tout le temps qu'il vous faut : si le résultat est à la hauteur de ce disque, alors nul doute que les amateurs du genre atteindront le paradis.
Tracklist
1. Halcyon Days
2. Too Far Gone
3. Si Se Non Noverit
4. Only Make-Believe
5. Martingale
6. Pent-Up
7. Enlightenment
8. The Shallow and the Deep
9. Let You Win
10. Threshold Exceeded
11. Bound
12. One Last Harvest
8.5/10