Morgan, guitariste de Marduk


Cet album, on peut dire qu’on l’attendait de pied ferme. Depuis Panzer Division Marduk on n’avait pas ressenti autant de puissance sur un album des Suédois. On avait entraperçu cette violence guerrière avec le EP Iron Dawn mais depuis on avait eu un Serpent Sermon moins convaincant. C’est donc le leader Morgan (guitares), sûr de l’impact que va procurer ce nouvel album Frontschwein sur ses légions au travers du Monde qui nous en parle le mieux… mettez-vous aux abris ça va exploser tout autour de vous !

Lionel / Born 666 : Tout d’abord comment s’est déroulée votre tournée pour célébrer Panzer Division Marduk et Those of the Unlight l’année dernière?

Morgan : Ça c’est super bien passé, on venait juste de terminer la tournée pour la sortie de l’album Serpent Sermon. On a fait 170 shows et ensuite on est rentré à la maison pour travailler sur le nouvel album. Ensuite on a testé en festival les morceaux de Panzer Division Marduk et on nous a proposé d’en faire une nouvelle tournée. On s’est dit « pourquoi ne pas en faire une tournée pour célébrer cet album qui date de 1999 ? ». L’album a maintenant 14, 15 ans mais possède toujours cette intensité et on a trouvé que c’était une bonne idée de partir sur les routes pour le jouer ainsi que les titres de l’album Those of the Unlight pour compléter la setlist sur scène. Comme ce sont deux albums majeurs pour Marduk, on a vraiment apprécié de jouer les morceaux de ces deux albums en Europe. Les fans en ont été ravis, mais nous aussi.
 

Marduk


Lionel : Donc, peut-on dire que cette tournée ait influencé les thèmes que l’on retrouve sur votre nouvel album Frontschwein ?

Morgan : Un petit peu, mais à partir du moment où nous avions terminé Serpent Sermon on savait déjà que le successeur aurait pour thème celui de la Deuxième Guerre Mondiale. Tout cela vient du fait qu’on a grandit avec tous ces albums, bon ensuite on a tourné et l’influence a tout de même eu lieue, ça nous a un peu aidé.

Lionel : Où l’avez-vous enregistré ?

Morgan : Toujours au même endroit, c'est-à-dire au Endarker Studio dans notre propre ville. On y enregistre tous nos albums, il appartient à notre bassiste « Devo » (Magnus Andersson). On a travaillé avec l’aide de personne de l’extérieur, on n’a pas besoin de producteur. On n’a besoin de personne ! On fait notre musique, on écrit nos textes et on a seulement besoin de chaque musicien du groupe pour réaliser un album.

Lionel : Donc vous n’avez rien changé dans votre méthode de travail ?

Morgan : Oui et c’est pour cela qu’on aime travailler chez nous. On peut y travailler 4 jours d’affilé pendant 20 heures par jours pour ensuite rentrer chez soi et se reposer, reprendre des forces et retourner quand on a envie. On bosse des heures à fond dans notre studio quand on le sent bien.

Lionel : C’est marrant. Cet album on le pressentait à l’époque de la sortie de l’EP Iron Dawn. Tout le monde (journalistes et fans) pensait que vous alliez sortir un album dans la même veine que Panzer Division et Serpent Sermon est sorti.

Morgan : Oui mais comme je travaille toujours sur des idées, j’avais déjà composé de nombreux morceaux relatant de la Deuxième Guerre Mondiale. Pour moi écrire des paroles sur ce sujet c’est naturel, ça sort comme ça. C’est pour cela qu’une fois les morceaux de Serpent Sermon achevés, on a ressenti l’envie d’écrire de nouvelles compositions sur la Deuxième Guerre Mondiale.
 

Marduk


Lionel : Donc vous aviez en tête de sortir Frontschwein il y a deux ans ?

Morgan : Oui, oui, bien sûr ! On anticipe toujours sur l’avenir, dès qu’on termine un album on sait déjà vers quoi on va aller. On a une vision de comment le prochain album va sonner. On travaille ainsi depuis toujours en sachant ce qu’on va faire pour le prochain album une fois le précédent terminé. On sait déjà comment le prochain va sonner.

Lionel : Sur la pochette on distingue un soldat allemand avec ses grenades. Penses-tu que cela va entrainer encore une polémique ?

Morgan : Je ne pense pas. Je ne vois pas pourquoi cela entraînerai une controverse. Pour moi, c’est simplement un soldat parmi tant d’autre. Si tu lis nos textes tu verras que l’on parle de la guerre, de la Deuxième Guerre Mondiale. Ce sont des faits historiques. Je ne réécris pas l’histoire, j’écris la bande-son de ce moment de l’histoire. Les gens qui cherchent les problèmes cherchent toujours la « merde ». Mais nous on en a que faire de leur merde ! On fait ce qu’on veut et surtout pas que ces personnes dictent ce qu’on doit faire.
 

Marduk


Lionel : Pendant cet album on voyage au travers des batailles de la Deuxième Guerre Mondiale.

Morgan : Je devais probablement avoir 6 modules et on devait savoir si tout pouvait bien s’imbriquer. On n’avait pas comme but de relater tous les faits qui se sont produits pendant cette guerre. On avait de nombreux sujets comme la guerre ou l’occupation, donc on pouvait proposer des angles différents. Plein de choses différentes, l’occupation ou d’autres trucs qui se sont passés à cette époque… donc on a fait des recherches comme pour la bataille de Falaise qui s’est déroulée en France, une des batailles les plus intenses et sanglantes de la Seconde Guerre Mondiale. De grosses tensions entre les Anglais et les Américains entrainent des erreurs stratégiques des Alliés et permettent à 100 000 Allemands de prendre la fuite. Ils les  retrouveront plus tard dans les Ardennes. Et les gens ne pensent pas à ça ! Ensuite il y a l’épisode de l’Afrique avec les Afrika Korps de Rommel et les difficultés des Anglais dans le désert. La Russie aussi avec le Front de l’Est, l’occupation de la Pologne…pleins de sujets relatant la Deuxième Guerre Mondiale.

Lionel : En faisant un petit détour par Iron Dawn on entend la voix d’une femme. Est-ce Marlen Dietrich?

Morgan : Non pas du tout, tu dois faire d’autres recherches mais ce n’est pas elle…

Lionel : Si on se concentre maintenant sur les musiciens qui se cachent derrière Marduk. Est-ce que les livres, la peinture, l’art en général vous inspirent énormément ?

Morgan : Absolument, pour moi en particulier qui travaille maintenant dans la musique depuis si longtemps maintenant. Je n’ai pas été influencé par les autres groupes qui existaient déjà, non plus par les films, mais plutôt par les livres et plus particulièrement par les livres documentaires. D’autres peintres aussi ont gravé dans mon esprit des histoires, donc je suis inspiré par de nombreuses choses différentes…

Lionel : Tu aimes d’ailleurs beaucoup Albrecht Dürer (né le 21 mai 1471 à Nuremberg, il est peintre, graveur, théoricien de l'art et de la géométrie allemand.)…

Morgan : Bien sûr je l’adore, c’est une grande inspiration pour Marduk. Tous les concepts qu’il a écrit ont été de grandes sources d’inspiration pendant toutes ces années pour écrire de la musique.

Lionel : Si tu n’avais pas été musiciens, peut-être que tu aurais été toi aussi un peintre ?

Morgan : Tu sais si tu voyais les merdes que je dessine et tu peux me croire, je ne serai pas devenu peintre (rire)… j’aurai surement travaillé dans le milieu artistique mais je ne sais pas franchement ce que j’aurais fait…peut-être écrivain.

Lionel : Je me souviens que Marduk avait été interdit de jouer à Minsk (Biélorussie) pour « affront aux valeurs du christianisme », maintenant il y a un « Warschau III » (en bonus) retraçant des moments sombres de l'histoire de la Pologne…

Morgan : Tu sais on joue toujours en Pologne. Les Polonais apprécient que l’on parle de leur histoire. Même si on écrit sur des parties très sombres de leur histoire. C’est un pays où Marduk possède un grand nombre de fans. C’est un pays où l’on apprécie de tourner, on a toujours été en connexion avec ce pays depuis le début. Tu sais beaucoup de mes bons amis sont Polonais. Et puis ils savent pourquoi on écrit sur leur histoire…
 

Marduk


Lionel : Maintenant j’aimerai que l’on parle de la scène Black Metal et des fans de votre musique. Tout d’abord, j’aimerai savoir ce que tu dirais à un jeune groupe de black Metal qui débuterai maintenant ?

Morgan : Tout d’abord, soyez vraiment vous-même, soyez forts ! Faites ce qui vous semble bon sans trop écouter les conseils des autres. Suivez vos instincts ! Tracez votre route et n’écoutez pas les conseils des autres.

Lionel : Et ensuite comment doivent-ils faire pour rester un groupe respecté comme Marduk ?

Morgan : Le respect n’est pas une chose que tu reçois comme ça ; le respect, tu l’obtiens lorsque tu fais ce en quoi tu crois. Tu fais quelque chose d’unique, croire en la puissance que tu dégages. Faire de la scène, d’excellents concerts. Respecter ce que tu veux faire, peu importe qui tu es mais d’abord croire en toi. Cela ne vient pas en une nuit, il faut être persévérant pour être respecté.

Lionel : Lorsque vous êtes en tournée, vous gardez toujours une certaine distance avec les fans. Comment avez-vous fait pendant le festival 70 000 tons of Metal (2011) sachant que cela se produisait sur un bateau (rire) ?

Morgan : Tu sais, je ne suis pas un amateur du fait d’être 4 jours sur l’eau dans un bateau. Ce n’est pas « My cup of Tea ! ». En revanche je trouvais cela sympa de pouvoir faire deux sets par jour. J’ai tout de même passé de bons moments en écoutant certains groupes jouer. Sachant que ce n’était pas mon genre de truc, j’aimais pouvoir jouer deux sets complètements différents dans la même journée pour les fans. Bon et puis pour moi, je préfère être sur des tournées normales.

Lionel : Oui j’imagine. Mais ce sont des fans avec un certains pouvoir d’achat…

Morgan : Oui, bien sûr mais c’est aussi pour eux la possibilité de prendre des vacances en écoutant de la bonne musique. Ce sont aussi des fanatiques qui aiment prendre du bon temps et avoir la possibilité de voir de nombreux groupes par jour. Mais pour moi, je préfère l’ambiance des tournées.

Lionel : Et personnellement que penses-tu des fans qui se font tatouage du logo de Marduk sur leur peau ?

Morgan : Pour moi, c’est fantastique. Tu montres ta loyauté envers le groupe que tu aimes. Ça nous rend plus fort dans ce qu’on entreprend. Bien sûr certaines personnes peuvent avoir des problèmes avec mais pour nous c’est énorme de sentir que ces personnes soient derrière nous. C’est un fabuleux acte de loyauté envers nous !
 

Marduk


Lionel : Donc tu peux comprendre que certains des morceaux de Marduk ont pu changer la vie de certaines personnes ?

Morgan : Oui et c’est ce qui nous donne toujours cette envie de faire de la musque. Certaines personnes voient cette lumière brillante dans notre musique et nos paroles et pour moi c’est fantastique de voir l’impact de certaines chansons sur leur vie.

Lionel : Et quel serait votre show ultime avant la fin du Monde ?

Morgan : Pour moi je m’en fous. Qu’il y ait 100, 1000 ou 10 000 spectateurs, je m’en fiche. Ce qui m’importe c’est la connexion, l’échange que l’on a avec la foule. Tu sais parfois on a eu le meilleur feeling possible avec 50 mecs dans la salle. Pour moi, l’ultime show c’est quand tu atteins un certain niveau concernant ton esprit et que tout se passe merveilleusement bien. Et cette impression on l’a souvent pendant nos concert et ce dans de nombreux pays à travers le monde. Et Marduk essaye toujours de repousser les limites.

Lionel : C’et vrai car je me souviens de votre show l’année dernière à Paris (9 décembre 2013) et c’était tellement intense qu’on a eu du mal à s’en remettre…

Morgan : Paris est toujours un endroit extraordinaire pour se produire. On aime y revenir le plus souvent possible car on a une vraie connexion avec le public. Je me souviens même de notre première tournée, tu sais, la foule complètement dingue dans une petite salle nommée le Gibus. C’est le souvenir le plus énorme que je garde de cette première tournée.

Lionel : Pour la prochaine tournée vous allez peut-être enchaîner Panzer Division suivi de Iron Dawn et Frontschwein

Morgan : On ne sait jamais…

Lionel : Vous repartez sur les routes bientôt ?

Morgan : Oui et ce dès le début de l’année, on va commencer en Janvier par l’Australie, la Nouvelle Zélande pour ensuite aller au Japon. Ensuite on va passer en Europe pour être tête d’affiche sur de grosses dates de mi-février à mi-mars pour faire dans les 28 concerts. Bien sûr on passera par la France (Marduk jouera au Divan du Monde le 27 Février 2015) pour ensuite faire certains festivals. Cela représentera entre 40 et 45 concerts en Europe puis on partira pour l’Amérique du Sud. Donc on va être très occupé jusqu’en Mai suivi juste après par de nombreux festivals. Marduk sera certainement dans de nombreux pays cette année.

Lionel : Un public bien chaud en Amérique du sud…

Morgan : Oui bien sûr mais partout dans le monde c’est toujours un plaisir de jouer dans chaque pays. Tu sais on aime les gens qui nous supportent et c’est toujours un grand plaisir pour nous de jouer pour eux.  Que ce soit en Chine, en Australie en Russie, en Hollande ou en France ou n’importe où dans le monde on prend toujours un très grand plaisir à jouer notre musique. 

Photos : © 2015 Lionel /Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



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