La sortie de son troisième album prouve que 6:33 est non seulement un des groupes les plus déjantés de la planète Metal française, mais aussi une formation qui sait amuser et émerveiller en proposant des compositions maîtrisées et imaginatives. Avec Deadly Scenes, la scène internationale risque de devoir se régler à la bonne heure.
Chers audilecteurs et audilectrices de La Grosse Radio (le Tout Puissant m'accorde ce néologisme), veuillez prendre place pour écouter le nouveau prêche du révérend 6:33 Deadly Scenes dont la sortie est prévue le 12 janvier chez Kaotoxin Records. Je vous invite à une célébration lubrique autour du thème des sept pêchés capitaux où se mêleront à notre activité intense et spirituelle Devin Townsend, Mike Patton et Bender (le robot tordeur de Futurama).
Cela commence par une invocation au Seigneur dans l'intro de « Hellalujah », un vrai gospel pour les brebis perdues. Puis le swing diabolique arrive mais un choeur de voix féminines célestes nous ramène dans le droit chemin, celui de la croyance et de la religion malgré ce maudit gros riff qui tourne. Les bases sont jetées, nous pouvons approfondir (oh oui) le sujet maintenant.
Le prêche continue avec « Ego Fandango » où nous allons aborder le thème de la vanité, écoutez ce chant à la Mike Patton, ce groove irrésistible nous rappelant Faith No More et cet irrésistible rythme ska appelant à la danse la plus sensuelle. Heureusement que l'orgue divin et cette fin ambiante qui évoque une rêverie cinématographique sont là pour nous sauver corps et âmes.
Penchons-nous (oui comme ça mademoiselle que je puisse avoir vue sur votre décollet...Pardon Seigneur je m'égare) maintenant sur « The Walking Fed ». Ce titre évoque le pêché de la gourmandise et débute sur des percussions tribales (maudits païens) et ce qui semble être une ténébreuse incantation, un appel au Malin. Et tout monte, comme la sève, en puissance. Un morceau martial à dominante indus qui fait penser à du Rammstein inquiet (et il y a de quoi l'être Mon Père car ce qui suit est de plus en plus troublant).
Mais qui est ce Nerd évoqué dans « I'm a Nerd » ? Un démon tentateur une fois de plus ? Vous me dites ma soeur qu'il s'agit d'une évocation de ces pêcheurs appelés geeks qui peuvent avoir des pulsions destructives en s'adonnant aux plaisirs virtuels. Nous sommes ici dans le thème de la colère et je veux bien croire que ce début en blast beat, ces choeurs enfantins (oh les petits anges), ce banjo digne de Delivrance et ce chant déjanté n'apaisent pas les moeurs. Le groove dansant et l'intervention d'un modem Olitec Self Memory à la fin du titre ne sont pas non plus là pour remettre de l'ordre dans ce chaos.
« Modus Operandi » (répétez après moi mes biens chers frères, mes biens chères sœurs) aborde un sujet grave : La luxure. Tout débute sur sur ce préliminaire qui évoque les musiques que Danny Elfman compose pour les films de Tim Burton. Suit une ambiance cabaret très décadente nous emmenant dans un bordel Fin de Siècle. Une voix rappelant une Björk ensorcelée et un orgue d'église nous entraînent ensuite dans une farandole charnelle. Le Seigneur l'avait pourtant dit : Pas de Boogie-woogie avant de faire vos prières du soir, mais il est trop tard...
Oh l'horrible grosse araignée noire qui vient de passer, le Suprême par l'envoi ce cette créature repoussante veut nous faire comprendre que nous prenons le mauvais chemin. Cette « Black Widow » (veuve noire) serait une femme vénale donc qui fait tout pour parvenir à ses fins. Avec ce swing déjanté, « cartoonesque » même (un peu le croisement entre Tex Avery et Carnival In Coal) et ce duel vocal entre Rorschach et sa choriste, elle a tout pour y arriver la méchante dame.
Prenons place autour du feu maintenant voulez-vous chers fidèles ? Et sortons la guitare acoustique pour un quasi-instrumental intitulé « Last Bullet For A Gold Rattle », un titre mélangeant country et metal dont le thème est l'avarice. C'est vrai qu'avec une seule phrase prononcée durant la durée du morceau, on a connu plus généreux mais on se laisse avoir par la qualité de ce morceau, le Diable y veille.
Allez bande de fainéants, réveillez-vous et commencez votre repentance ! Le révérend 6:33 a pensé à vous, maudits procrastinateurs éternels, en composant votre hymne rédempteur « Lazy Boy ». Un vrai tube (au refrain irrésistible à chanter lorsque l'on a pas envie de faire quelque chose) qui reste en tête toute une journée. Ce gros riff metal, ces passages atmosphériques, grindcore ou jazzy sont un vrai appel au farniente énervé.
Il est temps de tirer une conclusion à l'énumération de tous ces pêchés, faut-il ou pas succomber à la tentation ?
C'est ce que à quoi tente de répondre l'épilogue « Deadly Scenes », un morceau-fleuve de 13 minutes dont le thème est le libre-arbitre et construit en un acte décomposé en trois scènes. Tout est basé sur le combat ente la bonne et mauvaise conscience et le titre reprend certains thèmes des morceaux précédents. Ainsi chers fidèles, nous passons de la colère à la tristesse avant de sombrer dans la rédemption. Un passage planant laisse sa place à une ambiance cinématographique avec voix off, puis vient une séquence « Bubblegum Pop » que je vous propose d'entamer tous ensemble avant de refermer le livre des pêchés mortels en n'oubliant pas de remercier le Seigneur pour cette offrande.
Quelle heure est-il chers fidèles ? 6:33 ? L'heure du péché mignon.
Liste des morceaux :
1. « Hellalujah »
2. « Ego Fandango »
3. «The Walking Fed »
4. «I’m A Nerd »
5. «Modus Operandi »
6. «Black Widow »
7. «Last Bullet For A Gold Rattle »
8. « Lazy Boy »
9. « Deadly Scenes »