Mue en italique
Le groupe brésilien qui a atteint son pic de popularité à la fin des années 90 revient après bien des tumultes dans son line-up. Avec un nouveau chanteur, le célèbre Fabio Lione, et un nouveau batteur, Angra a bien changé sa manière de procéder et revient avec Secret Garden. Ce nouveau disque est varié, parfois même décousu, imparfait, mais montre des musiciens pleins d'espoir et de promesses.
Dire que la carrière d'Angra est mouvementée est un euphémisme. Notamment dans ce qu'il s'est passé ces dernières années. Cinq ans après Aqua, le groupe a bien changé, avec Fabio Lione, connu pour ses exploits dans Rhapsody, qui vient remplacer un Edu Falaschi fatigué de chanter dans un registre qui n'est pas le sien, et Bruno Valverde, qui vient jouer de la batterie après le nouveau départ de Ricardo Confessori.
Si ce nouveau line-up avait fait ses preuves sur scène, il est maintenant temps de passer l'épreuve écrite en sortant le premier album avec ce personnel. Il s'intitule Secret Garden et représente une renaissance pour le groupe, notamment ses deux leaders, les guitaristes Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Tout d'abord, Angra a opéré une mue stylistique importante. En effet, si on peut reconnaître le groupe sur "Black Hearted Soul" qui rappelle "Carry On", le pont instrumental de "Newborn Me", ou la bien rapide "Perfect Symmetry", l'ensemble est très sombre pour la musique d'Angra. Notons également que le groupe arrive à parfaitement inclure "Synchronicity II", reprise de Police, au sein de l'album. On est donc oppressé par "Violet Skies", dont les arpèges rappellent "Suite Sister Mary" de Queensrÿche, la basse inquiétante de "Final Light" jusqu'à exploser sur la fantomatique "Crushing Room", avec la participation crédible de Doro Pesch.
Ce titre montre aussi une nouvelle gestion du personnel dans Angra. Les cartes ont été redistribuées et Rafael pousse la chansonnette plus d'une fois, soutenant ainsi Fabio, qui n'apparait pas sur tous les titres, Secret Garden étant tenu par Simone Simmons (Epica). Un ballade qui montre encore un certain renouveau dans Angra, mais qui est aussi un peu faible. Deux autres ballades, plus intéressantes, sont aussi dans le disque : "Storm of Emotions", avec une belle montée, et "Silent Call", petit acoustique qui clot l'album comme le faisait "Lullaby for Lucifer" sur Holy Land.
On remarque également un changement d'influences chez Angra. Si les Brésiliens ont toujours su sortir du metal pur et dur pour enrichir leur musique, on retrouve plus d'éléments progressifs qu'à l'acoutumée, avec un clin d'oeil aux sonorités djent modernes sur "Violet Skies" ou un effet Dream Theater sur "Newborn Me". On retrouve aussi sur "Crushing Room" une proximité avec le Kamelot d'aujourd'hui.
Avec Secret Garden, Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt on sorti les éprouvettes et essaient plein de choses. Tellement qu'on se retrouve avec un album dense qui part dans toutes les directions, parfois avec succès, et d'autres fois de manière un peu maladroite. Le fait est qu'Angra, fort d'un nouveau line-up composé de musiciens talentueux, continue de prendre des risques et rend sa musique d'autant plus intéressante.
Ainsi, tous les espoirs sont permis pour l'avenir.