Daniel de Jongh (chanteur) et Bart Hennephof (guitariste) de Textures

" Nous n'avons pas peur de nous surprendre ! "


Cette année, Textures fêtait les dix ans de son premier album, Polars, sorti sur le label Listenable Records. (cocorico !) Nous en avons profité pour nous entretenir avec le groupe, pour parler de la tournée anniversaire, de leur vue sur ce premier album avec le recul, mais surtout, du futur de Textures et de leurs derniers projets. Daniel, chanteur depuis 2011 et Bart, guitariste et membre fondateur du groupe, se sont très bien prêtés au jeu, voici ce qu'ils nous ont répondu !

 

Polars n’est pas l’album le plus populaire de Textures, pourquoi avoir choisi de faire une tournée spécialement consacrée à cet album ?

Daniel de Jongh (chant) : Déjà, parce que c’était le premier album de Textures. C’était son dixième anniversaire et on a pensé que c’était l’occasion ou jamais de le faire. A l’époque, Textures a été un des premiers groupe à fusionner les rythmes de Meshuggah et des chants clairs, et ça a eu un certain impact. Quand tu lis des interviews de gros groupes d’aujourd’hui comme Periphery ou Tesseract qui disent qu’ils ont commencé à jouer de la musique en écoutant Textures. Cet album a plus et inspiré pas mal de personnes, ça a été une raison de plus pour faire cette tournée.

Tu n’as chanté que sur ce premier album de Textures. En concert, est-ce que tu essayes de faire une interprétation fidèle des précédents chanteurs ou est-ce que tu préfères faire complètement à ta manière ?

Daniel : J’essaye de rester fidèle autant que possible  aux parties originales qu’a chanté Erik, parce que ce sont les albums que les gens connaissent le plus. Pour Polars, j’essaye de faire un peu plus à ma manière, parce que sur l’album, le chant est plutôt statique, avec peu de dynamique. C’était il y a dix ans, je ne peux en aucun cas blâmer Pieter pour ça ! [rires] D’ailleurs, il s’est énormément amélioré depuis, il est beaucoup plus polyvalent aujourd’hui.

Justement, comment fais tu pour alterner les différents types de chant. Sur Polars, c’est presque que du cri, mais sur les chansons plus récentes, il y a beaucoup d’alternance. Est-ce que tu préfères growler ou chanter ?

Daniel : Je n’ai pas vraiment de préférence. En fait, j’adore les deux, pour la diversité que ça apporte à la musique. Il faut juste rester concentré au moment où l’on passe de l’un à l’autre. C’est assez exigeant pour moi, parce que je donne tout pour que ça sonne au mieux. Heureusement, ma voix arrive à tenir à chaque fois !

Est-ce que c’est difficile de gérer cette alternance ?

Daniel : Pour moi, pas vraiment, parce que c’est juste de la technique. Et maintenant, pour moi, c’est exactement comme allumer une lumière ou actionner une pédale d’effet.
 

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Après le départ de Jochem en 2013, vous avez intégré un nouveau guitariste, en la personne de Joe Tal la même année. Qu’est-ce que son arrivée a changé dans Textures, selon toi ?

Daniel : Pour être très concret, sur cette tournée (mais malheureusement pas ce soir),  nous avons joué un morceau de notre album à paraître. L’apport de Joe y est très important, et ce sera la même chose pour le nouvel album. Et… C’est une très bonne chose ! Quand il est arrivé dans Textures, il avait annoncé qu’il ramènerait le blast beat dans le groupe, et c’est ce qui s’est passé ! [rires] Grâce à lui, la vitesse est de retour dans Textures, et de mon point de vue, c’est vraiment cool ! Pour la tournée Polars, il joue deux solos complètement improvisés chaque soir, c’est un guitariste incroyable, et parfait pour nous.

Pourrais-tu nous parler plus en détail du prochain album ?

Daniel : Nous sommes en train de l’écrire actuellement. Et nous avons prévus d’aller en studio aux alentours de février/mars. Avec de la chance, l’album devrait être sorti pour l’automne, vers septembre/octobre ! Tout le monde participe à l’écriture, donc c’est vraiment intéressant. Nous n’écrivons beaucoup ensemble dans la même pièce, même si nous essayons de le faire autant que possible. En tout cas, nous jouons ce qui est en cours d’écriture ensemble dans le studio de répétition, histoire de voir ce que donne la chanson « en vrai », ce que nous n’avions jamais fait auparavant ! Pour l’instant, ce qui en ressort est très positif !

Textures est un groupe connu pour ses performances en concert. Est-ce que vous envisagez de sortir un album live dans un futur proche ?

On y pense. Mais on n’a pas encore fait de plan concret jusqu’à présent.

 

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[Bart Hennephof (guitare) entre dans la pièce]

Qu’est-ce qui a changé le plus dans Textures en dix ans, selon toi ?

Bart : Beaucoup de gens disent « Ah, votre son a énormément changé » ou « votre dernier album est tellement différent du premier ! ». Mais personnellement, je pense qu’il n’y a pas tant de différence que ça. Le premier album est plus rapide, plus agressif, et le dernier a des chansons plus étalées, c’est vrai, mais je trouve que c’est une évolution naturelle de la musique. Ce qui est cool, c’est qu’avec le prochain album, on reste libre de faire ce qu’on veut, on ne se sent pas restreints ou obligé d’aller dans une certaine direction. On n’a pas peur de se surprendre nous même, et c’est ce qu’on veut faire !

Daniel : On essaye de ne pas de rester sur place. Nous aimons des styles très variés de musique, et nous ne voulons pas que notre musique reste dans un carcan. Et je pense qu’avec les nouvelles chansons, la musique de Textures n’a jamais été aussi variée, dans le bon sens du terme.

Textures fait partie des pionniers de la scène qu’on appelle « djent ». Pourtant, le dernier album Dualism va à l’opposé de l’évolution globale du genre : il n’est pas plus technique, mais plus aéré et orienté vers la mélodie. Est-ce que vous pensez continuer dans cette voie ?

Daniel : On n’a rien de planifié, et plus particulièrement quand il s’agit de quelque chose qu’on a déjà fait ! On ne fait qu’écrire ce qui nous plaît, tout simplement. Et maintenant que Joe est dans le groupe. Ce qu’il n’y a pas sur Dualism, vous allez l’entendre sur le nouveau album, avec notamment plus de claviers. Uri est un claviériste plein de talent mais… Vous ne l’entendez pas vraiment sur notre dernier album. Beaucoup de gens nous le disent, et c’est parce qu’il y a beaucoup d’instruments groupés sur cet album. Mais ça va changer. Globalement, je ne pense pas que le petit dernier sera une continuation de Dualism. L’autre chose est que, quand Uri est moi avons rejoint le groupe, au moins la moitié de l’album était déjà écrite, et son chemin était déjà tracé. Evidemment, cette fois, c’est différent, et ça va se ressentir dans la musique.

Que ressentez vous quand vous jouez les chansons de Polars en live ?

Bart : Evidemment, ça me renvoie plein de vieux souvenirs. Mais c’est aussi vraiment cool de faire cette tournée avec ce line-up, c’est vraiment revigorant. Ces six derniers mois, nous n’avons fait qu’écrire et répéter ces chansons, et nous n’avions jamais jouées toutes ces chansons avec le line-up actuel. En plus, je crois que ça a inspiré tout le monde de travailler ces chansons, parce que ce sont de bonnes compositions, et ça va nous aider à créer de nouvelles choses. Ces chansons sont vieilles, mais elles n’ont pas pris une ride, et tous les éléments de Textures étaient déjà présents ! Bref, avec cette tournée, on fait d’une pierre deux coups ! [Bart a utilisé l’expression « double win »]

Je regarde chaque album comme un journal intime de ma vie à cette époque, mais avec des sons. C’est une partie de ta vie que tu graves sur un disque, c’est ce que nous étions à cette époque. Donc c’est à chaque fois différent. Même si tu essayais de refaire les mêmes chansons à chaque fois, ça resterait différent, puisque tu as changé en tant que personne.  Personnellement, j’aime toujours beaucoup cet album. Je l’écoute toujours de temps en temps, et en particulier ces six derniers mois ! [rires]
 

Je vois que tu portes un t-shirt Gojira. Est-ce que ce groupe fait partie de vos inspirations ou est-ce que tu l’as juste parce que tu joues en France ce soir ?

Bart : On a fait beaucoup de concerts avec Gojira, ce sont des amis. Et ce groupe a eu une grosse influence, en ce qui me concerne. Excellent groupe de concert par ailleurs !

Daniel : Pfff, ça oui ! Ils sont impressionnants !

Aimeriez-vous tourner avec eux, ou d’autres groupes peut être ?

Bart : On a pas mal réfléchi aux groupes avec lesquels on pourrait tourner. On a pensé à Devin Townsend. On a aussi déjà joué Meshuggah, ou Dillinger Escape Plan, et c’est toujours très sympa à faire. Nous verrons ce que ça donne pour la suite.

Sur Polars, il y a des chansons qu’on pourrait qualifier de drone [NDLR : les chansons Effluent et Heave]. C’est unique dans la discographie de Textures. Pourquoi avoir fait cela ?

Bart : C’était culotté de notre part de le faire ! Le concept de l’album porte sur le fait de retourner aux sources de l’être, une sorte de retour au ventre maternel. Au début, c’est une explosion chaotique, qui part dans toutes les directions, et en conclusion, il y a ce retour au noyau dur, à la mère. Et ces deux chansons matérialisent cela. De fait ce n’est pas du clavier comme on pourrait le croire : c’est l’enregistrement d’un orchestre, mais édité avec des effets, des boucles, de façon à ce qu’on n’entende plus les mélodies ! 

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre dernière sortie, celle-ci étant la version acoustique de Messengers ?

Daniel : En fait, c’est notre claviériste Uri qui avait commencé à bosser dessus pour s’amuser. Il avait juste écrit des arrangements pour le piano. Et une fois en répète, il nous l’a joué, et on a trouvé ça vraiment cool. Et il nous a proposé qu’on arrange une version acoustique de cette chanson. Et on s’est tous dit que c’était une super idée, d’autant plus qu’on avait de particulier de prévu à ce moment-là. On savait que l’album ne viendrait pas avant longtemps, on a donc décidé de travailler sur ça et faire une petite sortie en attendant que le nouvel album arrive.

Bart : Pour travailler dessus, on est allé chez lui pour faire des essais à la guitare acoustique, au piano à queue et au synthé. Puis on a travaillé chacun de notre côté avant de se retrouver pour la mise en place et les arrangements. Ca a été un gros défi, parce que nous n’avions jamais fait quelque chose de ce genre avant !
 


NDLR : Ici se termine l'interview de La Grosse Radio, avec le soutien de notre confrère SilverbarD des Eternels. Cependant, nous n'étions pas les seuls à interviewer ces musiciens. Entre chacune de nos questions, un autre confrère d'un média que nous garderons anonyme posait des questions aux membres de Textures. Son interview n'ayant jamais été publiée, nous vous communiquons ici les questions posées par le dit confrère, ainsi que les réponses données par les musiciens.

Comment a été le concert pour vous ce soir ? Qu’avez-vous pensé du public ?

Daniel : Le public était dingue, et on a passé un très bon moment, en dépit de deux gros problèmes techniques !

Que penses-tu de vos fans français ?

Daniel : De fait, on a toujours fait d’excellents concerts en France. On n’a jamais eu de mauvaises expériences sur scène ici. Hier, on était à Lyon, et c’était de la folie furieuse ! [rires] Et ici aussi, le public était vraiment à fond ! D’ailleurs, la dernière fois qu’on a joué à Paris, c’était incroyable aussi, et le concert était complet ! Nous aimons la France, vraiment ! [rires]

Depuis la sortie de Polars, quelles sont vos meilleurs souvenirs sur scène ?

Bart : Hum, je pense que ce sont surtout les festivals qui m’ont le plus marqué. Je pense particulièrement au Hellfest en 2006 et même au Furyfest en 2004. C’était nos plus gros concerts à l’époque, avec peu de temps avant cela, le festival Lowlands chez nous en Hollande.
 

Textures, interview, français, 2014,


Est-ce que vous avez un rituel avant de monter sur scène ?

Daniel : Pas vraiment, en général, on se pose ensemble pour discuter.
Bart : Juste avant le concert, on se serre tous la main, un ptit câlin de groupe et c’est parti ! Et une demi-heure avant le concert, on veut n’être qu’avec le groupe, donc pas d’ami, pas de copine, pas de…

Conneries ?

Daniel et Bart : [éclat de rire] Oui, c’est ça ! On s’échauffe et on se concentre en pensant aux chansons.

Quelles sont les endroits de Paris que vous aimez visiter ?

Daniel : Evidemment, nous avons déjà vu la tour Eiffel. Aujourd’hui, nous l’avons vue de loin. [rires] En général, quand on va quelque part, on essaye toujours de visiter l’endroit, mais le fait est qu’en tournée, c’est souvent impossible ! Une fois, je suis allé au somment de la tour Eiffet, c’était énorme, mais putain, qu’est-ce qu’il faisait froid !

Et pour la nourriture ?

Bart : J’aime bien le vin français. On aime bien tourner en France parce qu’on y mange bien ! [rires]

Un dernier message pour vos fans ?

Daniel : Nous reviendrons ! [rires]

Entretien par Tfaaon, avec l'aide SilverbarD des Eternels, et du journaliste inconnu.
 



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