Le pit des étoiles
Originaire de Brisbane, Aversions Crown nous propose avec Tyrant un deuxième album de deathcore avec comme particularité de baser tous ses textes sur des thèmes de science-fiction. Cette nouvelle sortie du groupe australien, produit par Mark Lewis (Devildriver, Black Dahlia Murder) qui lui donne un son massif et puissant, raconte l’attaque de la terre par un envahisseur surpuissant venu de l’espace. Ajoutez à ce récit les growls de Colin Jeffs et des breakdowns dévastateurs pour avoir une idée de ce qui vous attend.
On pourrait presque parler d’une nouvelle mode dans le milieu du deathcore. En effet, Aversions Crown ne sont pas les premiers à tenter de parler de science-fiction et d’espace dans ce style de musique (citons notamment The Faceless ou les bien nommés Rings of Saturn) et le groupe australien tente d’exploiter le filon. Trois ans après la sortie de son premier album, Servitude, Aversions Crown nous propose donc Tyrant qui, prisons le suspense, ne révolutionne absolument pas le style, mais se laisse écouter avec plaisir.
Un simple coup d’œil sur l’artwork de l’album permet de visualiser l’histoire contée par le groupe. Si ça ne suffit pas, des titres aussi explicites que "Earth Steriliser" ou "Xenomorph" devraient vous mettre la puce à l’oreille. Et c’est à l’aide de blast beats et de breakdowns qu’Aversions Crown nous invite dans ce récit, créant une tapisserie musicale pour accueillir des paroles parlant de destruction et de technologies extraterrestres. La technique est au rendez-vous, notamment dans les passages les plus rapides de l’album, mais ce qui est surtout mis en avant dans la musique du groupe, ce sont les les rythmiques lourdes et les atmosphères sombres. Ces dernières sont d’ailleurs le seul point qui permettrait de distinguer la musique d’Aversions Crown des autres groupes « spatiaux » mentionnés plus haut.
L’opener "Hollow Planet" frappe directement dans les dents, en ayant notamment l’intelligence de ne pas commencer par un breakdown comme c’est trop souvent le cas dans le metalcore, mais avec des trémolos de guitares ouvrant le passage pour la voix de Colin Jeffs. Évidemment l’inévitable breakdown est bel et bien présent dès ce premier titre, mais il est assez intelligemment placé et a le mérite de ne pas paraître téléphoné. Chaque chanson montre ainsi un bon niveau d’écriture, mais le groupe peine à se renouveler et Tyrant souffre malheureusement de ce manque de variété. On peut citer quelques moments de bravoure tels que l’intro mélodique de "Conqueror", mais ces parties sont trop rares. Il ne fait pourtant aucun doute qu’en live, les titres de cet album font affoler le pit.
La mise en son de Mark Lewis aide grandement à installer le climat de terreur et de désespoir des paroles, mais il donne une trop grande présence aux guitares et à la batterie, la basse ayant parfois du mal à se faire entendre dans le mix. Mais le vrai plus d’Aversions Crown est clairement son chanteur, capable de passer facilement d’un cri aigu à un growl puissant. Colin Jeffs utilise aussi un troisième type de voix, à mi-chemin entre les deux mentionnées précédemment pour ajouter de l’effet.
Tyrant est un bon album de deathcore, qui, malgré des défauts inhérents au style pratiqué ultra-balisé, renferme quelques parties techniquement bien jouées qui devraient plaire aux aficionados du metalcore. Aversions Crown a encore du boulot avant de réellement percer, notamment en se trouvant un style moins générique,mais les Australiens semblent être sur la bonne voix !
7/10