Serious Black – As Daylight Breaks

Why so Serious?

Lorqu'on nous a annoncé la formation d'un nouveau "super groupe" power metal avec six membres chevronnés dont certains noms faisant rêver le petit power metalleux (underground certes) de base, on s'est pris à rêver d'une petite claque, d'une vague nostalgique, qui sait même d'un enchaînement d'hymnes inoubliables. Que nenni, et pourtant les Roland Grapow ou Thomen Stauch avaient de quoi faire...

En effet, lorsqu'on réunit ainsi l'un des anciens gratteux de Helloween (et maître à penser de Masterplan) et ex-batteur de Blind Guardian, on ne peut que s'attendre à son lot d'étincelles. Le présence de ce dernier est d'ailleurs suffisamment étonnante pour atiser notre curiosité, on l'avait laissé abandonnant son projet Savage Circus pour des soucis de santé et disparaître peu à peu. Quant à Grapow, il semble avoir relevé la tête avec Masterplan, donc pourquoi pas ? Autour d'eux, le vocaliste suédois Urban Breed, le claviériste tchèque Jan Vacik (ex-Dreamscape), le guitariste autrichien Dominik Sebastian (Edenbridge) et le bassiste allemand Mario Lochert (ex-Visions of Atlantis).

Alors le titre final "Older and Wiser" semble être un message caché aux fans, comme quoi désormais les "papy du power" se sont calmés et ont envie de proposer une musique certes plus conventionnelle mais réfléchie. Peut-être, sauf que tout cela manque clairement de folie et que, à l'image de cette conclusion, ça ne décolle jamais malgré les bonnes intentions. La plupart des morceaux passent entre nos oreilles sans remuer quoique ce soit en nous, pourtant quelques points intéressants étaient exploitables comme le rythme bien rentre dedans porté par les roulements de Stauch au départ de "High and Low" jusqu'à ce que le titre perde totalement en cohérence sur son refrain hard FM sucré venu de nulle part - ou l'art de mettre deux morceaux en un sans se soucier de sa construction, dommage. Alors certes l'album a été écrit en une semaine comme l'annonce son dossier de presse... mais ça s'entend, et c'est là le souci, trop de spontanéité tuant la spontanéité.

Serious Black 2015

Heureusement que Urban Breed (ex-Bloodbound et Tad Morose) est irréprochable derrière le micro de sa voix mélodique et puissante, bien que semble-t-il plutôt lissée dans ce produit mais on n'en serait qu'à moitié étonné. Seul lui parvient à faire pencher la balance parfois du bon côté avec quelques envolées (limitées certes) sur (et on y revient) l'entame "I Seek No Other Life" qui est bien la seule à convaincre malgré une intro assez bâclée. Pour le reste, on peut taire certains passages de mauvais goûts, comme l'assommante ballade éponyme rappelant les pires heures d'Avantasia, le bien niais "Trail of Murder" ou l'intro piano de "Sealing My Fate" là encore totalement incompatible avec le reste, et on sauvera quelques ambiances comme les orientalisantes (mais pas originales pour un sou) "Akhenaton" et son interlude préquel "Temple of the Sun".

Au final, il y a quelques bonnes mélodies, des compositions correctes qui restent classiques et construites à la va-vite, mais le tout manque particulièrement d'âme et de prise de risque. Pire, on ressort de quelques écoutes sans véritablement pouvoir dégager quelque chose du lot (hormis le premier morceau vous l'aurez compris), en se demandant pourquoi cet album a été réalisé. C'est un peu du gâchis vu les bons musiciens mis en oeuvre, une sorte de mélange qui n'a pas vraiment pris pour un projet que l'on sent difficilement viable dans ces conditions surtout s'ils ne prennent pas le temps de mûrir le travail d'écriture. Alors peut-être qu'on se trompe et que le sextette n'avait besoin que d'un petit dépoussiérage avant de passer la vitesse supérieure ? Mais on se serait volontiers passé de ce hors d'oeuvre aux allures de produit un peu périmé ou simplement fadasse.

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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