Entretien Metallique : Tigran Hamasyan, pianiste de jazz

Le concept de l'Entretien Métallique est simple : échanger avec un artiste sur ses affinités avec le metal, alors qu'il ne fait lui même pas partie de cette scène, le but étant d'aborder le genre avec un regard neuf et extérieur. Tigran Hamasyan est le premier à avoir accepté de se prêter au jeu. Jeune prodige du piano, ses albums ont donné un sérieux coup de fouet à une scène jazz parfois nombriliste et élitiste à l'excès. Son jazz inventif mais accessible fait le pont entre ses nombreuses influences, parmis lesquelles on trouve Herbie Hancock, John Coltrane, mais aussi Black Sabbath et Meshuggah !

English readers, please head down this page for a translated version of this interview.

 

L’idée derrière cette interview est de s’éloigner légèrement de ton univers musical habituel, pour discuter d’un genre que tu apprécies : le metal ! Tout d’abord, qu’est-ce que tu aimes dans le metal, musicalement ou esthétiquement ?

En fait, la liste des groupes de metal que j’écoute n’est pas si étendue que ça, il y en a juste une poignée. Quand j’avais trois ans, mon groupe préféré était Black Sabbath. Ce que je préfère dans le metal, c’est le son. J’ai toujours été attaché à ce son lourd, et cela depuis… Si longtemps que je ne me souviens pas depuis quand j’aime ça ! A chaque fois que j’entends ce son, ça me fait quelque chose, et j’adore son énergie. Le son du metal est vraiment particulier ! Un bon riff joué comme il faut et avec le son approprié,  peut être très puissant selon moi. Et depuis que j’ai été exposé à cette musique très tôt dans mon enfance, il y a une affinité naturelle qui s’est installée.

A l’opposé, il y a peut être des choses que tu n’aimes pas dans le metal ?

Je n’aime pas le metal quand il n’est pas axé sur la musique. Quand ça commence à parler de satanisme, ou qu’il y a des ragots, des débats sans fin sur les étiquettes, je passe à autre chose. Je suis un musicien, c’est la musique qui m’intéresse. De fait, si tu regardes les groupes que j’écoute comme Tool, Meshuggah, Jersey, Apex Theory [particulièrement leur album Mt. Helium]… Tous ces groupes ont des paroles qui sont… autre chose. Leur vision est profonde et pas superficielle !

Etant fan de metal, est-ce que tu ressens l’influence du genre sur ta musique ?

Oui, complètement ! [avec un regard convaincu] Et on peut encore l’entendre sur le dernier album Mockroot. J’aime le son du piano avec l’octaver and une grosse distorsion. Juste sentir la basse du piano est quelque chose d’unique. Il y a aussi la grosse caisse, d’ailleurs. Et quand on assemble tout ça, ma musique ressemble à une espèce de metal acoustique/électronique ! D’un autre côté, l’influence ne se fait pas que sur le son, il y a aussi les compositions que j’écris. Par exemple, si tu prends la chanson « The Grid » à la fin de l’album, il y a un temps faible très lourd en 5/8… Euh non, 10/8 ! [sourire]
 

Selon toi, qu’est-ce qui pourrait rapprocher le metal et le jazz ?

C’est étrange parce que… Les deux n’ont rien à voir ! J’ai commencé à écouter de la musique avec Black Sabbath et Led Zeppelin, mais en même temps, j’écoutais Herbie Hancock. A cette époque, l’univers du rock m’attirait beaucoup plus que le jazz. Après cela, c’est la musique traditionnelle arménienne et même la musique traditionnelle en général, qui m’a replongé dans le rock et particulièrement ses sphères les plus lourdes. La musique folklorique arménienne est jouée avec d’énormes grosses caisses, des tambours sur cadre joués avec des baguettes, et aussi le zurna, un instrument très bruyant. Et il y a des musiques de danse avec énormément d’énergie, c’est une musique très puissante et lourde ! Si tu es seul en face d’un ensemble de trois ou quatre musiciens, l’énergie que tu te prends est presque trop intense, écrasante. Et quand je me suis intéressé à la musique traditionnelle arménienne, quand j’avais autour de quatorze ans, ça m’a réorienté vers le metal, parce que je percevais des similitudes. Je me disais : « c’est comme une chanson de metal, mais jouée avec des instruments traditionnels ! ». C’est ensuite, j’ai compris le lien qui pouvait être fait entre le jazz et le metal, grâce à cette musique. J’aimais le fait que tu puisses avoir un son ultra lourd, ou une ligne de basse très lourde, et le tout avec de l’improvisation. Dans le monde du rock, l’improvisation est plutôt rare. Mais, il y a tout de même certains musiciens qui ont réussi à en incorporer dans leur musique, comme Fredrik Thordendal de Meshuggah par exemple. Et j’appréciais vraiment cet aspect. Je pense que le jazz a permis d’apporter une nouvelle façon de penser au rock et au metal, aidant à les considérer avec plus de liberté. Le résultat, c’est la création de compositions avec de l’improvisation.

Comme tu viens de mentionner tes origines arméniennes, pourrais-tu nous parler de ton projet Jazz-Iz-Christ, qui t’a vu travailler avec Serj Tankian de System of a Down ?

A l’époque, j’habitais à Los Angeles, et Serj est basé là bas. En fait, il m’a appelé, il travaillait sur un projet de jazz expérimental, et il avait besoin d’un pianiste. Il m’a donc proposé de venir chez lui, dans son studio, pour essayer des trucs et voir ce qui se passerait ! Il avait déjà écrit pas mal de choses.

Comment ça s’est passé ?

C’était intéressant ! Evidemment, c’était surprenant, parce que les choses que je préfère de lui sont les deux premiers albums de System of A Down, qui sont très lourds et complètement différents de ce projet expérimental. C’était à l’opposé du rock, si tu vois ce que je veux dire. De l’autre côté, c’était aussi un peu frustrant, du genre « merde, on ne va pas faire de trucs qui envoient ? ». [rires]  Enfin, c’était cool de découvrir son univers et de travailler avec lui !
 

Tigran Hamasyan, interview, 2015, français, métal,

Tu as donc ton nouvel album Mockroot qui sort bientôt. Tu avais déclaré qu’il serait très lourd. Est-ce que tu as fait ça sciemment ou est-ce que c’est arrivé spontanément quand tu composais ?

Non, c’est surtout un choix parmi mes compositions. J’avais déjà des compos qui étaient puissantes en tant que telles. Ensuite, tu peux ajuster la lourdeur en fonction de tes envies, et ce choix se fait en studio. Et je voulais vraiment avoir cette impression de puissance, ce son géant. Comme exemple, on peut prendre « The Grid », qui a beaucoup d’overdubs, ou « Kars », « Double Faced » et aussi « Entertain Me ».

Avec la sortie de Shadow Theater en 2013, ton groupe a pris la forme de ce qu’on pourrait considérer comme une formation de metal typique : un guitariste virtuose, une chanteuse avec de grandes capacités vocales, un batteur avec un jeu très lourd… Est-ce que c’était une tentative d’approcher le genre ?

Pas vraiment. C’était quelque chose dont la musique avait besoin. Je voulais qu’on puisse jouer autre chose, et pas seulement le riff de métal typique, les lignes de basse et compagnie. Je voulais avoir plus de liberté, mais en même temps, je voulais parfois qu’on joue tous le même riff en même temps, pour lui donner plus d’ampleur et de puissance. Maintenant, nous ne jouons plus avec cette formation, malheureusement. Mais un jour, il y aura un projet metal, c’est sûr. Avec que de trucs qui envoient !

Comme tu viens de le dire, tu évolues maintenant dans un trio. Pourrais-tu expliquer ton choix de jouer avec moins de musiciens ?

Je veux sonner « gros », et très orchestral avec trois musiciens ! Je ressens que, de nos jours, les musiciens ont la possibilité de faire ça. Sam (basse) peut utiliser son arsenal de pédales bizarres,  Arthur (batterie) peut utiliser son pad électronique, ou je peux jouer sur le Rhodes avec des pédales ou d’autres traitements du signal. Je pense que la technologie peut nous permettre d’avoir un gros son. Evidemment, il y a des chansons, y compris sur le dernier album, qui ne peuvent être interprétées par un trio exactement comme en studio. Donc si on veut les jouer avec cette formation, il faut choisir ce qui sera joué et ce qui ne le sera pas, comme il y a trop de couches à jouer. Par exemple, sur « Entertain Me », il y a trois couches différentes de piano, et je ne peux en jouer que deux en concert.

Cependant, il vous arrive de jouer en quatuor avec Areni Agbabian ?

Oui, elle va jouer avec nous ce soir [NDLR : l'interview ayant été faite le jour de son concert à Paris en décembre 2014]. On va peut être faire une chanson en formation trio, qui sera « The Grid ». Mais pour le reste, elle va chanter et jouer du clavier, interprétant les overdubs que j’ai enregistré sur album.
 

Tigran Hamasyan, 2015, interview, français, English, métal,


Revenons au metal. Si un amateur de metal voulait découvrir le jazz, tu lui conseillerais de commencer avec quoi ?

John Coltrane, sans hésitation. Je recommanderais sa période vers 1962-1963, mais aussi ses sorties plus récentes. Je pense que des métalleux apprécieraient Mahavishnu Orchestra aussi. En tout cas, je pense que j’apprécierais ces artistes en tant que musicien de rock/metal. Je le sais, parce que je suis passé par là. Tu vois, mon oncle est un guitariste de metal, et nous avons beaucoup échangé sur nos musiques préférées, alors que je venais du monde du jazz. Il n’apprécie vraiment que les groupes les plus lourds, tu vois ? [rires] Il est de la génération au dessus de moi, et j’ai eu du mal à choisir ce que je devais lui faire écouter sans qu’il réagisse en disant : « c’est quoi cette merde ? ».  Alors je lui ai fait écouter du John Coltrane plus récent, et ça l’a scotché ! Il a adoré.

Les musiciens de jazz sont connus pour avoir beaucoup recours à l’improvisation, à la fois en concert et en studio. Est-ce ton cas.

Oui, absolument. L’improvisation fait partie de mon écriture. Parfois, j’écris des choses qui doivent être jouées à la note près, comme si c’était de la musique classique. Mais c’est toujours autre chose quand tu es en studio. Les choses peuvent changer, je supprime une section, je décide de faire un overdub d’une partie que je viens d’écrire… Quand tu es en studio, et que tu entends la musique pour la première fois avec des enceintes, certaines choses peuvent changer.

J’ai également vu que tu avais prévu un concert en duo avec Brad Mehldau à la Philarmonie de Paris. Est-ce que ça va se limiter à des concerts ou est-ce qu’un album est prévu.

Il n’y a actuellement rien de prévu concernant un album. Ce sera la deuxième fois qu’on joue en duo, la première fois s’étant faite à Montréal l’été dernier.

Est-ce que tu as d’autres collaborations prévues ? Je me souviens que tu avais évoqué quelque chose avec Morgan Agren.

Nous en avons en effet discuté par  e-mail. Mais ça ne s’est pas fait. Je crois qu’il était très occupé à travailler sur son nouvel album solo, et j’étais moi-même en train de travailler sur le mien. Mais l’idée est là, nous verrons. En fait, mon rêve serait de faire un trio avec lui et Fredrik Thordendal. Là, ça serait vraiment quelque chose ! De fait, j’ai beaucoup de compositions que je pourrais apporter à un tel trio !

Je pense que beaucoup de personnes seraient intéressées par un tel trio ! Evidemment, je crois que Fredrik est très occupé, puisqu’il travaille sur le prochain Meshuggah, mais aussi son prochain album solo. Ce dernier aura d’ailleurs ses compositions basées sur des prises de batterie improvisées par Morgan Agren et Dirk Verbeuren.

Vraiment ?? C’est excellent ! Il est incontrôlable ! [rires]

On arrive à la fin de cet entretien. Dernière question : est-ce que tu te vois prendre une guitare électrique , huit cordes ou non, pour jouer du metal dans un futur proche ?

J’adorerais apprendre, mais je me demande vraiment ce que ça donnerait... Peut être, qui sait ? En tout cas, j’adorerais monter un projet avec un musicien de cet univers.

Entretien par Tfaaon

English version : The Metallic Interview : Tigran Hamasyan, a jazz pianist

The concept of the Metallic Interview is rather simple : having a chat with an artist about his affinities with metal, even though the said artist is not part of the metal scene. The goal is to have a new and broader look on the genre. Tigran Hamasyan is the first who accepted to get in the game. Thanks to his albums, the young Armenian piano prodigy gave the jazz scene an adrenaline shot, something it sure needed by being sometimes too narcissistic and elitist. His innovative yet catchy jazz builds bridges between his different influences, being Herbie Hancock, John Coltrane, but also Black Sabbath and Meshuggah.

So, we are here to step back a little from your usual musical environment, to talk about a musical genre that you like : metal ! First of all, what do you like about metal, musically or aesthetically ?

Well, I don’t listen to a lot of metal bands, just a few actually.  When I was three years old, my favourite band was Black Sabbath, and, basically, what I like the most about metal is the sound. That heavy sound is really part of me since… I don’t remember when ! And everytime I hear this sound, I just love the energy it has ! The sound of metal music is quite unique. A good riff, played properly with the right sound, can be very powerful, to me. And since I’ve been exposed to that music early on, it’s just a natural love.

On the other hand, there maybe some things you do not like about metal ?

I don’t like it when it’s not about music. When it’s about something else, like satanism, gossiping or eternal debates about the style, then it doesn’t interest me, because I’m a musician. Actually, if you consider the bands I listen, like Tool, Meshuggah, Jersey, Apex Theory, [especially their album Mt. Helium]… All these guys have lyrics that are something else than that. Their vision is pretty deep.

Being a fan of only a few metal bands, do you actually feel the influence of the genre on your music ?

Absolutely. [with a convinced stare] And still on the new record Mockroot. I like the sound of the piano with the octave pedal and a heavy distorsion, just to feel the bass of the piano. It is something special. Also, I have to mention the bass drum. When all this comes together, my music sounds like some kind of acoustic/electronic metal. At the same time, it is not only about the sound, it’s also about the compositions that I write. For example, take the song « Kars » at the end of the record. It has a very heavy backbeat in 5/8… Wait, no, in 10/8 ! [smile]

According to you, what are the elements that bring jazz and metal together ?

I think… It’s weird because it has nothing to do with each other ! I started listening music with Black Sabbath and Led Zeppelin, but at the same time, I was listening to Herbie Hancock. At that time, the rock world appealed to me much more than jazz. Afterwards, what really got me to explore rock music and especially its heavier side was Armenian folk music, actually folk music in general. Armenian folk music is played with giant bass drums, frame drums played with sticks, and also zurna which is a very loud instrument. And there are very energetic dance songs, you know ? It is a very powerful music. If you’re alone, with a band of two or three people in front of you, the energy you get is almost too intense, it’s overwhelming. It’s also very heavy, it has heavyness as well.  So, I dug into the Armenian folk music when I was around thirteen, fourteen years old, and that is what got me back into heavy stuff, because I heard similarities. I thought : « This is like a metal song, but played with traditional instruments ! »  Then, I think I understood the connection that could be made between metal and jazz, thanks to this music. I liked the fact that you could have a super heavy sound, or a very heavy bass line, and improvisation going. In the rock world, improvisation is pretty rare. But, there are a few musicians that brought it in, like Fredrik Thordendal from Meshuggah, and I really liked that aspect. Basically, I think jazz brought a new way of thinking to rock and metal, helping to consider them with more freedom, which results in creating compositions which incorporate improvisation.

As you mentionned your Armenian roots, could you tell us a bit about your Jazz-iz-Christ project, which happened to make you work with Serj Tankian from System of a Down ?

Well, I used to live in Los Angeles, and Serj is in L.A too. What happened is I got a call from him. He had this experimental jazz project going, and he needed a keyboardist for that matter, so he asked me to come over to his place, where he has a studio, to try some stuff and see what happens. He already had loads of samples put together, actually.

How did it go ?

It was interesting. Obviously, it was very surprising, because the stuff that I like the most from him are the two first System of A Down records, which are very heavy and basically completely different from this experimental project. It was very « non-rock », if you see what I mean. On the other hand, it was also a little bit frustrating, like : « Oh shit, we’re not going to do some heavy stuff ? ». [laughs] Anyway, it was cool to discover his world and work with him.
 

Tigran Hamasyan, interview, English, français, métal, Meshuggah,


You have your new record coming out, called Mockroot. Earlier, you stated it would be very heavy. Was that done on purpose or did it just happen spontanously while writing the songs ?

No, it is just a choice of compositions. I already had some compositions that already had all the heavyness as they were. Then, all depends on how heavy you want to make them, and you make that choice in the studio. And I really wanted that feeling, that giant sound. As an example, you have « Grid », which has loads of overdubs, « Kars », « Double Faced », and « Entertain Me » too !

With the release of Shadow Theater in 2013, your band took the form of what we could consider as a typical line-up for a metal band : a guitar virtuoso, a singer with great vocal capacities, a drummer with a heavy playing… Was that an attempt to reach the genre ?

Not really. It was something that the music needed. I wanted to be able to play other stuff, and not only the typical metal riff, all the bass lines and everything ! I wanted to be more free, but at the same time, I wanted all of us to play the riffs sometimes, so it could sound more powerful and heavier. Now, we don’t play with this line-up anymore, unfortunately. But someday, there will be a metal project for sure, with only heavy stuff !

As you mentionned it, your band is now a trio. Could you explain your choice of playing with fewer musicians ?

I want to sound huge, and very orchestral with three people ! I feel that nowadays, musicians have the possibility to do that : Sam (bass guitar) using crazy pedals or Arthur (drums) playing with an electronic sampler, or me playing on the Rhodes through pedals and sonic treatments. I feel this gear can help the trio to sound huge. Obviously, there are some songs, even on the last record, that can’t be played exactly as they were recorded with just a trio. So if we want to play them with this line-up, we have to compromise on what will be played and what won’t be, as there are too many layers. For example, on the song « Entertain Me », there are three different piano layers, and I can only play two of them live.

Still for some concerts, you’re still playing as a quatuor with Areni Agbabian ?

Yes, she is playing with us tonight [the interfiew was done in december 2014, a few hours before a concert in Paris]. We might do just one song as a trio, which is « The Grid ». But for the rest, she will be singing and playing keyboards, playing the overdubs and singing the parts that I overdubed on the records.  
 

Tigran Hamasyan, interview, English, 2015, Mockroot,

Back on metal. If a metalhead wanted to discover jazz, which artists would you recommand ?

John Coltrane, for sure. I’d recommand his things from 1962-1963, but also his later stuff. Also, I think metalheads would enjoy Mahavishnu Orchestra. I would enjoy those things as a rock/metal musician. I know it, as I’ve gone through this when I was younger. You see, my uncle is a metal guitar player, and we did this thing, me coming from the jazz world, and hanging together, discussing music from our different worlds. He only likes the ultra heavy stuff, you know ? [laughs] He’s one generation older than me, so I had trouble playing him some stuff so he wouldn’t react like « What is this cheesy shit ? ». I had to play him something with a lot of energy. So I played him some late John Coltrane, and he was like « WOW ! ». He really loved it !

Jazz musicians are known for improvising a lot, both on stage and in the studio. What about you ?

Well, yeah ! Improvising is part of my writing. I do write some songs that are completely written out, as if it were classical music. But it is always different when you get in the studio. Things change, I can cut a section out, overdub something that was completely not planned. When you are in there and you hear the music through the speakers for the first time, it is like some things can change.

I saw that you also have a duo planned with Brad Meldhau at la Philharmonie de Paris. Will be only for some gigs or is there an album planned ?

There is nothing in the horizon for a record. This is going to be the second time we do this, as we already did it once in Montreal last summer.

Do you have other plans for some collaborations ? I heard about something with Morgan Agren ?

We indeed discussed about it through e-mail. But back then nothing happened, I think he was very busy at the time working on his new solo album, and I was also busy doing mine… But the idea is there, we will see. Actually, I would like to do a trio with him and Fredrik Thordendal. That would be my thing. I actually have a lot of compositions that I could bring for such a trio !

I think a lot of people woule be interested in such a trio ! Obviously, I think Fredrik is very busy both on the upcoming Meshuggah album and his own upcoming solo album, the latter on which all compositions will be based on improvised drum takes by Morgan Agren and Dirk Verbeuren.

Really ? Man, that’s awesome ! He’s out of control ! [laughs]

And now, last question : do you see yourself with an electric guitar, an eight strings maybe, playing metal in the near future ?

I would love to learn, but I don’t know about that ! Maybe, who knows ? But still, I’d love to do something with a guy from that world !

Interview by Tfaaon

 



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