Les norvégiens de Vulture Industries font partis de ces groupes trop rapidement catalogués "black metal avant-garde". Peut-être ne suis-je pas suffisamment spécialiste en matière de classification pour saisir toute la pertinence du terme. Peut-être aussi que l'originalité de leur mixture les rend moins aisément saisissable.
Toujours est-il que leur métal a une singularité que beaucoup n'ont pas.
A l'écoute de leur deuxième album intitulé malefactor's bloody register, les premières impressions qui me viennent à l'esprit sont lyrique, gothique, théâtral.
Du lyrisme il y en a à foison, que ce soit dans les lignes mélodiques des guitares de Øyvind Madsen et Eivind Huse, ou dans la voix parfois très schizophrène de Bjørnar Erevik Nilsen.
Du gothique, il y en a jusqu'à la lie, que ce soit dans les ajouts de claviers poussiéreux et démoniaques, ou dans certaines mélodies vocales qu'un Nick Cave clouté n'aurait point dédaigné.
Du théâtral il y en a tout au long de l'album, ce qui ne mettra pas tout le monde d'accord. Car il peut être parfois indigeste le grand Vulture Industries Circus ! Ceux qui sont habitués aux pitreries des divers projets de Mike Patton n'auront aucun mal à entrer dans la danse. Ceux qui avaient eu la chance de plonger dans l'univers très singulier des Finlandais de Diablerie retrouveront ces émotions batcave où Kurt Weill semble revenir des morts pour porter le cuir.
Les autres devront fournir un certain effort pour trouver quelques repères. Non pas qu'on soit ici dans ces musiques dites extrêmes, expérimentales, ou je ne sais quoi. Vulture Industries a juste cette qualité qui met parfois des bâtons dans les roues : une personnalité exigeante. Qui demande du temps. Et qui parfois en fait trop, tant le plaisir de dépasser la ligne rouge est tentant.
On passe de tableaux en tableaux, tantôt profond et sombre, tantôt percutant et lumineux. On sort parfois des structures et sonorités du metal, appuyant les intonations gothiques avec un plaisir non feint, et sans offrir son âme damnée au dieu Mainstream. On y revient souvent avec un impact fracassant, à ce metal aiguisé comme une dent de démon.
Je vous rassure. Malgré ce qu'on peut lire par ci par là, il n'y a rien de prog là-dedans...
Ma note : 8,5/10