Blazing War Machine – Blazing War Machine

Visages de craie, maquillages kabbalistiques et lunettes de médecins nazis, le tout sur fond de pentacle vert fluo… le sextet de Blazing War Machine présente un peu comme une fusion entre Rammstein et Dimmu Borgir. Ce qui tombe bien, puisque c’est, à peu de choses près, le but recherché. En effet, rappelons la genèse du projet Blazing War Machine (que nous appellerons BWM par commodité – amis dyslexiques, n’y voyez aucune publicité pour une grande marque automobile) pour ceux qui n’en auraient pas connaissance.

En 2005, Franky Costanza (batteur de Dagoba) et Phil (claviériste, ex-Unealthy Dreams) décident de concrétiser une idée de longue date : mélanger power et black metal, leurs styles de prédilection respectifs. Leur but : parvenir au « mélange parfait entre Cradle Of Filth, Dimmu Borgir et Strapping Young Lad, Fear Factory » (dixit le Myspace du groupe). Question line-up, la formation se fixa après quelques errements avec Izakar (un autre sbire de Dagoba) et Fab aux guitares, Typhus au chant et Strychnine à la basse. Et c’est ce mois de novembre que sort enfin leur premier album (éponyme) chez Season of Mist (ainsi qu’en version digitale, téléchargeable gratuitement sur le web), après cinq années à écumer les scènes françaises, notamment celle du Hellfest  en 2008.


Les premiers fans du groupe ont donc attendu longtemps cette première salve… verdict ?
 

Dès le début de l’album, on se dit que le mélange des genres prend plutôt bien : rythmes martiaux assénés par un Franky Costanza au top de sa forme et riffs speed d’Izakar très « dagobesque » se mêlent parfaitement aux parties clavier malsaines de Phil et à la voix typiquement black metal de Typhus, qui séduira aussi bien les fans de Dimmu Borgir que de Windir. Tous ces éléments sont présents sur le morceau « Swamp », qui ouvre l’album avec un certain brio. Mais dès le second morceau, « Manu Militari », pourtant incroyablement bien emmené rythmiquement par Franky Costanza, on commence à avoir une impression : mélanger power et black metal, c’est comme mélanger le blanc et le jaune de l’œuf… à la fin, il ne reste que du jaune ! Et même si cela reste bien ficelé, pour l’instant on est un peu déçu quant à cette très innovatrice fusion qu’on nous avait fait miroiter… Cependant, on appréciera, à la fin du morceau, l’excellente partie basse de Strychnine, avantageusement mise en valeur. Heureusement, le niveau monte d’un cran avec « Sanguinolentus Kali ». En effet, derrière ce titre un peu cliché (du sang et du latin, la recette classique) se cache un morceau qui, lui, l’est beaucoup plus. En effet, la guitare, plus travaillée, se fait plus hypnotique, plus prépondérante aussi, et surtout nuance le côté black metal de la musique de BWM. Le clavier, un peu mis en retrait, assure une trame sonore efficace et particulièrement malsaine qui enchantera les fans du genre, tout en laissant une place suffisante à la dimension power metal.
 
Il y a donc du mieux, et cela se confirme avec le morceau suivant, « Morbid Sexual Art ». Convenons-en, ce titre est, comment dire… immonde ! Il faut l’admettre, à moins d’être un énorme pervers, on est bien obligé de se demander ce qui s’est passé dans la tête du bonhomme lorsqu’il a décidé d’écrire un texte à propos de « l’art sexuel morbide » ! Et il y a donc de quoi appréhender ce morceau, dont on se dit que ça va être un énième morceau de black ultra-bourrin exaltant le viol des vierges et l’épandage de leur sang sur la place publique… alors qu’en fait, pas du tout ! Sans que nous puissions dire que le morceau n’est pas violent, il est néanmoins sous-tendu par une partie guitare très travaillée, très mélodique et, au final, presque mélancolique… pour un résultat plaisant, et surtout à des années-lumière de ce qu’on aurait pu imaginer. La partie clavier du morceau suivant, « Qui Desirat Pacem », donne également dans ce registre, pour un refrain surprenant, qui pourrait trouver sa place dans un morceau de Within Temptation si Typhus n’était pas là pour nous rappeler que nous écoutons, peu ou prou, du black metal.
 
Avec « Destruction Process 2.0 », BWM nous offre 1 :12 minute de transition très indus, sonorités artificielles et électroniques à l’appui, qui introduit avec à propos le brutal « Rigor Mortis ». Sur ce morceau, pas particulièrement original, on trouvera peut-être la partie clavier un peu redondante par rapport aux morceaux précédents ; mais, de manière générale, c’est l’ensemble du morceau qui apparaît plutôt basique… On est revenu à quelque chose de vraiment black, ce qui continue sur « Autodafé », toujours très (trop) violent et, même si l’ensemble est très bien ficelé, manquant d’un brin d’originalité pour faire décoller le morceau. Puis, une longue intro, de nouveau très indus, ouvre un « Vox Populi » dans lequel les riffs étouffés des deux guitaristes rappellent largement certains morceaux de Dimmu Borgir ; le clavier de Phil alterne efficacement entre sonorités indus (son plein, étouffés, boucles de quelques notes) et d’autres presque symphoniques, son d’orgue en tête, qui accompagnent une excellente prestation vocale de Typhus, irréprochable sur tout l’album.

« Zombie Fragrance » suit à peu près le même schéma, l’excellente intro et certaines parties du morceau usant cette fois de sonorités très électro, qui ne sont pas sans rappeler l’univers de Punish Yourself. Encore une fois, un très bon morceau, dans lequel on sent bien la volonté de mélange des influences et des styles. BWM tient son pari, et ce même si « Brutally Haunted », dernier coup que le combo nous assène dans les oreilles, propose un black metal sans nuance de style, au cours duquel Franky Costanza se livre à une ultime prestation exemplaire.

Blazing War Machine
 

Au final, que dire de la première galette de Blazing War Machine ? Pari tenu ? Globalement, oui, la volonté et la réalisation de ce mélange des genres est sensible, tant dans la guitare que dans le clavier ou même la batterie. Groupe talentueux ? Evidemment, mais on s’en doutait un peu, étant donné le passif des deux membres fondateurs et du guitariste. A ce propos, ressemblant à Dagoba ? Forcément un peu, parfois trop (« Swamp »), mais il paraît difficile de le reprocher à Izakar et Franky Costanza, ce dernier livrant par ailleurs d’un bout à l’autre de l’album des performances plus qu’impressionnantes, le hissant sans nul doute (si ce n’était déjà fait) à la hauteur des plus grands batteurs de la scène metal – signalons au passage qu’il a reçu les félicitations de Tommy Lee (Motley Crüe) il y a quelques semaines, pour sa prestation dans le cadre d’un concours destiné à jouer avec son groupe Method of Mayhem… ça en impose !

Cependant, malgré un gros travail sur le son, et même s’il est très bien arrangé, cet album manque presque cruellement de variété, et dérive parfois dangereusement vers un black metal un peu convenu, palliant son manque d’originalité par une violence musicale (et dans les textes) exacerbée et, pour tout dire, un peu cliché… Une bonne production donc, mais on attend la prochaine en espérant que nos six compères exploreront de nouveaux horizons, sans se contenter d’un ou deux sons nouveaux. D’ici là, âmes sensibles et électeurs de Christine Boutin, s’abstenir !

 

Note finale : 6,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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