On retrouve sur From the Very Depths, les mêmes musiciens qui étaient sur le précédent album Fallen Angels, c’est à dire Rage (guitare) et Danté (batterie) autour d’un Cronos (Basse, chant) très en forme. Sur ce nouvel album, Venom va à l’essentiel, moins de fioritures qui parfois pouvaient gêner l’écoute par un côté trop ridicule ou trop cliché. D’ailleurs, ce nouvel esprit se retrouve aussi sur les photos promos où Cronos porte beaucoup moins de clous et de cuir rouge et bottes montantes jusqu’aux genoux ! Le gaillard s’est-il assagit ou veut-il montrer un côté plus sérieux à sa musique ?
Le visuel est magnifique, dans les tons rouges comme d’ailleurs les fringues en cuir de Cronos lorsqu’il monte sur scène et cette spirale d’enchevêtrement de corps squelettiques qui viennent des profondeurs de l’Enfer, symbolisé par un pentagramme flamboyant, peut-être pour rencontrer les anges déchus qui eux tombaient du Paradis…
Grosse intro (« Eruptus ») et d’emblée une grosse rasade de solos qui nous tombent sur la tronche avant que Cronos vienne nous interpeler d’une voix sûre et parlée. Quelle entame avec ce titre éponyme faisant référence à la présentation du groupe lorsqu’il arrive sur scène et qu’une voix bien profonde nous dise « Ladies and gentlemen, from the very depths of Hell, Venom ! ». Sa voix est plus profonde, plus ronde, plus mature. « I'll ask the question - You will confess - Worshipping Satan - From the very depths ».
A la manière d’un titre de Motörhead, la batterie de Dante nous la fait à la sauce Rock'n'Roll et les riffs ne sont pas sans nous évoquer ceux de Kerry King. Avec « The Death of Rock'n'Roll », ça pulse, c’est électrisant, punk et prend toute le spectre sonore pour vous labourer les oreilles. « Light up the Marshall stacks - We're killing kid creole - With devastating thrash - The death of rock n roll yeah »… (un titre qu’on espère voir jouer cette année à Clisson, en espérant que la rangée d’amplis ne soit pas aussi factice que celle que Venom nous avait montré au Hellfest en 2008 et que le groupe reste sur sa belle lancée du Fall of Summer des plus énergisantes allant droit à l’essentiel.) Avec un morceau comme celui-ci on les prend beaucoup plus au sérieux. Avec le clin d’œil « Lay down your soul to all the gods » faisant référence à « Black Metal » et son « Lay down your soul to the gods Rock'n'Roll ».
« Grinding Teeth » possède aussi un rythme soutenu, avec une belle montée crescendo pour arriver encore à un très bon solo, accentué par un énorme son de basse : du gros thrash bien lourd.
Les morceaux prennent du gallon avec un « Crucified », bonne rythmique mid-tempo donnant de l’ampleur aux anglais : moins approximatif, plus précis ; où encore un « Evil Law » sur le même rythme gorgé de chœurs malsains, de bruitage et de riffs rampants à la Slayer doté d’un solo Priestien… la lourdeur est aussi de mise avec « Mephistopheles » épais, sombre, encore un titre où la voix de Cronos donne toute sa puissance tout en s’amusant à rouler sur les « r » de sa voix la plus graveleuse.
Sur « Smoke » le chant est encore plus caverneux et rentre dedans limite doom et pesant. Du bon heavy bien lourd, loin du ridicule qui pouvait être parfois la marque de fabrique des Anglais, entre la puissance des groupes de la Nouvelle-Orléans et le côté entêtant sludge de ceux de Savannah. Le mariage batterie/riff est prenant, on accroche dès la première écoute, suivi d’un solo intelligent poussant dans des sonorités planantes. Production magnifique avec des musiciens qui sont sur la même longueur d’onde.
« Temptation » titre Death dans son approche avec l’intervention des guitares toujours bien placées. On sent que la réussite de cet album est aussi dû à la patte de Rage qui visiblement s’éclate à nous balancer des riffs et des solos gorgés de feeling qu’on avait pas l’habitude d’entendre sur les albums de Venom.
« Let’go ! » nous dit Cronos, pied au plancher dans une vieille Vauxhall toute cabossée, remis à neuf et customisée « No Future » par une bande de punks jusqu’au-boutistes. L’âme destroy plane sur « Long Haired Punks », un titre qui fait mouche dès la première écoute.
On termine par un faux live « Rise » où l’on entend les fameux cris des Legions (fans de Venom) que Cronos harangue en Live.
Si le dernier Judas Priest vous a laissé sur votre faim, venez jeter une oreille sur la galette du trio de Newcastle qui ne vous laissera pas indifférent quant à l’évolution du groupe, qui prend plaisir à naviguer dans cette univers des plus Heavy et relançant sa carrière de la plus belle des manières.
Lionel / Born 666