Le retour des oubliettes
Scanner revient chez les disquaires 13 ans après son dernier album en date. Après une carrière en dents de scie et de nombreux changements de personnel, le groupe de heavy/speed a décidé de mettre une branlée à qui veut bien l'écouter. Le résultat est The Judgement, un disque puissant, complet et dans l'ère du temps, sans que les Allemands oublient leurs racines old school. Une bonne surprise de ce début d'année.
Qui se souvient de Scanner en 2015 ? Difficile à dire, tant la carrière du groupe est instable et soumise à un line-up tumultueux. En 27 ans, le groupe n'en est qu'à son sixième album et un seul membre a su se maintenir dans la maison-mère tout ce temps : Axel A.J. Julius, guitariste, prodcuteur et leader de la bande.
Pourtant, il serait dommage de passer à côté de The Judgement, toute nouvelle sortie de Scanner, qui promet 55 minutes de bonheur à tout amateur de heavy/speed qui se respecte. École allemande oblige, l'album jouit d'un son massif et énorme qui colle parfaitement à la musique présentée. Véritable usine à riffs, le disque ne souffre d'aucun temps mort, tout en restant riche et touffu, preuve que l'inspiration peut repointer le bout de son nez après autant de temps.
Les mordus de science-fiction n'oublient cependant pas d'accrocher l'auditeur par divers moyens. On remarque que les refrains musclés et dopés par des gros choeurs (école allemande toujours) ne manquent pas de matière et accrochent immédiatement l'auditeur, qu'ils soient sous forme de slogan comme "F.T.B." ou plus mélodiques comme "The Battle of Poseidon".
Cela mène à la question du chanteur. Efthimios Ioannidis de son nom, il signe ici son premier album après avoir officié pendant 12 ans derrière le micro pour Scanner, succédant à la chanteuse Lisa Croft. Force est de constater qu'il s'en sort à merveille, avec un timbre non loin de celui de Ralf Scheepers, il module à merveille, sachant faire vivre des aventures en haute-mer sur "Pirates", se faire plus tragique sur "The Judgement" ou chanter l'urgence de manière tout à fait crédible dans "The Race".
L'interprétation est soignée à tous les étages, avec les guitaristes Axel A.J. Julius et Andreas Zeidler qui s'éclatent en enchaînant des riffs massifs et en tricotant des solos mélodiques à souhait avec un souci de pertinence toujours présent. Pour soutenir le tout, Scanner se retrouve avec une rythmique typiquement allemande avec Jonathan Stell à la basse et Patrick Klose à la batterie : massive et carrée. Sans faire de folie, le duo sert les compos comme il se doit en y apportant la puissance nécessaire.
Si The Judgement n'est pas sans rappeler Judas Priest, parmi d'autres cadors du heavy metal, les influences sont bien digérées et le groupe arrive à transmettre sa personnalité dans une niche du metal d'habitude remplie. Après 13 ans sans sortir d'album, Scanner a décidé de taper du poing sur la table pour revenir en force. Le pari est réussi artistiquement, il ne reste plus qu'à espérer que le succès soit à l'avenant.