Une météorite arrive dans notre paysage musical. Elle ne vient ni de l’espace, ni des pays scandinaves mais de l’Australie et plus précisément de Perth dans l’ouest de l’Île-continent. Ur Draugr est composé de Drew Griffiths (Basse, Guitares, Chant), Maelstrom (batterie) et Dean Lockhart (Guitares), membres passés et présents d’Impiety, Wardaemonic, DeathFuckingCunt et Morphica. On peut dire qu’on va être autant étonné par leur musique que par leur sublime visuel.
The Wretched Ascetic est le premier EP du groupe (un an d’existence) qui annonce la sortie d’un album pour cette année 2015. Cette pochette sublime est l’œuvre de Jeff Christensen, peintre américain autodidacte affectionnant particulièrement la peinture à l’huile. Il se définit comme étant influencé par ce qui le rend mal à l’aise, la méfiance envers les personnes de pouvoir ainsi que par les superstitions et les religions. Tandis que le logo est l’œuvre du belge Christophe Szpajdel bien connu pour son livre Lord of the Logos, livre que devraient posséder tous les amateurs de Black/Death Metal.
D’ailleurs, les amateurs de ce genre musical sur lequel Ur Draugr incrémente une touche progressive du plus bel effet ne pourront faire autrement que de tomber sous le charme de ce premier pas « EP…ique ». Passages acoustiques, ambiances profondes, accélérations, changements de rythme, pulsations effrénées, voix growlées. Ceux qui aimaient Opeth quand il y avait encore un esprit Death au sein des Suédois, ou encore ceux qui se délectent désormais à l’écoute d’Ikuinen Kaamos vont se régaler.
« Unseen Golgotha » commence d’ailleurs avec une guitare acoustique du plus bel effet. Et tandis que les minutes s’égrènent et avant même que nous nous en rendions compte, les musiciens nous attirent dans un Black/Death dépoussiérant doté d’une production grandiose pendant que la batterie nous impressionne dans des rythmes effrénés. Un break qui prend la couleur d’une fausse fin avant de repartir de plus belle. Impressionnant, j’en reste cloué.
Le morceau titre, long de plus de 10 minutes est bouleversant d’intelligence, d’esprit jazzy sans nous installer dans un confort d’un Fauteuil Club en cuir installé devant une cheminée, tenant un Cohiba Robusto d’une main et un Cognac XO de l’autre. Non, la musique nous bouleverse par des sonorités ensorcelantes sous un déluge de blast-beasts mesurés sachant accélérer quand il le faut pour nous donner le contraire quelques seconde après sous des cris de dément sur un tempo plus lent avant de remettre la sauce à nouveau et que le morceau se teinte d’une couleur Black Metal prenante. La musique est peinte à coup de pinceau de riffs transfigurés dans un expressionnisme des plus cinglants, le Divin et l’aliénation, percutants et déroutants. Le titre n’épouse pas les structures classiques de ce que l’on peut attendre : on est étonné tout au long de l’écoute, surpris, retourné comme un vieux 33 Tours rayé, sans parler de la technique archi maitrisée de musiciens hors-norme. Ils savent créer une atmosphère, donner une couleur des plus singulière à un Death technique qui n’est pas ennuyeux comme chez certains.
On pense ici à Deathspell Omega, mais avec un côté Death technique déstructuré qui nous rend tous subjugués par ce qu’il vient de se passer pendant ces dernières 20 minutes. Ce groupe, si il continue comme il vient de le faire, possède le potentiel pour devenir l’un des grands des années à venir.
Le troisième morceau « Sombre Moribund » fait plutôt le lien entre les deux premiers morceaux et ce qui viendra par la suite. Passage acoustique, émouvant, relaxant avec des growls lointains qui rythment la progression du titre.
Franchement c’est un EP dont on ne se remet pas si facilement et si leur premier album (qui doit sortir cette année) est de cette qualité il n’y a pas de doute que ce dernier sera dans les Top Albums de 2015...
Note : 5/5
Lionel / Born 666
