Motörhead – The Wörld Is Yours

« Une musique basique, très forte, rapide, paranoïaque, du rock'n'roll de drogué... » C’est ainsi que Lemmy Kilmister définit la musique d’un des groupes les plus légendaires de l’histoire du metal : Motörhead. Depuis 1975, le power trio, bien qu’ayant connu de nombreuses difficultés, et malgré le départ de deux membres fondateurs sur trois, nous casse les oreilles avec un heavy metal à la limite du hard rock et du bon vieux rock’n’roll. Une formule magique qui marche donc depuis trente-cinq ans, portée par des slogans désormais fameux (« Everything louder than everything else ») et surtout par son chanteur et bassiste Lemmy Kilmister, véritable icône et stéréotype du rocker cradingue, drogué et alcoolisé, accro au sexe et aux décibels. Avec un line-up stable depuis 1996 et l’album Overnight Sensation (le désormais célèbre trio Lemmy-Phil Campbell-Mikkey Dee), le groupe, impressionnant de régularité, s’en tient au rythme prolifique d’un album tous les deux ans. Et c’est donc fort logiquement que, deux ans après l’excellent Motörizer en 2008, il nous livre son vingtième album studio, The Wörld is Yours, qui paraîtra lundi 13 décembre (demain) chez EMI Music. Ceux qui connaissent un peu l’état d’esprit du groupe ne s’attendaient pas à un grand changement sur cet album… Et ils ont eu raison !

En effet, dès le premier morceau, « Born to Lose », lorsque parvient à nos oreilles la voix rauque de Lemmy, amenée par une intro de batterie et un riff de guitare aux allures bien connues, on se dit immédiatement que « non, non, rien n’a changé ». Un son de basse à faire tomber les murs de Jéricho, une double pédale affolée et des coups de caisse claire métronomiques, des solos déviant très rarement des classico-classiques gammes pentatoniques… La même recette de grand-mère, ou plutôt de grand-père (on peut le dire, Lemmy a soixante-cinq ans !) est appliquée inlassablement, album après album, concert après concert… Et le plus fort, c’est que ça marche toujours ! Ainsi, les morceaux « Born to Lose », « I Know How to Die » ou « Get Back in Line » raviront à coup sûr les admirateurs du trio britannique, de même que « Devils In My Hand », dont le refrain plus mélodique qu’à l’habitude (chœurs obligent) en fait un classique en puissance.
Mais, amis lecteurs, vous êtes sûrement perplexes, et à juste titre : est-il vraiment possible que rien ne distingue cet album de ses prédécesseurs ? N’y a-t-il aucune variation stylistique d’un morceau à l’autre ? Et bien, rappelez-vous d’abord que Lemmy lui-même considère la musique de Motörhead comme basique, et que l’ensemble du groupe a pour philosophie de ne jouer que la musique qu’ils aiment et dans laquelle ils sont les meilleurs… Pour la faire courte, l’innovation, c’est pas leur truc ! De surcroit, Mikkey Dee, entendu en conférence de presse la semaine dernière, a déclaré que tous trois considéraient The Wörld is Yours comme un bon album, ce qui veut tout dire ! Mais il a également fait part de son sentiment que cet album était sans doute plus rock’n’roll que les précédents… Et ça, c’est vrai !
En effet, les spectres des vieux monstres du rock planent sur ce nouvel opus, particulièrement sur les morceaux « Waiting For The Snake », « Rock’n’roll Music » au titre parlant : un véritable hymne au genre, tant musicalement que dans le texte. C’est sur le même ton que l’album s’achève, avec « Bye Bye Bitch Bye Bye », un titre ô combien « motörheadien » qui dissimule un morceau ressemblant à un Chuck Berry ou un Bill Haley, dont on aurait multiplié le tempo par trois ou quatre... Un retour éclair aux sixties, histoire de clôturer un album qui, comme d’habitude, nous laisse  avec des acouphènes et une overdose de rock’n’roll !
Mais attention, nota bene, pay attention, pass auf et compagnie : n’allez point croire que cet album ne fût pas autant metal que d’habitude ! Au contraire, les morceaux « Outlaw » et « I Know What You Need », aux riffs blues mais saccadés, accompagnés par un Mikkey Dee au sommet de son art, confirment plus que jamais la convergence de la musique de Motörhead vers le trash metal. Et ce n’est rien à côté d’un « Brotherhood Of Man », dans lequel le chant de Lemmy  ne devient plus qu’un râle agressif, récitant comme une morne litanie un texte puissant sur l’égoïsme et la solitude de l’homme. Un morceau plus glauque, aussi bien dans la musique que dans l’esprit, qui séduira les amateurs de morceaux comme « Assassin » (sur l’album Snake Bite Love).

Mais malgré tout, si l’on considère ce nouvel album dans son ensemble, force est de reconnaître que le fameux « si Motörhead s'installait à côté de chez vous, votre pelouse dépérirait » de Lemmy Kilmister est toujours d’actualité. Comme à l’habitude, bien loin des débats cherchant à déterminer si le trio fait partie de la première ou seconde vague du heavy metal, si ils sont plutôt hard rock, trash ou encore speed metal, leur espritne saurait dévier d’un iota, et le monstre continue de tracer sa route en détruisant tout sur son passage. Ce vingtième volet demeure donc exactement dans la lignée des précédents. Ainsi, si vous les avez aimés, vous aimerez cet album. Si vous faites partie du clan des « Motörhead-c’est-vraiment-du-bruit », passez bien vite votre chemin, car ce n’est pas The Wörld is Yours qui vous fera réviser votre jugement ! Et pourtant, et probablement pour plusieurs années encore, le monde du rock’n’roll, lui, leur appartient.

Note finale : 7/10

Motörhead sur La Grosse Radio

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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