Obituary ensanglante le Divan du Monde
Afin de promouvoir la sortie de son dernier album en date, Inked in Blood, les pionniers du death metal américain ont rendu visite au public parisien après plus de deux ans d'absence. Au programme : Riffs massifs et growls au top pour un groupe qui a décidé de ne pas vieillir. Pour les accompagner étaient présents M-Pire of Evil, Dust Bolt et Rotting Repugnancy. Ils ont su donner, chacun à leur manière, une certaine odeur de souffre à la salle parisienne.
Rotting Repugnancy
La soirée est ouverte par un groupe de death metal britannique qui a tout pour lorgner vers la scène américaine. Bon groove, riffs qui rappellent Slayer et gros son, les quatre gaillards sont prêts à faire bouffer une bonne tranche de rosbif aux spectateurs présents, emmenés par un frontman, Iain Muir, très mobile et assez charismatique pour attirer les regards sur lui, pendant que les musiciens, plus en retrait, se concentrent sur leurs parties.
Malheureusement pour eux, le public n'est que clairsemé dans le Divan du Monde au moment où cette joyeuse bande entre en scène. Mais qu'à cela ne tienne, les quatre Anglais sont déterminés et n'hésitent pas à faire péter le death metal avec conviction et application lors de la demi-heure qui leur est impartie.
Avec un seul guitariste, Harry Mills, fait assez rare pour être précisé, le groupe arrive à envoyer la purée avec une musique proche de celle d'Obituary. Rotting Repugnancy tricote son death metal classique sans autre prétention que de s'éclater sur scène, chose qui est bien visible aux yeux du public. Certains spectateurs n'hésitent pas à se prendre au jeu. Le groupe a peut-être convaincu des fans ce soir-là.
Dust Bolt
Maintenant, place au thrash ! On a ici affaire à un jeune groupe de revival thrash allemand, très attendu par les fans et prêt à tout casser ce soir. Et au public de le suivre comme un seul homme, en formant un moshpit conséquent dès le tout début du concert. Les thrashers vont multiplier circle pits et galipettes en tout genre au rythme frénétiques des compos lancées à toute vitesse de Dust Bolt.
Il faut dire que les petits Allemands connaissent bien la formule. Avec des riffs supersoniques, solos bien tricotés et rythmiques à l'avenant, le tout joué et chanté avec conviction, tout thrasher qui se respecte part au quart de tour. Et pour sa première date parisienne, Dust Bolt montre qu'il sait y faire tout en restant naturel, les nombreuses injonctions sincères de Lenny envers le public faisant foi.
Venus pour promouvoir leur album Awake the Riot, les thrashers ont définitivement gagné des points auprès du public, d'abord en les chauffants comme il se doit avec ce qu'il a fallu de souffre pour réveiller les instincts destructeurs qui sommeillent en chacun, mais aussi en accrochant l'oreille des nouveaux fans avec des chansons simples, mais bien écrites, qui laissent à penser que le retour de Dust Bolt est attendu de pied ferme.
M-Pire of Evil
Arrive maintenant le groupe de Mantas, guitariste historique de Venom, qui vient ralentir le tempo pour présenter un set rempli de chansons old school qui sont autant de classiques, tels que "Die Hard" ou "Don't Burn the Witch", qui ne manquent pas de provoquer les acclamations des différentes générations de metalleux réunies au Divan du monde.
Cependant, si acclamations il y a, le public est loin d'avoir la même excitation que lors du set de Dust Bolt. Tout le monde est statique et silencieux, même lors des refrains-slogans comme celui de "Die Hard". L'assistance arrive à se réveiller pendant "Black Metal", placé en avant-dernière position et commence ainsi à remuer pour mieux éclater sur "Countess Bathory".
A l'image de la musique de Venom, le groupe privilégie la spontanéité plutôt que l'aspect carré, ce qui donnera quelques couacs, comme la guitare de Mantas qui se débranche avant "Hell to the Holy" ou quelques ratés de la part de Tony Dolan sur "Black Metal". Ce dernier amuse également la galerie en se tartinant la bouche de faux sang pendant "Welcome to Hell".
Si le talent et la légende sont là, la prestation de M-Pire of Evil a manqué d'énergie pour passer du stade agréable au stade jouissif. Un léger défaut qui risque d'être gommé facilement tant les musiciens semblent impliqués dans leur groupe et à fond dans leur projet, ce qui est prouvé avec les tournées qu'ils enchaînent.
Setlist :
Demone
Die Hard [Venom]
Hellspawn
Don't Burn the Witch [Venom]
Blackened Are the Priests [Venom]
Carnivorous [Venom]
Hell to the Holy
Welcome to Hell [Venom]
Black Legions
Parasite [Venom]
Black Metal [Venom]
Countess Bathory [Venom]
Obituary
Arrive maintenant la tête d'affiche, Obituary, que le public parisien n'avait pas vu depuis décembre 2012, au cours d'une tournée old school qui réunissait uniquement des titres de Slowly we Rot, Cause of Death et The End Complete. Désormais forts d'un nouvel album réussi et appuyé par les fans, les Américains peuvent présenter un tout nouveau set apocalyptique pour son retour au Divan du Monde.
Force est de constater que la bande des frères Tardy tient à défendre son Inked in Blood en lui faisant occuper presque un tiers de la setlist. Les bourrins "Violence" et "Visions in my Head" s'intègrent parfaitement au reste de la setlist et ne font pas baisser la tension établie par le groupe.
L'album le plus représenté reste le premier, Slowly we Rot, avec pas moins de six chansons, dont les éternels classiques "Intoxicated" et "Stinkupuss", ou des morceaux plus rares comme "'Til Death". Le reste de la setlist se concentre aussi sur la partie old school de l'oeuvre d'Obituary, avec des morceaux de "Cause of Death", "The End Complete" et "World Demise".
Les musiciens sont à ce qu'ils font et interprètent leurs parties à la perfection, aidés par un son puissant, mais qui laisse sa place à chaque instrument, que ce soient les riffs d'outre-tombe de Trevor Peres, les solos bien sentis de Kenny Andrews, la basse puissante de Terry Butler ou encore la batterie précise de Donald Tardy. Tout ce beau petit monde s'éclate bien et personne n'est laissé sur le carreau dans le mix.
Côté chant, John Tardy étonne par la maîtrise de sa voix. A 46 ans, le Floridien chante comme quand il en avait 20, avec ce qu'il faut de gras et de puissance pour aller parfaitement avec la musique sombre et sale d'Obituary. En revanche, il ne se montre pas des plus communicatif avec le public, même lors des temps de battement que s'offre le groupe entre les chansons.
Mais le public n'a vraisemblablement pas besoin des ordres d'un frontman pour mettre la salle sens dessus-dessous. Surexcité, le public n'a de cesse de mosher à tout va, de monter sur scène sans qu'aucun musicien ne bronche (un s'amuse même à se photographier avec John Tardy) pour ensuite slammer dans le public. Le Divan du Monde a rarement atteint un tel niveau d'excitation, preuve qu'Obituary continue de se démarquer dans cette scène death metal impitoyable.
Setlist :
Centuries of Lies
Visions In My Head
Infected
Intoxicated
Bloodsoaked
Immortal Visions
'Til Death
Don't Care
Violence
Stinkupuss
Back to One
Dead Silence
Rappel :
Back on Top
Inked In Blood
I'm in Pain
Slowly We Rot
Photos: Arnaud Dionisio / © 2014
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