Il y a bien longtemps que Nancy attendait de renouer avec un concert metal d’envergure. La majorité des évènements importants se passant désormais à Metz, il est peu dire que l’annonce d’une date des vikings d’Amon Amarth avait fait frémir toute la communauté metal nancéienne, qui avait coché cette date du 4 février depuis longtemps dans son agenda et ce malgré la concurrence de Korn qui jouait à quelques dizaines de kilomètres. Les suédois étaient accompagnés pour l’occasion de Huntress et de Savage Messiah pour une soirée riche en runes et en bière.
Savage Messiah
Les londoniens de Savage Messiah montent sur scène légèrement en avance et démarrent leur set sur « Iconocaust » devant un parterre plus que clairsemé. Les absents ont toujours tort, et aujourd’hui plus que jamais puisque le groupe délivre une claque monumentale d’entrée au public de l’Autre Canal ! Le style évolue au gré des chansons dans un mélange efficace entre les genres particuliers que sont le thrash, le heavy et surtout le power tandis que la foule qui découvre visiblement le groupe se prend tout de suite au jeu et répond de fort belle manière aux sollicitations du frontman Dave Silver.
Ravi de rencontrer du répondant, ce dernier profite des temps morts pour apostropher le public en français. Charismatique, il n’hésite pas à aller chercher son public du regard jusqu’au balcon tandis que son chant sans fausse note, capable de monter haut dans les aigus est assez impressionnant de maîtrise, un peu comme si Michael Kiske se mettait au thrash.
Ses compères se donnent à fond avec leur jeu de scène hyper bien rodé et leur technique tout bonnement impressionnante, à l’image du bassiste Mira Slama au doigté tellement irréel qu’on lui pardonnera d’un poil trop singer Steve Harris. Le son est excellent, ce qui est plutôt rare pour une première partie de ce genre d’autant plus que cela restera une constante pendant la soirée.
Une bien belle découverte que Savage Messiah qui aura su convaincre une salle qui s’est peu à peu remplie et qui acclame les refrains épiques du groupe. 40 minutes de concert bien vite passée et on retrouvera les anglais du côté du merch à la rencontre de leurs fans.
Huntress
Lorsque les américains d’Huntress montent sur scène, les premiers rangs ont déjà largement eu le temps de débattre de la plastique de la chanteuse Jill Janus. Et les spectateurs de Nancy ne sont pas déçus en voyant arriver la jeune femme, véritable attraction à elle toute seule, avec sa tenue moulante et ses doigts peints en effet veuve noire.
Mais si le plan visuel est réussi, on sent que Huntress a du mal à rentrer dans son set durant les premiers titres, devant un public un peu circonspect, qui chahutera d’ailleurs quelques peu le groupe. Les riffs lorgnent vers le heavy metal saupoudrés parfois de black, mais dès que la double pédale s’arrête, on s’ennuie un peu devant les riffs plutôt pauvres du combo. Dommage car quelques fulgurances viennent émaner les trois quart d’heures de set, à l’image de « Children » ou l’excellente conclusion « Eight Of Swords » qui achève de chauffer le public comme il se doit.
En revanche, sur le plan technique, le groupe assure un show irréprochable avec un son une nouvelle fois très bon. Jill Janus fascine totalement par son jeu de scène et surtout sa voix, capable de passer du scream possédé à une voix heavy des plus efficaces avec une facilité et une maitrise qui forcent l’admiration. Ses camarades sont loin d’être éclipsés par son aura et forment une bande hétéroclite assez improbable, entre le guitariste Eli Santana qui fait le show avec ses poses de guitar hero ultra narcissiques toutes droit sorties de Manowar et le bassiste Ian Alden, qui semble échappé d’un groupe de desert rock.
Huntress n’aura donc pas réalisé sa meilleure performance lors de cette soirée, mais le groupe reste intéressant ne serait-ce que par sa démarche musicale assez atypique. S’ils auront certes été moins en vue que le groupe précédent, le public au départ peu convaincu finira en acclamant les américain, en attendant le véritable déferlement viking qui s’apprête à s’abattre sur la salle.
Amon Amarth
Etonnamment, l’Autre Canal n’a pas fait le plein quand l’intro d’Amon Amarth résonne, même si le public qui a fait le déplacement a apporté avec lui une motivation des plus fortes. Les suédois toujours en tournée pour promouvoir Deceiver Of The Gods (en attendant un petit nouveau qui ne devrait logiquement pas tarder) débutent leur set sur l’imposant « Father Of The Wolf », suivi directement par un « Deceiver Of The Gods » déjà promu classique. Les verres de bière volent, les pogos démarrent instantanément tandis que la salle se transforme doucement mais sûrement en un lieu de fête païenne.
Dès le départ, tous les regards sont évidemment tournés vers un seul homme : Johan Hegg. Le colosse suédois, en plus d’afficher sa bonne humeur habituelle s’amuse de la réactivité des spectateurs et en profite pour nous demander de « libérer le viking qui est en nous ». Son charisme naturel fait la différence et permet d’amuser l’assistance, surtout lorsqu’il s’essaye au français à coups de « voulez-vous heavy metal ? » ou « Putain de merde ! »
Sa voix gutturale qui ne faiblit jamais pendant une heure et demie est en tout cas toujours aussi impressionnante et contribue à la puissance des compos de death mélodique épiques d’Amon Amarth. Les musiciens au jeu de scène plus sobre se montrent discrets mais efficaces à l’image de la paire de guitaristes Olavi Mikkonen/Johan Söderberg, toujours aussi carrée et du batteur Fredrik Anderson, pas impressionnant visuellement mais qui assure ses parties avec grande classe, notamment sur l’outro de « Victorious March » rareté issue du premier album Once Sent from the Golden Hall.
Côté setlist justement, pas de grosse surprise puisque les suédois tournent depuis bientôt deux ans avec la même. On a bien sûr droit aux mégas hits que sont « Guardians Of Asgaard », « Twilight Of The Thunder God » ou « War Of The Gods », mais bizarrement ce sont les titres moins connus qui enflamment la salle à l’image de l’infernal « Asator » ou de « Cry Of The Black Birds », moment de communion intense entre le groupe et ses fans. Ces derniers qui s’adonnent sans interruption aux slams et au moshs en tout genre peuvent souffler sur les moins rapides « As Loke Falls » et « The Last Stand Of Frej », qui bénéficient d’un son d’une puissance incroyable. Niveau décorum, exit le drakkar présent sur scène lors des précédentes tournées, le groupe joue la carte du dépouillement en conservant simplement l’immense backdrop aux couleurs du dernier album.
Arrive déjà l’heure du rappel et du traditionnel « The Pursuit Of Vikings » où Johan Hegg demande au public de chanter le refrain le plus fort possible et où un gros wall of death improvisé – le seul de la soirée – se forme. Les cinq membres nous remercient ensuite longuement et chaleureusement tandis que le frontman nous délivre le titre de véritable viking pour avoir survécu à cette soirée.
En bref, que retenir de cette prestation d’Amon Amarth ? Le groupe est toujours maître dans sa demeure sur scène, avec un show musicalement toujours aussi imposant. Attention tout de même à ne pas trop se reposer sur ses lauriers au niveau de la setlist, qui reste quasiment identique de tournée en tournée et qui pourrait finir par lasser les habitués des concerts du groupe. On leur pardonnera ce détail qui n’a pas empêché le public nancéien de passer une soirée excellente, et d’en redemander encore bruyamment lorsque les suédois quittent les planches.
Setlist :
Father of the Wolf
Deceiver of the Gods
Live for the Kill
Varyags of Miklagaard
Asator
For Victory or Death
As Loke Falls
Bleed for Ancient Gods
Death in Fire
The Last Stand of Frej
Guardians of Asgaard
Shape Shifter
Cry of the Black Birds
War of the Gods
Victorious March
Twilight of the Thunder God
The Pursuit of Vikings
Photos : Clémentine Desloges