Morten Veland, leader du groupe Sirenia

En cette période froide voire glaciale regnant sur la France et quelques jours avant la dinde de Noël, quoi de mieux qu'une interview avec l'une des icone du metal gothique norvégien pour nous réchauffer un peu ? Il y a quelques jours, Morten Veland, grand manitou du groupe Sirenia, nous a fait l'amabilité de répondre à nos questions, environ un mois avant la sortie du nouvel album The Enigma of Life chez Nuclear Blast.

Ju de Melon : Bonjour Morten, comment appréhendes-tu l'attente qui va te mener jusqu'à la sortie de l'album le 23 janvier 2011 ?

Morten Veland : C'est toujours une période assez excitante, un moment spécial qui sépare le moment où t'as fini l'album et sa sortie. Tu sais, on met toujours beaucoup d'énergie dans la confection d'un CD, beaucoup de travail, et après tu ne sais jamais quelles seront les réactions et si elles mettrons en valeur ou non ces heures passées. Ce nouvel album est un album typique de Sirenia, en quelque sorte, mais il constitue pour moi un grand pas en avant dans l'histoire du groupe et dans sa direction artistique.

Ju de Melon : Pourquoi avoir choisi le nom de The Enigma of Life pour cet opus ? Y a-t-il un concept ?

Morten Veland : Il ne s'agit pas d'un concept album puisqu'il est formé de 12 chansons indépendantes les unes des autres. Jusque là nous n'avons jamais fait d'album conceptuel avec Sirenia, et ce nouvel opus ne constitue pas une exception en soi. Quand au titre, il est volontairement assez large et ouvert, il a ce côté mystique car il s'agit d'un terme qui "pose des questions" un peu comme la plupart de nos paroles. C'est un bon titre qui résume bien l'idées des thèmes abordés sur ce nouveau disque. Il se marie parfaitement aux sentiments et à l'atmosphère générale de la musique que nous faisons.

Morten Veland, Sirenia

Ju de Melon : Selon toi, et pour donner un avant goût aux fans, quelles sont les principales différences entre cet album et le précédent ?

Morten Veland : Je ne pense pas que ce nouvel album apportera de grosses surprises à nos fans, nous avons essayé ici de peaufiner et d'exploiter au mieux les thèmes et les sons qui ont fait Sirenia ces dernières années mais sans changer de direction. Nous avons beaucoup travaillé sur tous les arrangements de voix, je pense d'ailleurs que nous avons énormément évolué et progressé sur ce point ainsi qu'au niveau des mélodies. Les harmonies sont plus travaillées et plus naturelles. De plus, cet album est composé de 12 chansons, sans compter les bonus, avec pas mal de variations entre les titres. Il y a beaucoup d'atmosphères et d'expressions musicales, je pense que cela devrait plaire à nos fans - aussi bien ceux de la première heure que ceux de la période plus récente. Il y en a un peu pour tous les goûts sur ce The Enigma of Life.

Ju de Melon : Comment s'est déroulé le processus d'écriture de ce nouveau disque ?

Morten Veland : Je n'ai pas trop changé ma façon de travailler à ce niveau, la seule différence c'est que nous avons enfin pu refaire un album avec la même chanteuse puisque c'est le second CD sur lequel Ailyn est présente. Il était temps (rires) ! Nous sommes vraiment très heureux de l'avoir parmi nous car tout se passe parfaitement aussi bien humainement que vocalement. Quand j'ai écrit tout le nouveau matériel de cet album, je me suis senti plus à l'aise en sachant qu'elle était là, alors qu'auparavant je me posais des questions sur quelle voix j'aurais à choisir etc. Il y avait un certain sentiment d'insécurité à ce niveau qui a aujourd'hui totalement disparu... J'ai donc pu me concentrer uniquement sur le côté composition sans avoir à penser au choix d'une nouvelle chanteuse. Le fait que cet album contienne 12 chansons n'est donc pas étranger à cette situation, les fans auront ainsi plus de musique à leur disposition et en auront donc pour leur argent ! Il s'agit du premier Sirenia avec un line-up stable, c'est quelque chose de très plaisant.

Ju de Melon : C'est donc comme tu viens de le dire le second album où la chanteuse espagnole Pilar Giménez Garcia alias Ailyn est présente. Comment se sent-elle et s'implique-t-elle toujours de plus en plus dans la vie du groupe ?

Morten Veland : Tout se passe vraiment très bien pour Ailyn, c'est la personne que nous recherchions. C'est quelqu'un sur qui on peut s'appuyer, elle travaille dur pour le groupe, elle n'abandonne jamais devant les difficultés et elle a un côté très perfectionniste. Elle veut toujours tenter de nouvelles choses dans le but d'améliorer le rendu final, elle n'hésite pas à passer beaucoup de temps avec nous pour bosser ses parties et c'est vraiment positif pour tout le monde.

Ju de Melon : Tu as dit qu'elle voulait essayer de nouvelles choses, l'as-tu aidée à travailler ses growls par exemple ? (rires)

Morten Veland : Je ne pense pas que j'y ai déjà pensé (rires) ! Je m'occupe des growls et elle du chant féminin, je pense que c'est mieux pour tout le monde (rires) !

Ju de Melon : La traditionnelle question qui fait mal... Quel est ton titre préféré sur le nouvel album parmi les 12 et pourquoi ?

Morten Veland : (rires) Ca fait mal en effet, dur de répondre ! Pour cet album j'ai quand même composé entre 30 et 40 chansons je pense... J'ai donc déjà choisi parmi elles celles que je considérais comme les meilleures, donc celles que je préfère ! Ainsi je les ai choisies afin que l'album soit le meilleur possible, du coup je pense que chaque chanson a sa propre histoire et sa force. Pas mal de styles différents aussi, en choisir une s'avère plutôt... très difficile... mais si je dois faire un choix, j'opterais pour "All My Dreams". C'est une chanson très typique pour du Sirenia mais elle a aussi une atmosphère différente, et assez unique par rapport à ce que nous avons pu faire avant. Une chanson très spéciale pour moi car elle représente Sirenia mais amène aussi notre musique au-delà de ce que nous avons déjà réalisé auparavant.

Ju de Melon : Ma préférée pour l'instant est "Winter Land", peut-être inspirée par les conditions météo que nous connaissons en ce moment ici en France... on se croirait en Norvège (rires) !

Morten Veland : (rires) Oui, j'ai vu ça, j'ai été assez étonné d'ailleurs !

Sirenia - The Enigma of Life

Ju de Melon : Prévoyez-vous une grande tournée avec le groupe pour promouvoir ce nouvel opus ?

Morten Veland : Oui absolument, nous étudions actuellement toutes les possibilités afin de construire la meilleure tournée possible. Nous ferons certainement beaucoup de shows en 2011, je suis vraiment heureux d'avoir fait ce nouvel album et je veux le présenter au plus vite aux fans. J'ai hâte de jouer nos nouvelles chansons aux metalleux de tous les pays ! Pour l'instant nous sommes en pleine promotion mais les shows se préparent doucement, nous reviendrons en France en tout cas c'est certain.

Ju de Melon : As-tu d'ailleurs des morceaux préférés que t'aimes jouer en concert ?

Morten Veland : J'en ai plein, sur ce nouvel album par exemple ce sera dur de choisir. Mais il faudra bien ! Puis bon nous avons 5 albums désormais, ce n'est pas évident de choisir une setlist qui peut satisfaire tout le monde... Sinon, parmi mes préférées en live, on peut citer les accrocheuses "The Path to Decay", "Lost in Life", "My Mind's Eye" ou encore "The Other Side", c'est toujours agréable de voir les gens devenir fous quand on se met à jouer ces chansons ! C'est toujours grisant pour un musicien d'assister à un tel phénomène et ça nous rend heureux au plus profond de nous.

Ju de Melon : Si tu devais faire une reprise d'un titre avec Sirenia, lequel serait-ce et pourquoi ?

Morten Veland : Difficile à dire. Nous avons déjà fait une reprise par le passé, une chanson de Leonard Cohen, "First We Take Manhattan". Peut-être que nous en ferons une autre à l'avenir mais je n'ai actuellement pas d'idée précise sur le sujet. A ce moment-là ce serait une chanson différente de notre style qu'on revisiterait à notre sauce, pas quelque chose venant forcément de la scène gothique. De façon générale, je préfère de toute façon écrire mes propres chansons, je suis plus un créateur qu'un adaptateur. Mais rien n'est exclu pour le futur !

Ju de Melon : Tu as collaboré avec une chanteuse française (Fabienne Gondamin) sur le 1er album de Sirenia, At Sixes and Sevens. Nous n'avons plus beaucoup d'info sur elle, sais-tu ce qu'elle devient ?

Morten Veland : Un peu pareil de mon côté, ça fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de Fabienne. Comme tu l'as dit, elle a chanté sur notre premier album, nous l'avions engagée en tant que chanteuse de session. La dernière fois que je l'ai vue c'était en 2004 je crois, quand nous sommes venus en France pour enregistrer notre second album An Elixir for Existence. Elle était venue nous saluer et se rappeler des bons moments passés. Depuis, j'ai perdu le contact, je crois savoir qu'elle a déménagé et quitté la France mais après je n'en sais pas plus... J'espère que tout va bien pour elle et qu'elle travaille toujours dans la musique car c'est vraiment une excellente chanteuse.

Morten Veland, Sirenia

Ju de Melon : Continueras-tu à travailler sur ton projet Mortemia à l'avenir et peut-on s'attendre à un second album ?

Morten Veland : Oh, j'ai vraiment envie de poursuivre cette aventure personnellement, je continue à écrire des chansons pour ce projet et je suis déterminé à sortir d'autres choses sous le nom de Mortemia. Après on verra bien comment cela se goupillera, Sirenia reste évidemment ma top priorité mais il est vrai que je fourmille d'idées pour Mortemia alors évidemment que j'espère fortement pouvoir mettre une suite sur pied.

Ju de Melon : J'ai une question un peu délicate pour toi. Gardes-tu un oeil sur la carrière de Tristania depuis ton départ du groupe ?

Morten Veland : Non, pas vraiment pour être honnête. Euh... Je me concentre sur mes propres travaux et j'ai complètement perdu le contact avec leur musique, depuis longtemps maintenant. Je sais juste que Kjetil Nordhus les a rejoint il y a peu, un très bon ami à moi, il m'a donc un peu parlé du groupe. Mais ça fait longtemps que je ne les ai pas vus en concert ou même écouté leurs récents albums.

Ju de Melon : Question plus générale et personnelle... Comment as-tu aimé/découvert le monde du metal ?

Morten Veland : Très tôt j'ai été attiré par l'univers du hard rock avec des groupes comme Guns n' Roses, Mötley Crüe et toute la scène glam de Los Angeles. Et ce dès les années 80 ! Après je me suis endurci musicalement avec les premiers Metallica... Lorsque j'ai commencé ma carrière en 1992, je jouais du rock/hard rock de base et ce n'est qu'à partir de là que j'ai découvert le rock gothique britannique, des groupes comme Sisters of Mercy et The Mission. C'est à partir de là que j'ai commencé à évoluer, ce côté gothique et obscur a révélé pas mal de choses en moi et du coup j'ai un peu changé de style au niveau musical tout en gardant mes racines. Avec le temps, la musique que je jouait devenait de plus en plus une sorte de fusion entre gothique, rock et metal. Et avec une touche plus classique, Sirenia est ainsi né !

Ju de Melon : Parle-nous de la scène metal norvégienne, comment évolue-t-elle ?

Morten Veland : Disons que je connais bien cette scène car, quand nous avons commencé à jouer au milieu des années 90, nous avons débuté en même temps que des groupes gothiques dans le même style. Ici à Stavanger, nous sommes pas mal à avoir évolué dans le genre... Tristania donc, Theatre of Tragedy, Sins of Thy Beloved ou encore Gehenna. Mais peu à peu, on dirait que la musique se meurt ici, de moins en moins de groupes se forment et d'autres arrêtent comme récemment Theatre of Tragedy. C'est assez triste à constater (rire jaune), la relève ne semble pas assurée... Certains émergent mais dans un style différent, plus proche du rock. Mais bon, c'est la vie...

Ju de Melon : Connais-tu et apprécies-tu des groupes français ? Si oui, lesquels ?

Morten Veland : (hésitation) ... Je ne vais pas me faire des amis (rires), car je n'en connais pas beaucoup pour être honnête, je ne suis pas très au courant de ce qui se passe chez vous musicalement. Ah si, je connais un groupe : Nightmare, j'ai même un album d'eux car ils ont enregistré au même endroit que nous à Marseille, c'est là que je les ai connus. Il y a aussi un autre groupe français que j'ai croisé dans les mêmes conditions mais dont j'ai oublié le nom... désolé (rires) !

Ju de Melon : Quels albums as-tu aimé écouter en cette année 2010 qui touche à sa fin ?

Morten Veland : Etant trop occupé avec ma propre musique cette année, je n'ai vraiment pas pu me tenir au courant des diverses sorties. Je travaille vraiment à temps plein sur mes chansons, ce n'est pas évident pour moi de découvrir ou écouter d'autres groupes pendant ce temps. Je reste un peu bloqué sur mes classiques des années 70 ou 80, voire début 90... (rires)

Ju de Melon : Est-ce que la disparition de Peter Steele (Type O Negative) t'a profondément touché ?

Morten Veland : Oui absolument, c'était une nouvelle vraiment horrible à apprendre sur le coup car on ne s'y attendait pas. J'ai rencontré Peter à une reprise, c'était à Oslo, et évidemment j'étais un grand fan de sa musique... Sa disparition arrive bien trop tôt à mon goût.

Morten Veland, Sirenia

Ju de Melon : Merci beaucoup de nous avoir accordé cette entrevue, as-tu quelques mots à rajouter notamment pour les fans français du groupe ?

Morten Veland : J'aimerais saluer tous les fans français de Sirenia, en espérant les voir très bientôt sur la tournée. On espère vraiment venir vers le printemps et peut-être aussi à un ou deux festivals...

Ju de Melon : Peut-être que vos fans devraient appeler les organisateurs du Hellfest pour que vous y soyez programmés (rires) !

Morten Veland : (rires) Pourquoi pas, il y a toujours plein de possibilités de toute façon, et nous vous tiendrons au courant bien évidemment. Rien d'officiel n'est décidé pour l'instant.

Ju de Melon : Passe une bonne fin d'année et à très bientôt !

Morten Veland : Merci, toi aussi, bonne soirée.

Sirenia sur La Grosse Radio



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