On les entend déjà, nos amis lecteurs réguliers de La Grosse Radio metal, qui nous diront : « la chanteuse Anastacia dans la section metal ? Mais comment, pourquoi, d’où ? Qu’est-ce qui justifie cela ? ». Perspective d’un duo prochain avec Nergal de Behemoth ? Featuring chez Megadeth ? Nouvelle choriste live de Toto ? Et bien presque ! Car lorsque la chanteuse américaine - que l’on soupçonnait déjà d’affinités hard rock plutôt prononcées - annonce qu’elle part en tournée avec Fyre! , groupe emmené par une hard rockeuse à la Pat Benatar et fondé par les ex-Metalium, l’on se dit qu’il y a comme du coming out musical dans l'air, et de quoi aller mener l’enquête !
Fyre!
Alejandra
Groupe au line-up international, Fyre ! s’est fondé il y a quelques années sur les cendres des métalleux de Metallium (pléonasme ?) : Lars (basse) et Tolo (guitare), charmés par la jeune et jolie Alejandra Burgos, chanteuse et guitariste dynamitée, décident alors de reprendre du service sur la scène internationale, avec une mouture bien plus hard rock aux accents bluesy cette fois-ci, et menée par le woman power (l'interview du groupe ici). Après la sortie d’un premier album, intitulé Missy Powerful, les Fyre ! se retrouvent ni plus ni moins embarqués sur la tournée européenne de la star Anastacia. On aura vu plus précaire comme introduction aux scènes de notre vieux continent, vous l’accorderez !
Lars Ratz, ex-Metalium !
Guitares incisives et chant féminin rocailleux nappés dans un rêve de violet (« purple », chez nos amis anglophones), tel est le cocktail de nos amis hard rockeurs. La sauce prend immédiatement, et le public réagit de manière très enthousiaste aux sollicitations d’Alejandra & cie qui entament un « Crazy Little Woman » entêtant. Seule ballade du set, « No Happiness » évoque les grandes heures du hard rock 80’s à la Scorpions.
Echange généreux avec le public, jeu de scène dynamique, chansons aux allures de tubes : Fyre ! arrive non seulement à capter l’attention du Trianon ce soir, avec leur bonne humeur et en établissant un lien astucieux avec la tête d’affiche (lien étant : une musique rock / hard rock menée par une femme de caractère), mais ils récolteront également de nombreux fans, notamment grâce à leur disponibilité d’après-show et leurs frasques bon-enfant.
Setlist :
Crazy little woman
We are here
No Happiness
Stay until the moonshine
I love to rock
The devil is me
Get the hell out
Anastacia
Lorsque la reine arrive sur scène, c’est un Trianon déjà fort bien mis en appétit qui la redécouvre. Celle qui se fait plutôt rare en Europe, et qui avait été contrainte d’annuler sa tournée d’octobre pour raisons de santé (pour la reporter à en ce moment, donc), est attendue comme le loup blanc ce soir. Entamant le show sur le carton « Left Outside Alone », la blonde atomique éprouve un peu de mal à se mettre en voix sur le tout départ. Mais à partir de « Pieces Of A Dream », le vent tourne et la voix commence à donner. Dans un registre puissant d’alto (non dénué de pointes aigües notoires qui emportent tout sur leur passage), elle fait totalement corps avec la toile rock tissée par ses musiciens.
Loin de la notion désuète de « backing band », le groupe d’Anastacia s’avère un véritable groupe, qui bastonne façon hard rock tandis que ses deux choristes, ajoutent la texture soul qui crée précisément la couleur pop qui caractérise la musique de l’artiste. On appréciera beaucoup le fait qu’elle prenne le temps de présenter chacun de ses musiciens, sans tarir d’éloges sur eux, rétribuant ainsi décemment le travail de chaque collaborateur. Car un show c’est ça : la conjonction d’une foultitude de petites mains et fourmis laborieuses, qui œuvrent de concours pour générer la magie. Anastacia, à mille lieux de l’attitude de star blondinette capricieuse, le sait parfaitement. Et c’est, encore une fois, en cela qu’elle est rock : anticonformiste, indomptée, et dotée d’une voix (et d’une crinière !) de lionne.
Celle qui se surnomme volontiers « survivor chick » (« nana survivante / guerrière ») calme un peu le jeu, et dévoile toute sa vérité sur un court set acoustique de toute beauté. Elle entame « Heavy On My Heart » et n’hésite pas à pratiquer l’autodérision quant à son cancer récidiviste qui aura frappé il y a trois ans (« my cancerszzz ; yes, few people can put an « s » on the word ! I can ! », « mes cancers ; et oui, peu de gens peuvent mettre ce mot au pluriel ! Moi oui ! »). Continuant sur « Stay », elle brille, tant scéniquement que vocalement, et parvient à scotcher littéralement l’assistance, avant de se livrer au jeu du Q & A (questions & answers, questions / réponses). Moment interactif très drôle, au cours duquel Anastacia tire au hasard quelques questions parmi celles déposées dans sa boîte magique par les fans (à disposition juste avant le concert, sur son stand de merchandising) et tente d’y répondre.
Quatre questions seront tirées au sort, parmi lesquelles celle de la photographe de chez nos copains de Rock’n’Roll Train (« Anastacia, est-ce que tu es une fan de heavy metal ? », évidemment !) et celle de votre fidèle serviteur ! Je souhaitais en savoir plus sur la chanson « Heavy On My Heart » (ma préférée d’elle), mais comme elle venait d’y répondre, inconsciemment, cinq minutes plus tôt en la présentant puis l’interprétant, j’en profiterais ainsi pour lui demander son autorisation de la reprendre en version hard rock, avec mon propre groupe ; proposition à laquelle elle consentira avec joie, avant de m’adouber par le câlin salvateur ! Grand moment d’humanité et d’humilité, d’autant plus impressionnant que nous parlons pourtant d’une artiste interplanétaire que même les pierres connaissent…
Elle nous a avoué, on stage, ne pas être foncièrement une fan de heavy metal ; elle l’est, en revanche, largement, de hard rock : Anastacia entame « Back In Black » puis « Sweet Child O’Mine», présents sur son album de reprises d'Aerosmith, It’s A Man’s World (2012). Son coffre et son attitude collent totalement au style, et notre amie démontre ainsi de manière probante son appartenance à notre belle famille ! Le show continuera de se dérouler sur cette touche, et la suite des tubes de la chanteuse ne dénotera pas d’un poil. « One Day In Your Life » et sa superbe progression harmonique dramatique marquera un rappel chaudement sollicité par le public d’un Trianon conquis, totalement acquis à la cause de la chanteuse. « I’m Outta Love », tube que même votre voisin croque-mort et fan de Cannibal Corpse connaît par cœur, sera scandé par le public entier (souvent plus bruyant que le groupe lui-même). Et toute la joyeuse troupe de nous souhaiter une douce nuitée, bercée par les réminiscences des sonorités suaves & riches de la soirée.
Du grand spectacle, efficace à l’américaine, interactif, généreux, honnête ; sans fard, mais non dépourvu des belles paillettes Swarovski qui ornent la tenue de scène étincelante d’Anastacia. Un band solide, au sein duquel règne une grande camaraderie et complicité ; une franche amitié avec le groupe de première partie, Fyre !, qui ne manquera pas de marquer les esprits ; un show haut-en-couleurs, tout à la fois hard rock, rock, soul, pop, funk ; des sonorités chaudes sur des tubes texturiens ; c’est simple : tout est là ! Mais ce qui restera le plus dans les esprits sera l’attitude sans concessions de l’artiste américaine, sa forte personnalité qui dégage une allure d’icône du rock, l’évocation franche de ses combats et états d’âmes, et sa mise-à-nu émotionnelle complète. Une profonde humanité et sincérité qui malheureusement manquent dans les shows de rock actuels, devenus par trop stéréotypés et chiqués. Amusant qu’une chanteuse étiquetée « pop » parvienne pourtant à exhalter cet esprit …
Setlist :
Left Outside Alone
Staring at the Sun
Sick and Tired
Pieces of a Dream
Welcome to My Truth
Set acoustique : Heavy on My Heart / Stay
Séquence Q & A
Back in Black (cover AC/DC)
Sweet Child O' Mine (cover Guns N’ Roses)
The Other Side of Crazy
Defeated
Evolution
Stupid Little Things
Paid My Dues
Rappel :
One Day in Your Life / I'm Outta Love
Liens Utiles :
Le site officiel d'Anastacia
Le site officiel de Fyre !
Photographies de : Marjorie Coulin
Un grand merci à Karine Sancho Promotions.