Le retour qui pique
Après avoir annoncé son départ de la scène et fait une tournée d'adieux de plus de trois ans, Scorpions a décidé de revenir sur sa décision. Les Allemands préfèrent donc féter le cinquantième anniversaire de leur formation en sortant un album composé de chansons basées sur des démos des années 80. Le résultat est en demi-teinte. Si le feeling est définitivement eighties, l'inspiration et variable, allant de l'entraînant au banal.
Les papys du hard font de la résistance. Tout le monde pleurait leur départ annoncé en 2010, alors que la marque qu'ils avaient apposé sur le monde du hard rock reste indélébile. On les a d'abord vu plus ou moins en forme sur les concerts qu'ils donnaient, mais l'envie et les sourires persistaient. Puis la tournée s'est éternisée, avec en parallèle la sortie de la compilation de réenregistrements Comeblack et du MTV Unplugged: live in Athens.
Maintenant, c'est un nouvel album qui sort, Return to Forever. Après avoir innové et touché au hard rock (voire au metal) moderne avec Unbreakable et Humanity : Hour 1, le groupe se met à fixer le rétro-viseur. Ainsi, de vieilles démos des sessions de Blackout, Love at First Sting et Savage Amusement sont déterrées pour sortir un album qui mettra le plus de fans d'accord, étant donné qu'il s'agit des sommets commerciaux de Scorpions.
Cependant, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous le long des douze chansons qui forment Return to Forever. Les références au passé sont évidentes, avec "We Built this House", single sympathique bâti à partir des plans de "No One Like You", "Rock n'Roll Band", déjà présente en version acoustique sur le MTV Unplugged: live in Athens. qui donne envie de monter le son à la manière d'un "Coming Home" et, évidemment, les ballades, dégoulinantes à souhait, comme "House of Cards", qui donnerait même des carries à Europe.
Si certaines chansons font taper du pied ("Goin' Out with a Bang", "The Scratch"...), l'ensemble a tendance à traîner en longueur. Si le plaisir d'écouter les riffs de Rudolf Schenker et la voix de Klaus Meine fera battre le coeur du fan en manque de venin, la qualité du disque s'étiole. Les morceaux qui ferment l'album, comme "Gypsy Life", ont leurs qualités, mais l'ensemble est trop répétitif.
De plus, une odeur de formol commence à chatouiller les narines de l'auditeur. A force de trop regarder du côté des années 80, on finit par s'emmêler les pinces. L'inspiration de Scorpions semble s'étioler, ce à quoi on ajoute une attitude passéiste qui ne sied pas aux Allemands. Un titre comme "Rollin' Home" aurait pu marcher en 1981, mais est trop ancré dans son époque pour faire crier les foules en 2015.
Trop de cliché tue le cliché et Scorpions, malgré de bonnes idées, sort "l'album de plus" avec Return to Forever. Pas foncièrement mauvais, cet album s'inscrit dans une démarche passéiste qui le met d'office en-dessous des grands disques du groupe. De plus, les longueurs viennent ajouter une nouvelle ombre au tableau