Autant le dire franco, c'est la première fois que j'écoute ces petits gars. Mais il semblerait que leur opus précédent ait fait l'unanimité ou presque, et leur a permis de tourner avec... KYLESA et MASTODON (tiens tiens...). Les rythmiques pachydermiques côtoient donc des passages plus atmosphériques/psychédéliques, tandis que la voix, tantôt growl, tantôt claire, est également capable de trouver un juste milieu notamment sur certains refrains, et se rapproche alors de Jaz Coleman (KILLING JOKE). Le parallèle avec la blague qui tue ne se limite pas à une simple tonalité, car les structures alambiquées font de la plupart des compos des labyrinthes hypnotiques dont les détours prennent de nouvelles formes à chaque écoute. "Elegy", outre qu'il rappelle un peu beaucoup ses influences, est une chouette réussite, qui parvient à développer sa propre originalité grâce à un côté prog assumé, tout en s'inscrivant clairement dans la scène ricaine précédemment évoquée. Ce n'est pas le seul, car les deux autres longues pièces qui suivent, "Above" et "Miasma" sont du même tonneau, le premier très aérien (on pense presqu'au dernier CYNIC par moments), le second plus brutal et déstructuré.
Alors certes, encore faut-il apprécier le son très massif de ce genre musical. Le fait que le spectre d'autres formations plane de façon parfois insistante sur les titres ici proposés. Et que finalement, tous ces groupes ricains, aussi appréciable que puisse être leur démarche, ont une certaine tendance au mimétisme. Seuls les plus talentueux parviennent à se sortir complètement de la masse, ce qui n'est pas totalement le cas d'INTRONAUT. Car la suite de l'album se gâte un peu. Après les ambiances développées sur les titres précédents, "Sunderdance" et "Below" n'apportent rien au schmilblik, nous donnant la fâcheuse impression de tourner en rond. Non pas que la suite soit mauvaise, mais les riffs auraient gagné à être plus originaux ou variés. En bref, il manque un petit plus de diversité et de folie qui avait permis au grand frère de ce "Valley of Smoke" de remporter tous les suffrages. "Core relations", nouvelle longue pièce qui tutoie les 7 minutes, est excellente, mais fait un peu redite après les 3 titres d'ouverture.
Reste la magnifique chanson titre aux ambiances très travaillées pour emmener l'auditeur très loin une nouvelle fois. Percussions, progression complètement antinomique et passionnante, changements d'ambiances venus d'ailleurs, il est vraiment dommage qu'INTRONAUT ne remporte pas tous les suffrages, car il a assurément de sérieux arguments à faire valoir. Ces quelques défauts sont assez symptomatiques d'une scène qui cherche, qui se cherche, qui est encore en train d'émerger. Les croisements progressif/doom/sludge/post-hardcore/atmosphérique ont le vent en poupe et sont actuellement le terreau le plus riche pour l'innovation métallique, reprenant la place laissée vacante par la scène nordique européenne. Si le résultat n'est pas toujours passionnant de bout en bout, la démarche l'est assurément. L'année qui s'annonce devrait ainsi voir le retour de BETWEEN THE BURIED AND ME, autre combo passionnément bordélique (ou bordéliquement passionnant). Valley of Smoke n'est peut-être pas le plus grand accomplissement de ses créateurs, ni celui de la scène évoquée, il n'en reste pas moins un album d'une grande richesse qui apporte une fraîcheur bienvenue à un style (le métal) qui en a bien besoin.
Ma note : 7,5/10