Les Islandais de Sólstafir étaient grandement attendus en live pour soutenir leur dernier opus en date, l’excellent Ótta. Les titres créés en studio passeront-t-ils le couperet de la scène et du public ?
Nordic Giants
Le mystérieux duo (anglais ?) Nordic Giants arrive sur une scène du Nouveau Casino bien encombrée entre les amplis, claviers, batterie, écrans devant et derrière la scène, plus tous les autres instruments. Un sacrée bardas si bien qu’on se croirait à un concert d’Ulver mais pour seulement deux musiciens. Ils arrivent en plus sur les planches, accoutrés de costumes rappelant Quetzalcoatl (le serpent à plumes aztèque) dont on comprends d’ailleurs difficilement le rapport entre ces déguisements et la musique qu’ils proposent… En effet nos étranges volatiles, naviguent dans un style particulier mélangeant musique de film, ambiant planant et électro parfois assez rythmé.
Une musique en adéquation avec les vidéos projetées dont un court-métrage au concept très intéressant filmé à la manière d’un slasher des années 80 : The Last Breath visible ici
Cette musique qu’en est-il justement ? Et bien elle lorgne sans vergogne du coté de pointures telles qu’Archive, Massive Attack, Ulver, mais surtout The Cinematic Orchestra et les excellents In The Nursery. Cultivant un mystère à la Daft Punk même sur leur nationalité, jouant de la guitare avec un archet (quelle nouveauté) et ayant même un logo pouvant faire penser à beaucoup de groupes de metal !
Et le problème est là. Est-ce que les nombreuses références, les costumes, les vidéos, le mystère autour de vos personnes (egos ?) font de vous un groupe original ? Et bien pas vraiment et le public stoïque et silencieux durant la plus grande partie du set le montre bien. Puiser allègrement dans autant de groupes véritable références dans leurs genres, est à la limite du plagiat. Pour ne pas arranger les choses : la communication est absente, ils sont le plus souvent dans la pénombre, le volume est bien trop élevé même à travers les bouchons. Bref, trop de détails qui n’aident pas a s’immerger dans l’univers du duo.
Pour finir sur une note positive, on peut leur accorder le mérite d’exister car sans avoir la palme de l’originalité ils peuvent surtout inciter le public à aller découvrir les très bonnes références qu’ils ont fait leur car tellement plus intéressantes !
Sólstafir
Le moment tant attendu arrive enfin dans un Nouveau Casino comble. Les cowboys insulaires venus du froid entre en piste sous les applaudissements du public acquis à leur cause. D’entrée, on apprécie que le son soit moins fort que les géants mais reste puissant et clair pour apprécier, comme il se doit, les morceaux des Islandais. Des morceaux tirés en grande partie des 2 derniers très bons albums en date. Des titres dont l’originalités et la personnalités sont la force de ce groupe grâce car très inspirés, mélodiques, accrocheurs, parfois bruts mais n’ayant pas peur d’accélérer la cadence, ni d’allonger le temps des pistes ("Ótta", "Djákninn") sans jamais les rendre ennuyeuses. C’est le ressenti des albums studio que l’on retrouve avec plaisir face à nous ce soir car joué avec justesse et envie dans une belle dépense d’énergie communicative.
Energie qui passe également par la voix très spécial de Aðalbjörn qui chante avec conviction. En effet, comme sur support physique, sa voix est tantôt juste, clair, mélodieuse et tantôt, dans une même chanson, quasi fausse et éraillée. C’est d’ailleurs la chose la plus "difficile" à appréhender quand on découvre Sólstafir mais qui lui donne une grande partie de son caractère, de sa singularité et de sa sincérité artistique.
Réputé froid dans leur communication, les gens subissant des hivers longs, froids, sans soleil, ne sont parfois pas plus bavards, mais avec Aðalbjörn, ce n’est point le cas. Expressif, souriant, arguant la foule, lui demandant quels titres elle veut maintenant. Une complicité appréciée par la salle qui répond sympathiquement et avec humour.
Moment intense aussi lors du rappel, en effet Aðalbjörn ne cachera pas son émotion lorsqu’il dédira le titre "Fjara" à son amie Mariane Séjourné, alias LSK (bassiste d’Antaeus, Hell Militia et Vorkreist) a qui il rend hommage à chaque passage en France depuis sa tragique disparition en octobre 2013 à seulement 36 ans. On sent que le chanteur a les yeux remplis de larmes car c’était sur la date Long Distance Calling, ici au Nouveau Casino le 15/03/2013 qu’il l’avait vu pour la dernière fois...
Une prestation sans faille n’ayant subi qu’un malheureux petit incident technique sur l’intro de l’excellent Ótta dont l’instrument emblématique du titre, le banjo, n’a pas du tout été audible, dommage.
Hormis cela rien à redire, simplement enjoué par ce concert très attendu qui a tenu toute ses promesses. Bravo.
Setlist :
Náttfari
Köld
Lágnætti
Rismál
Ótta
Djákninn
Dagmál
78 Days in the Desert
Svartir Sandar
Encore :
Fjara
Goddess of the Ages
Reportage par Arnaud / Ananta
Photos : © 2014 Lionel /Born 666
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