Un petit Enki pour 4h ?
Melechesh est de retour ! Le groupe israélien (à présent relocalisé aux Pays-Bas) avait frappé un grand coup en 2010 avec The Epigenesis, manifeste de black/thrash metal orientalisant grâce à des riffs à s’en arracher les cervicales renforcés d’instruments tradionnels. Ce 5e album était une franche réussite. Cinq ans après, Ashmedi et sa bande nous reviennent avec Enki. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Malgré une scène metal plus diversifiée que jamais, il est pourtant devenu difficile pour les groupes de se forger une identité musicale unique. Alors que certains se contentent de réutiliser des recettes qui ont fait leurs preuves (il suffit de voir le revival 70’s de ces dernières années pour en juger), Melechesh fait partie de ces formations qui tentent de repousser encore un peu plus les limites. Un acte tout à fait louable, d’autant plus qu’ils le font à partir du style ultra balisé qu’est le black metal.Avec des albums tels que Sphynx (2003) ou Emissaries (2006), le groupe israélien s’est fait une place parmi les formations les plus innovatrices du genre.
Un simple coup d’œil sur la pochette accompagné des premières notes de "Tempest Temper Enlil Enraged" et nous voilà embarqués pour un voyage dans l’espace, mais aussi dans le temps. Car c’est à nouveau en ancienne Mésopotamie que Melechesh nous emmène (Enki étant la divinité mésopotamienne des eaux douces souterraines, de la sagesse, de la magie, de l’exorcisme et, bien évidemment, des arts !). Le sitar apaisant du début est ensuite écrasé sans pitié par un riff dévastateur. Plus aucun doute : les cervicales souffrent toujours autant sous les assauts de cette musique jonglant si bien entre les codes thrash, black et arabisants. Aucun de ces trois éléments ne dépasse jamais les autres, créant ainsi un équilibre exemplaire.
Parmi les titres les plus marquants de l’album, on peut compter le single "Lost Tribes", sur lequel Ashmedi est assisté au chant par un Max Cavelera en véritable plus-value ou "Enki - Divine Nature Awoken" qui marque une collaboration évidente (tant la démarche des deux groupes est similaire) avec Sakis Tolis, chanteur de Rotting Christ, dont la voix sur les parties « ritualisées » du titre fait des merveilles.
Enki ne déstabilisera en tout cas aucunement les fans des précédents travaux de Melechesh. Le groupe reste si fidèle à lui-même que le riff du très thrash "Metatron and Man" rappelle énormément celui de l’excellent "Grand Gathas of Baal Sin" du précédent opus. Même le traditionnel morceau instrumental et folklorique est bien présent avec "Doorways to Irkala".
Tout au long des neuf titres, Melechesh nous rappelle quelle puissance se dégage de sa musique. La recette ne change pas, assurant ainsi une écoute toujours aussi réjouissante. Enki est simplement une nouvelle victoire. Un opus énergique et fun qui cimente encore un peu plus la carrière du combo israélien