Nachtgeshrei – Ardeo

     Quand je tombe sur un groupe avec un nom pareil (genre on en a plein la bouche) qui affiche un style metal médiéval, je m’attends toujours à un truc bien dur avec un fort accent festif/bourrin/soiffard qui boit l’hydromel dans le crâne de l’ennemi… Que du bonheur quoi. En plus avec un label comme Massacre Records j’étais plutôt emballé. Mais que nenni en ce qui concerne Ardeo, le dernier opus des allemands de Nachtgeshrei.

     Il s’agit donc de situer les choses. Ici les guitares sont légères et en retrait, la rythmique est aérée, ronde mais sans lourdeur. Si la batterie se fend bien de quelques agrémentations, elle reste globalement sobre. Les notes longues sont favorisées, ce qui écarte toute notion de brutalité, de dureté et de nerf.
     La part belle est faite aux instruments médiévaux qui fondent le style musical. Ainsi la cornemuse, la vielle ou encore l’accordéon posent une ambiance et une couleur qui font la personnalité du groupe.
     Enfin, autre élément important, la voix qui est très douce, claire et mesurée. Hotti ne fait jamais preuve de rage, d’excitation ou d’explosion (qui sont quand même des ingrédients habituels pour nos oreilles raffinées). La qualité n’en est bien évidemment pas altérée et il brille par sa justesse et sa force d’interprétation qui lui permettent d’habiter différemment les morceaux en fonction des besoins, des ambiances. Les lignes de chant sont d’ailleurs très bien construites avec des mélodies fines et accrocheuses.
     Cet état de fait est donc à souligner : nous avons là un très bon album, mais il est souvent plus proche de la pop-rock que du metal.

     La voix est donc claire et hyper distincte, ce qui me laisse penser qu’une place importante est faite aux textes. Mais, comme mes connaissances en allemand sont un peu moins bonnes qu’en patois togolais, je dois bien avouer que cet aspect des choses m’échappe et que je trouve pas mal de longueurs dans la musique du groupe.

     Deux constats peuvent être faits : le groupe affiche une personnalité très claire qui rendent chacun de ses titres identifiable et, en même temps, il se permet de jouer sur une palette assez large en variant les tempi et les intensités.
     Ainsi, après un An Mein Ende engageant et envolé qui introduit bien l’album, Kein Reiner Ort se fait plus redondant et posé. Herzschlag est déjà plus mordant et tend vers le heavy. Avec Herbst on est carrément dans la ballade (et ce sera pas la seule) qui débouche sur Ad Astra, une ritournelle instrumentale aux allures de voyage dans le temps à l’époque de Godefroy le Hardi. Vient ensuit Ardeo, un bon rock ternaire lourd et lancinant. Avec Ich Hoer Nichts Mehr, je me rend compte que la sauce prend moins quand le ton se veut plus grave, mais la compo présente une bonne alternance entre couplets sombres et refrains plus joyeux. Soweit Wie Noetig (putain je vous explique pas comment je me suis marré pour recopier les titres) est lente, mais la tension rythmique qui y règne et soutient l’ensemble en fait l’un des meilleurs passage du disque ; l’accent allemand parfois malhabile sur les chansons douces passe très bien et ne jure pas. Après quoi Lichtschimmer, encore une ballade, paraît bien fade et limite « gnangnan ». On continue en beauté avec un Hinter Deinen Augen musclé (par rapport au reste !) et la boucle est bouclée avec un brin de mélancolie sur Der Reisende.

     Voilà, le portrait se veut complet et il me faut reconnaître la valeur de cet opus. Mais si la qualité de la prod’, des compo et de l’exécution sont au rendez-vous, il me manque incontestablement un grain de folie et de tripes. Et quand le fond manque de consistance, il est bien difficile de se rattraper du côté de la forme…

La note de Bassayaya... 5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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