Avec leurs albums précédents albums studios, Helrunar nous avait habitués à nous envoyé son gros black metal en provenance d’Allemagne nous contant des histoires inspirées de la mythologie nordique. Mais en 2015 avec Niederkunfft, Helrunar pose les fondements d’une nouvel ère pour le groupe autant musicalement que conceptuellement. Ici, Skald Draugir (que l’on retrouve aussi dans Árstíðir lífsins et son nouvel album Aldafödr ok munka dróttinn bientôt chroniqué sur La Grosse Radio) se penche sur l’histoire des peuples européens entre le Moyen-Âge et les temps modernes plongés dans la peur et les superstitions, l’obscurantisme, les religions et le temps de Lumières.
La musique a subi aussi un réajustement, basée pour la plupart sur des morceaux mid-tempos oppressants et lourds navigant entre un black/death des plus convaincant et un gros doom enfumé qui nous montre la nouvelle palette de couleurs (50 nuances de Black ?) dans un nihilisme proche de l’abnégation, nous projetant peut-être dans nos peurs, parabole d’un 21ème siècle des plus inquiétant, où les religions font la Une des journaux télévisés... La menace est planante et l’apocalypse est proche, la guerre se cache dans chaque recoin de notre quotidien.
Comme à l’accoutumé la production est monstrueuse et nous écrase d’emblée avec le titre éponyme écrasant d’un savoir-faire oppressant, le chant dans la langue de Goethe accentuant le tout dans des accords black metal des plus malsains et lancinant flottant majestueusement dans un passé lointain et mystérieux.
Les ambiances ténébreuses sont toujours de mise et ce n’est pas le rampant « Der Endchrist » qui nous dira le contraire (l’ombre de Watain y plane). Titre décomplexé d’un metal noirci maîtrisé de bout en bout où une belle palette de rythmes différents (quel boulot de la part de Alsvartr qui s’occupe aussi des guitares et de la basse) enjoueront les puristes.
Sur « Totentanz » le rythme est très lent mais les guitares vicieuses et accrocheuses sachant lâcher (mais c’est difficile à dire plusieurs fois d’affilé ces trois derniers mots) les notes du malin impunément ensorcelleront l’auditeur. La voix de Skald vibre aux accélérations blastique de la batterie au milieu du titre avant que des chœurs grégoriens ne viennent vous donner l’envie de vous flageller le dos à coup d’orties.
A l’image de « Devils Devils Everywhere! » qui n’est qu’une course poursuite inquiétante que pouvaient vivre les illettrés et les incultes dans un Moyen-âge baignés dans l’obscurantisme où la seule lumière provenait des images délivrées par l’Eglise (façades et enluminures), dehors le Diable régnait en Maître dans un clair-obscur des plus inquiétant. C’est quand même hallucinant la puissance que Helrunar peut dégager avec un mid-tempo et une guitare à peine saturée.
En musique, il y a des interludes qui, soit ne servent à rien, soit sont chiantes à mourir, mais celle-ci « Grimmig Tod » est glaçante avec ses voix chantées en allemand avec le bruit de chevaux et la pluie ou le feu de cheminée en fond sonore.
Pour qui sonne le glas…L’église est renversée avec son intro très bien travaillée, basse/guitare suivi d’une voix épaisse et possédée. Entre blasts, accélérations, passages ambiants « Die Kirch ist umbgekehret » nous montre la capacité que possède Helrunar pour nous immerger au fin fond d’une histoire et ce sans jamais nous lasser pendant de longues minutes.
Moins ambiant que Sól dans l’ensemble, Niederkunfft est plus terre à terre laissant pousser ses mauvaises graines tranquillement, mais pari réussi pour les allemands de nous proposer un album qui se tient par le ciment d’une narration donnant une logique conceptuelle à l’ensemble.
Lionel / Born 666
Photos en live : © 2015 Lionel /Born 666
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