Un an après un premier album très bien accueilli par la critique (Evil Never Dies, 2009), les trashers français d’Evil One ont remis le couvert en novembre dernier avec Militia of Death, paru chez Pervade Production / Manitou Music. Un second opus qui permettra sans doute à chacun de se faire une idée définitive de ce que ces cinq gaillards veulent nous faire partager.
Evil One est un de ces groupes qui, on le voit au premier coup d’œil, transpire la nostalgie de la vieille école heavy metal, à commencer par un line-up classico-classique (chanteur, basse, deux guitares, batterie). Alexis, leader à la voix aigüe et criarde dans le plus pur style Mötley Crüe, s’illustre tout au long de l’album par son chant survolté. Cependant on regrettera peut-être, sur certains morceaux comme « Militia of Death » ou « In the Dead of the Night », des arrangements eux-mêmes directement issus des années 80’, à savoir une réverbération excessive de la voix, qui fait perdre l’ensemble en clarté.
Kriss et Freddy, les deux guitaristes, donnent eux aussi dans un old school qui ravira les admirateurs d’Iron Maiden et consorts, par leurs riffs uppercut (« Militia of Death », « Evil Invasion » etc.) et leurs solos échevelés et talentueux (« Baptized by Fire »…) et des harmonisations maîtrisées. De plus, l’excellente prestation de Jeff Waters (Annihilator), invité à la guitare sur « Militia of Death », relève encore davantage le niveau de virtuosité de l’album (pour les guests, on notera également la présence de Betov d’ADX sur « Straight to Hell »). La performance très convaincante de Loustic à la basse achève de former un trio à cordes très convaincant, encadré rythmiquement par Speed, véritable métronome fort bien introduit par son pseudonyme.
Nos cinq frenchies sont donc résolument de la vieille école. En témoigne plus que tout l’hommage rendu aux pionniers légendaires d’Accept, par la reprise du très célèbre « Fast As A Shark ». Notez que ce morceau a son importance dans l’histoire du metal, puisqu’il est l’un des tout premiers dans lesquels fut utilisée une double pédale à la batterie, devenue aujourd’hui une véritable marque de fabrique de la rythmique metal ! La reprise est faite, et bien faite, c’est indubitable. Malheureusement, on aurait apprécié que le groupe y rajoutât sa touche personnelle, plutôt que de se cantonner à reprendre exactement la version originale – en un peu plus violent, admettons-le. Il en reste que ce morceau est l’occasion de se rendre compte à quel point la voix d’Alexis est proche de celle de Udo Dirkschneider, et, de manière générale, de bien des chanteurs de cette génération.
Si le jeu d’Evil One est majoritairement issu de la plus pure adrénaline, il sait aussi se faire plus calme, le temps d’un morceau, « Memories », quasi-balade qui permet une pause bienvenue à la moitié de l’album. On y découvrira, malgré quelques arpèges un peu gnan-gnan, un autre Alexis, à la voix posée, juste et maîtrisée. Enfin, amis gratteux, ouvrez grand vos esgourdes lorsque arrive le morceau sobrement baptisé « Instrumental » : le talent musical d’Evil One se montre dans toute sa splendeur, pour plus de cinq minutes de pure transe guitaristique.
Que la chose soit dite et bien dite : Evil One est un groupe talentueux, capable de varier son jeu avec à propos, et qui remet au goût du jour un style qui semblait appartenir au passé… De quoi attendre le troisième album avec impatience ! Et en plus, rappelons que ces messieurs sont français, et dignes d’être estampillés « assurent la relève de la scène metal française »… Alors, tous ensemble, horns up, on monte le son, on agite les cheveux, et on crie : « Cocorico ! »
Note finale: 8/10
Evil One sur La Grosse Radio