« Nous n’avons pas de chanteur mais en live nous en avons des centaines »
Petit OVNI dans la sphère metal EKLIPSE est un groupe quatre jeunes filles composé de trois violonistes et une violoncelliste. Le groupe s’était fait notamment remarqué en 2012 à Paris Bercy alors qu’il assurait la première partie de Nightwish. Aussi charmante que bavarde, Viola s’est prêtée au jeu de l’interview à l’occasion d’un passage à Paris pour le promotion du nouvel EP composé de reprises de chansons françaises Liberté, Egalité, Sensualité.
Salut Viola, merci pour cette interview. Déjà une troisième sortie avec cet EP, quels sont vos attentes ?
Déjà nous sommes impatientes d’avoir les retours. On s’est dit que c'était une bonne idée de faire des sorties un petit peu spécial comme cet EP de reprise de chansons françaises.
Merci beaucoup ! (En français)
Mais de rien (En français) (rires) ! Tu sais, nous avons été très, très touchées quand nous étions ici (Ndlr : à Paris) avec Nightwish il y a deux ans. C’est une date qui nous a beaucoup marquée. De là, nous nous sommes dit que faire un album d’anciennes chansons françaises serait une bonne idée. On est très, très curieuses de voir ce que les Français vont en penser.
D’ailleurs comment avez-vous « sélectionné » ces chansons ?
Et bien tu sais, en Allemagne, il n’y a pas beaucoup d’artistes français très connus. Désolée (rires) ! Je pense que nous avons choisi celles qui nous inspiraient le plus. Ces musiques ont été choisies tout simplement parce qu’elles sont belles, magnifiques. Après les avoir travaillée aux cordes, nous en avons gardé cinq.
Il y’en a une que tu préfères ?
"Poupée de cire, poupée de son" !
Therion aussi l’aime beaucoup, je ne sais pas si tu connais leur reprise ?
Si si ! L’originale est tellement belle, mignonne, légère… On a vraiment voulu tirer le meilleur pour que quand vous l’écoutiez cela vous fasse voler haut dans le ciel !
Comment traduirais-tu ou expliquerais-tu votre vision de la musique ? Ce rapport à la légèreté, par exemple.
Notre vision de la musique ? Mon dieu ! Disons, premièrement, que nous partageons ce souhait de ne pas faire de la musique classique avec des instruments de musique classique. Nous aimons beaucoup le rock, de pop et le jazz. A partir de ça, nous discutons et prenons des décisions ensembles pour élaborer des morceaux. Faire des morceaux totalement différents de la musique que fait un quartette à cordes est un challenge. Et nous ne voulons pas leur donner un « style metal » comme Apokalyptica. Nous adorons ce qu’ils font mais c’est bien trop électrique. Nous voulons apporter quelques chose de doux avec nos reprises. Ce que nous aimons beaucoup c’est quand nous réussissons à retranscrire la mélodie. Là on se dit à chaque fois « ouah ! on l’a fait ! ». C’est tellement agréable quand ça marche.
Puisque tu parles de metal, la question du siècle : vous attendiez-vous à toucher autant de metalleux ?
A-bso-lu-ment pas (rires). J’adore le metal, je suis une immense fan de Nightwish depuis que j’ai 15 ans. Je crois que le metal est une chose importante qu’on a au fond de nous et que tu peux ressentir dans notre musique, un petit peu. Mais on ne s’imaginait pas finir sur la même scène que des groupes de metal face à un public énergique qui crie « youhou ! » alors qu’il serait plus logique d’être à un concert de musique classique avec un public assit (rires). Mais j’adore vraiment être sur scène avec ce genre de groupe.
Justin Timberlake, Lady Gaga, Massiv Attack, Dead or Alive… certaines de vos reprises sont très éloignées de l’univers metal. Vous ne vous fixez aucune limite ?
Il n’y a aucune limite dans la musique. C’est ce que je te disais, nous choisissons une chanson que nous aimons et nous la travaillons. Le point de départ généralement c’est Helena. Elle a vraiment du talent pour choisir les morceaux et le retranscrire sur son violoncelle. A part elle, personne dans le groupe ne connaissait « Wonderfull Life » de Hurts, c’est elle qui nous la proposée après l’avoir travaillée. Nos amis nous proposent aussi souvent de reprendre des musiques qu’ils aiment. Je crois qu’un bon titre est un bon titre, peu importe qu’il sonne rock, pop, rap ou metal. Nous essayons de capturer l’esprit et l’âme de ce titre.
Est-ce que c’est une chose facile ?
Oui et non. Nous n’avons pas de chanteur, donc nous n’avons pas de problème avec des paroles. En plus nous faisons des reprises, tu peux donc te dire que ça va être facile. Mais parfois, c’est très difficile de trouver un ensemble cohérent. Mais nous savons travailler dur (rires) !
Vous ne vous limitez pas qu’aux groupes ou aux chanteurs. Je pense notamment à cette reprise du thème principal d’Assasin’s Creed 3. Vous aimez les jeux vidéo ?
Moi, je n’ai pas le temps de jouer mais si j’avais le temps je ferais tous les Assassin's Creed. C’est Helena qui a choisi cette musique. Elle nous a dit que le jeu proposait une atmosphère géniale. Nous avons acheté la bande originale qui nous a transportées. Il n’est pas impossible que l’on reprenne d’autres musiques de jeux, Helena joue tellement (rires).
Nous ne parlons que de reprise, allez-vous faire un album entièrement composé par Eklipse ?
Tu sais, reprendre de la musique comme on le fait c’est avant tout fun et ça ne nous ennui pas du tout. On a plein de fans qui nous demandent de ne rien changer. Des violonistes viennent même nous dire qu’ils essaient de reprendre nos reprises. Pour l’instant nous profitons de ces moments et de ce plaisir. Mais un jour oui, peut-être sortirons-nous notre propre album.
Peux-tu me parler de votre collaboration avec Kamelot sur le morceau "My Confession" ?
C’est un honneur d’avoir pu travailler avec Kamelot. On a pris un plaisir énorme ! Ce qui a été géniale, c’est qu’ils nous ont laissé participer à l’écriture de tout le morceau, pas seulement les parties aux cordes. Nous avons adoré ça. Nous étions morte de peur car c’est vraiment différent de la musique que nous faisons d’habitude. Rien que d’avoir un chanteur change beaucoup de choses. J’aimerais beaucoup collaborer à nouveau de cette façon.
Du coup d’autres collaborations en vues ?
Nous n’avons rien planifié d’aussi important actuellement. Mais cette collaboration nous a donné goût pour des choses plus énergiques et électriques. Nous sommes ouvertes à toute proposition. Cela serait vraiment intéressant de retravailler avec des groupes de metal.
Revenons à Kamelot, vous les avez accompagnés durant leur tournée américaine. Pensiez-vous vous « exporter » jusque-là bas ?
Pas aussi rapidement. Nous venions juste de sortir notre deuxième album. Bien sûr c’est un véritable rêve pour tout musicien d’aller jouer sur un autre continent. Alors lorsque après le tournage du clip de My Confession ils nous ont proposé de tourner avec eux nous avons juste dit « oh oui ! ». Cela a duré plus de deux mois et c’était fou.
L’accueil était bon ?
Oui, très bon. Même si nous étions un peu stressées. Nous n’étions pas du tout connues aux Etats Unis. Nos albums ne sont sortis qu’en Europe.
Une nouvelle sortie veut souvent dire une tournée, une chance de vous voir en France prochainement ?
Oui, nous allons certainement repasser en France en 2015. Nous travaillons déjà sur le prochain album. Ce sera l’occasion qu’une grosse tournée, d’abord en Allemagne et surement en France après.
Question très classique mais trois ans après avoir commencé de grosses tournées, comment percevez-vous le public lorsque vous êtes sur scène ?
Je ne crois pas qu’il y est d’autres mots que « incroyable ». Ma réponse va être très classique aussi mais je crois que c’est pour le regards que tu croises dans un public que tu joues de la musique et que tu existes. Quand tu joues et partages ta musique, particulièrement la notre, c’est magique de voir le public réceptif avec un grand sourire. Surtout quand les gens chantent sur nos morceaux. Nous n’avons pas de chanteur mais en live nous en avons des centaines. Certains ont pleuré parfois. Je ne pourrais pas te décrire ce que j’ai ressenti quand j’ai vu ça.
Je te laisse les derniers mots pour tes fans français…
Cet EP c’est un peu un cadeau pour ceux qui nous ont accueillis en 2012 avec Nightwish. Vous nous avez vraiment marquées. Nous avons vraiment vécu quelque chose de particulier avec vous ce soir-là. J’ai même vu que nous avions une page Facebook française. Merci à tous nous sommes très pressées de savoir ce que vous pensez de notre EP et de vous retrouver en concert !