2011, il semble définitivement venu le temps pour moi de mettre mon grain de sel dans la "nouvelle mouvance death mélodique". Après un Omnium Gatherum fort solide, voici que je tombe en ce début d'année sur le troisème opus d'autres finlandais récemment propulsés sur le devant d'une scène toujours aussi relevée de groupes émergeants.
MyGrain (de sel donc, *pas taper même si blague pourrie detected*) sort donc son 3ème opus personnel chez Spinefarm Records. Parue le 12 janvier, cette galette s'avère éponyme, du même nom que le groupe donc (pour ceux qui ont du mal), ce qui semble d'emblée annoncer un tournant dans la carrière d'un groupe qui n'avait de cesse de se "chercher" avant de nous proposer cette nouvelle production.
En effet, après un Orbit Dance prometteur marquant des débuts en fanfare, le combo du nord s'était quelque peu perdu avec un Signs of Existence certes en évolution mais titillant de trop près un metalcore pseudo-commercial à la Sonic Syndicate. Une erreur pour beaucoup, un fiasco pour certains, MyGrain a clairement reçu le message et nous envoie ici dans les cordes avec un MyGrain proche d'une certaine idée qu'on peut se faire de la maturité musicale.
Dès l'introduction, nous sommes propulsés dans un bain de synthés aux allures quasi progressives venant enrober un riffage dantesque et une grosse voix death on ne peut plus maîtrisée. Ajouté à cela un refrain aux accents popisants et mélodique à souhait, on comprend sans mal que ce "Into the Parallel Universe" représentera donc le "nouveau son" de cette formation.
Le meilleur constat que nous puissions faire ici, c'est que MyGrain sait enchaîner et ne s'endort sur aucun de ses nouveaux morceaux. "Shadow People" par exemple vous explose littéralement à la face avec une puissance calibrée à la perfection, suintant de lignes de clavier finement mixées. Il n'y a rien à redire, les petits jeunes d'Helsinki semblent avoir tout compris.
Alors évidemment, le côté metalcore n'a point disparu, mais celui-ci n'agresse plus les oreilles et semble être usité à des fins plus créatives que "mainstream". Le voici parfaitement intégré à un ensemble plus complexe, produit avec minutie ; un titre comme "Of Immortal Aeons" en est l'exemple plus que parfait. Ou comment parvenir à allier cette modernité avec un grain de folie subtilement maîtrisé.
Le sommet de l'art MyGrain peut ainsi être résumé en breaks ou passages instrumentaux à la fiabilité sans pareille. Nul ne pourra ainsi résister au diabolique "A Clockwork Apocalypse" et son pont intersidéral speed ambiant touchant à la grâce. Que dire à ce moment-là du très profond "Eye of the Void", brillant avant tout par sa retenue ? Ceci n'étant que quelques exemples parmi tant d'autres.
Si le chanteur Tommy "To(mm)yboy" s'en donne à coeur joie, alternant les styles death/clean/hardcore (virant presque au heavy épique sur "Trapped in an Hourglass") à la perfection, c'est donc au niveau de la claviériste que les regards (et les oreilles) se portent. Car c'est une fille (Eve Kojo) qui opère ici, le scalpel mélodique et atmosphérique affûté comme jamais (rien que les premières notes toutes en délicatesse de la conclusion "Cataclysm Child" devrait en convaincre voire charmer plus d'un)...
Le seul petit souci de cet opus s'avère une linéarité assez propre au style de prédilection, malgré une variété de sons et d'approches véritablement concluante. Et si la digestion des influences se fait plutôt bien, il n'est pas exclu que certaines mauvaises langues viennent crier au plagiat ici ou là. Il leur faudra cependant pour cela chercher la petite bête dans une performance on ne peut plus solide, quitte à ce qu'ils nous chopent une grosse... migraine (!) au passage.
Prenez donc une pincée de Dark Tranquillity pour la faculté à sortir des mélodies parfois innovantes, un brin de Children of Bodom pour la rapidité énergétique, une fine couche d'In Flames récent pour l'agressivité "coreuse" médiatique, ou encore quelques bribes de Scar Symmetry pour le côté moderne accompli et vous obtenez ce que MyGrain fait de mieux. A sa sauce et avec la fougue de sa jeunesse. Ce 3ème album semble donc être le bon, ainsi ont ils bien fait de le nommer à l'image du groupe...
Note : 8.5/10
