Christina (chant) et Pontus (guitare) du groupe Agrimonia

Trois albums studios de qualité, un line-up comprenant des membres d'At the Gates, Martyrdöd et Miasmal, une chanteuse de crust à la voix expressive et enragée... il n'en fallait pas plus pour qu'Agrimonia suscite l'attention de vos serviteurs. C'est donc dans le cadre de leur tournée en tant que première partie des Finlandais de Ghost Brigade que La Grosse Radio s'est rendue à la rencontre de cette formation atypique.

"J'espère vraiment qu'on possède notre propre son, et qu'on ne ressemble pas à un autre groupe"

Agrimonia

Interview en face à face par Sanguine_sky et Tfaaon, questions de Sanguine_sky et Tfaaon
 

Une question difficile pour commencer. Comment présenteriez-vous Agrimonia aux lecteurs?

Pontus : Nous sommes un groupe venant de Gothenburg, en Suède. Nous jouons ensemble depuis 10 ans et nous avons à notre actif 3 albums, le dernier signé sur Southern Lords Records. Musicalement, nous jouons... [longue hésitation]… je dirais un metal épique avec des influences crust. Depuis le début du groupe, on essaye de faire des morceaux simples, sans être trop dans la démonstration technique. On a quelques moments plus… post-rock, je dirais. Nos morceaux sont longs… pour faire simple, je dirais que c'est du metal épique influencé par le crust.

Du coup on va enchaîner avec une question un peu plus simple. Comment écrivez-vous vos morceaux?

Christina : [rires] C'est pour Pontus, il écrit les morceaux!

Pontus : J'écris la musique chez moi. Je fais des démos. Ensuite on apprend la composition en répétition. Christina va ensuite écrire les paroles selon ce que le titre lui inspire.

Christina : J'aime tirer mon inspiration des morceaux eux-mêmes pour écrire les paroles. Mais j'aime aussi mettre par écrit des paroles quand je pense à quelque chose, pour peut-être l'inclure sur une chanson. J'ai donc des parties de paroles déjà faites, et j'essaye de les rassembler pour qu'elles soient cohérentes ensemble et dans la musique.

Donc tu écris tout?

Pontus : Oui. Généralement tout est fait quand on commence à répéter. Je n'aime pas écrire alors que quelqu'un m'entend ou me regarde. Je me sens plus à l'aise quand je fais des démos à la maison et qu'ensuite j'apporte tout ça en salle de répétition. Quand je suis content d'un morceau, j'envoie un e-mail au reste du groupe et on répète ça.

Vous êtes sur le réputé label Southern Lords. Comment avez-vous été signés sur cette maison de disque?

Hum… [longue réflexion]. Ah je me souviens! Je suis dans un autre groupe qui s'appelle Martyrdöd  et on est déjà signé sur Southern Lords. Je crois que j'ai juste demandé à la maison de disque s'ils voulaient aussi bosser avec Agrimonia et ils ont dit oui. C'était, il me semble, une demi-année avant qu'on entre en studio pour enregistrer notre dernier album.

C'était très simple en fait!

Oui totalement! [rires].

Agrimonia

On peut dire que chacun de vos albums a un son et une atmosphère particuliers. La musique évolue à chaque fois! Est-ce une volonté du groupe ou est-ce que c’est quelque chose qui se passe naturellement?

En fait, rien n’est vraiment prévu à l’avance. En général, je ne fais qu’écrire avec ma guitare, et la musique suit son cours naturellement. Si on prend le dernier album Rites of Separation, nous sommes vraiment très satisfaits de la production, pour la première fois de notre carrière. Pour les deux albums précédents, et en particulier le deuxième, nous n’étions pas très contents du son et du mixage. Je pense que cela aussi aide à créer une différence de perception entre nos albums. Je crois aussi que notre deuxième album était trop long : trop d’idées, trop de choses pour juste un album. Le seul plan qu’on a pu avoir, c’était de faire quelque chose de plus allégé, avec moins de riffs et moins long. On voulait quelque chose de plus direct et « dans ta face ». Et je pense qu’aller dans un vrai studio pro’ pour faire le mixage a contribué à le rendre plus « dans ta face ».

La plupart des membres du groupe ont d'autres projets comme Miasmal ou At the Gates. Approchez-vous Agrimonia de la même façon que ces autres formations?

Je suis aussi dans Miasmal et oui, j'ai globalement la même approche. Quand j'écris, j'essaye de ne pas penser à trop de choses, juste d'y aller naturellement. Je ne fais pas attention de savoir si c'est trop simple, pas assez technique au niveau de la guitare… juste laisser les sentiments parler et sentir si le morceau est bon. Séparer les groupes n'a jamais été un problème non plus. Après, je ne peux pas parler pour Martin [NDLR ; bassiste du groupe] qui joue aussi dans At the Gates, mais on parle d'un groupe très différent. At the Gates existe depuis très longtemps, et c'est un très gros groupe. Mais… je crois que peu importe le groupe ou le projet, on est investi à fond dedans.

Quels sont les groupes qui vous influencent le plus au sein d'Agrimonia, que ce soit au niveau de la composition ou des paroles?

Christina : Je crois qu'on a tous des groupes en commun qui nous inspirent.

Pontus : Je ne suis pas d'accord avec toi. [rires].

Christina : Non mais, ce que je veux dire, c'est que… par exemple… on aime tous Bolt Thrower, tu vois! Pour moi, en tant que chanteuse, ce qui m'a donné envie de chanter, c'est d'entendre d'autres femmes faire du chant extrême, brutal. C'est ce qui m'a motivé à faire pareil. J'avais envie d'avoir un groupe, pour pouvoir faire ça aussi. Je dirais que je suis influencée par des groupes d'amis, où des femmes chantent également de cette façon. Ou alors que j'ai pu voir en concert. Par exemple, un groupe de crust polonais, nommé Lost. Leur chanteuse… elle est géniale, avec un growl profond. Quelques groupes d'amis des USA, aussi. Ça a peut-être évolué un peu, mais il y a 10 ans, quand nous avons commencé, ce n'était pas courant d'avoir des chanteuses dans ce genre de musique. Quand je les entendais, je me disais : « waou, moi aussi je veux pouvoir faire ça! Ou au moins essayer de faire ça! ».

Pontus : Musicalement, j'essaye de ne pas penser à tel ou tel groupe quand j'écris. Sinon je me sens bizarre à propos de ça… je peux très bien être influencé par un morceau de PJ Harvey, ou de Dinosaur Jr., ou de Bolt Thrower… je pense plus à ce qui fonctionne dans ma compo, ce qui ne fonctionne pas, que de savoir à quoi ça ressemble. Mais je crois que ce que tu écoutes au début continuera à t'influencer et aura un impact même quand tu grandis. Quand j'étais petit, je suis tombé amoureux des vieux albums de Metallica. Ce qui a finalement du sens pour Agrimonia, avec ces morceaux longs, ces différentes portions de mélodies, de dynamiques, etc.

Christina : J'espère vraiment qu'on possède notre propre son, et qu'on ne ressemble pas à un autre groupe. C'est difficile de nous décrire, de nous classifier, et c'est important pour nous.

Agrimonia

La Suède est plutôt connue pour sa scène death metal. Quelle est votre vision sur la scène metal actuelle, avec de la perspective?

Je dois l'avouer, je ne vais pas voir beaucoup de concerts de metal. J'aime le metal, mais je ne vais pas trop aux concerts, sauf quand un groupe que j'aime vraiment vient dans le coin en tournée.

Pontus : Ce que j'aime à propos de Gothenburg, c'est qu'on a une scène musicale underground très ouverte d'esprit. On s'en fout un peu de savoir si tel groupe fait du punk, du doom metal, du stoner, les gens sont très ouverts, se rencontrent et vont aux concerts. Je ne peux que parler de cette ville, pas de la Suède en général car je ne connais bien que celle-ci. Mais beaucoup de bonne musique est faite, de très bons concerts sont organisés, il y a vraiment une scène active.

Christina : Je vais beaucoup aux concerts punks, c'est la musique que je préfère. Mais je suis celle qui fait le plus de concerts dans le groupe. J'en fais toutes les semaines. J'aime beaucoup la scène locale. On a une super salle, qui fait un bon boulot pour les groupes du coin. Il y a parfois du metal à cette salle mais c'est peut-être plus des punks qui font du metal.

Pontus : Je suis plus amateur d'indie rock 90s et de metal. Ce qui est bien, c'est qu'on a tous des goûts différents dans ce groupe.

Avez-vous aimé des albums en particulier en 2014, ou des concerts qui vous ont marqués?

Laisse-moi réfléchir… donne-moi une minute. [rires]

Christina : Je ne sais jamais quel album sort quand! [rires]

Ces questions là sont toujours très difficiles.

Pontus : J'aime beaucoup l'album solo de J. Mascis du groupe Dinosaur Jr., qui est sorti l'an dernier. Sinon, en metal, le dernier Vader est très bon.

Christina : Le dernier At the Gates, le dernier Miasmal… [rires]. On a aussi joué avec ce groupe américain, Subrosa, dont j'adore le dernier album! Mais je crois que ça, c'est de 2013. Sinon quoi d'autre… j'ai acheté quoi déjà… ah, le dernier Mortals, une merveille!

Et en concert?

Bolt Thrower! En Septembre, j'ai pu les voir en Allemagne, c'était mon meilleur concert de l'année.

Pontus : Avec mon autre groupe Miasmal, j'étais en tournée avec Aborted. Mais j'ai été soufflé par Origin. Ils sont incroyables en live. Le show est intense, puissant… génial!

Agrimonia

Comment se déroule la tournée jusqu'ici?

Christina : De fait, cette tournée se passe vraiment bien! Je crois qu’on est arrivé à tout bien gérer cette fois, tout se passe comme il faut. Nous avons un très bon chauffeur, qui se charge aussi de notre merchandising, elle est très organisée et nous aide beaucoup! Les gars de Ghost Brigade et Talbot sont vraiment cools, tout se passe très facilement. On a aussi joué dans des pays et villes dans lesquels nous n’étions jamais venus auparavant, et c’est plutôt agréable. D’ailleurs, ce soir, ça sera notre première fois en France! On espère que ça va bien se passer.

Pontus : Je crois que cette affiche est une bonne combinaison de différents styles. Pour moi, c’est aussi une très bonne chose de jouer en première partie, et ainsi se trouver face à un public qui ne t’a jamais écouté avant! On joue, et on voit la réaction des gens en face de nous, et certains viennent nous voir après le concert pour nous donner des impressions positives, acheter des disques ou des t-shirts… Et pour moi, c’est clairement le plus valorisant.

C'était la dernière question. Quelque chose à ajouter?

C'est dur de réfléchir et de parler en même temps! [rires]

Photos : © 2015 Sylvain Chéreau / Das Silverfoto
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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