Death DTA (+ Loudblast et Abysmal Dawn) au Trabendo (05.03.2015)

Moins d’un an et demi après un passage remarqué dans cette même salle du Trabendo, Death (to All) est de retour, avec encore une fois l’intention de faire revivre en live la musique composée par Chuck Schuldiner. Honteux opportunistes pour les uns, hommage respectueux pour les autres, cette formation, composée majoritairement d’anciens membres de Death et de musiciens se réclamant de l’héritage de Death, est peut être la plus légitime pour reprendre le flambeau et faire découvrir ses compositions aux plus jeunes. A l’occasion des 20 ans de la sortie de l’album Symbolic, pierre angulaire dans la discographie de Chuck, la tournée réunissant Gene Hoglan, Bobby Koelble, Steve DiGiorgio et Max Phelps a prévu de mettre l’accent sur les albums les plus récents de Death.

Mais avant cela, le collectif américain a embarqué avec lui Abysmal Dawn, une formation déjà prometteuse dans le brutal death, ainsi que nos compatriotes de Loudblast, mais sans le groupe Massacre, initialement prévu, mais qui a splitté entre temps. Retour sur une soirée riche en émotions.

Abysmal Dawn

Le public est encore en train d’investir la salle du parc de la Villette lorsqu’Abysmal Dawn foule les planches du Trabendo. Bénéficiant d’un son correct pour une première partie, les Américains font ainsi découvrir au public parisien leurs compositions d’un très bon niveau technique. Le leader du groupe, Charles Elliott, n’hésite d’ailleurs pas à jouer des plans d’une vélocité impressionnante, tout en se concentrant dans le même temps sur le chant. Avec une voix caverneuse et puissante, autant dire qu’il s’en sort à merveille. Néanmoins, le public n’est pas encore dans l’ambiance et les compositions alambiquées du quatuor ne sont peut être pas assez directes pour toucher l’audience.

Abysmal Dawn, Death to All, Trabendo, Loudblast

On ne pourra pas reprocher au groupe sa qualité de composition, mais peut être un léger manque de communication car chacun des musiciens est particulièrement concentré dans ses plans instrumentaux, oubliant au passage de motiver les spectateurs. De plus, une large partie du public ne semble pas encore très bien connaître la formation, si bien que les très bonnes compositions issues des deux albums du groupe (dont l’excellent « Pixilated Ignorance  » provenant de Leveling the Plane of Existence) tombent un peu à plat. Au final, c’est une performance sincère qu’a délivré Abysmal Dawn, mais qui n’a pas su entousiasmer le public autant qu’elle aurait du. Dommage pour une formation si prometteuse.

Abysmal Dawn, Loudblast, Death, Trabendo

Loudblast

La présence de Loudblast à l’affiche de cette tournée a une saveur un peu particulière pour le groupe de Stéphane Buriez. En effet, en 1991, les Français avaient déjà participé à une tournée avec Death, alors que Chuck Schuldiner défendait Human, tout juste sorti. C’est donc quelque part un juste retour des choses, bien que le leader de la formation soit le seul rescapé de cette période. D’ailleurs, on note immédiatement l’absence d’Hervé Coquerel, dont les engagements avec son autre projet Black Bomb A ont empêché sa participation à la tournée. C’est donc Junior Rodriguez (Darkness Dynamite) qui se charge de remplacer le batteur historique du groupe lillois. Nous noterons d’ailleurs que le jeune batteur accomplira une très bonne prestation vu le faible nombre de répétitions auxquelles il a assisté. Comme à leur habitude depuis la sortie de Burial Ground, les lillois entament le set par "A Bloody Oath", qui fait toujours autant mouche. Si le son est déséquilibré au début du set, ce qui se manifeste par la voix de Stéphane particulièrement sous-mixée, cela s’améliore au bout de quelques morceaux et n’altère pas l’appréciation générale du concert.

Loudblast, Death, Trabendo, 2015, Stéphane Buriez

Comme si le fait de jouer à domicile galvanisait les troupes, Loudblast délivre un concert puissant, où les classiques tels que « Cross the Threshold » ou « My Last Journey » côtoient les morceaux les plus récents (« The Bitter Seed », « Emptiness Crushes my Soul »). On pourrait regretter le fait que Loudblast ne joue pas plus d’extraits de sa première partie de carrière. Néanmoins, il apparaît évident que la formation ne souhaite pas se reposer sur son passé et va de l’avant malgré ses trente ans d’existence. Pour les fans ayant assisté à l’un des nombreux concerts donnés par le groupe l’année dernière, Loudblast, et en particulier son leader, sont égaux à eux-même mais permettent toujours de passer un excellent moment. En effet, le groupe harangue les foules et la bonne humeur qui se lit sur le visage d’Alex Lenormand (basse) et Drakhian (guitare) est communicative. Un peu plus de trois-quarts d’heure après le début de leur set, les Lillois envoient la doublette « Cross the Threshold »/ « My Last Journey » qui est toujours aussi plaisante à entendre.

Loudblast, Death, Trabendo, Drahkian, 2015

Après être devenu un poids lourd sur la scène française, on espère que cette tournée européenne donnera à Loudblast une plus grande visibilité à l’échelle internationale.

Setlist Loudblast

A Bloody Oath
The Bitter Seeds
The Abstract God
From dried bones
Presumption of Survival
Emptiness Crushes my Soul
Disquieting beliefs
Cross the Threshold
My Last Journey

Death DTA

C’est avec un nouveau visage que le groupe hommage à Chuck Schuldiner se présente à nous. Exit donc Sean Reinert et Paul Masvidal, bienvenue à Bobby Koelble (guitare) et au monstrueux Gene Hoglan à la batterie, pour une setlist elle aussi remaniée. C’est avec «The Philosopher», l’un des meilleurs titres de Death, que le groupe entame les hostilités. La salle répond instantanément présent à l’appel et semble apprécier ce retour dans le temps. Le son est cette fois-ci excellent et permet d’apprécier le chant de Max Phelps, dont le mimétisme avec Chuck est toujours troublant, sans pour autant plagier le fondateur de Death. La batterie de Gene Hoglan tonne sous les coups du géant, qui pour l’heure semble impassible, les lunettes de soleil vissées sur le visage. La maîtrise technique des musiciens semble encore plus sûre que lorsque Masvidal et Reinert étaient présents (« Trapped in a Corner »). De plus, tout au long du set, Steve DiGiorgio n'aura de cesse d'arpenter la scène, prouvant qu'en plus d’être un bassiste hors pair, il est également un excellent showman.

Gene Hoglan, Death, Trabendo, 2015

La setlist s’enchaîne sans fausse note et l’ensemble du public réalise alors que nombre de compositions sont devenues des classiques. C’est le cas notamment de « 1,000 Eyes » et « Overactive Imagination » qui récoltent bon nombre d’applaudissements et sur lesquelles les spectateurs s’en donnent à cœur joie. On apprécie également d’entendre autant de titres de Human, Individual Thought Patterns et Symbolic même si les morceaux les plus anciens font toujours plaisir à entendre. Contrairement à leur dernier passage, le set est beaucoup plus dynamique et la vidéo hommage à Chuck, qui avait eu tendance à faire retomber la pression, a ici été supprimée. Et pas de doutes, le résultat est bien là, le public ne voit pas le temps passer. Comme sur la tournée précédente, Steffen Kummerer, leader d'Obscura, remplace Phelps à la guitare et au chant sur les trois derniers morceaux avant le rappel. Sa performance est ici exemplaire et l'accueil qu'il reçoit est mérité, d'autant plus qu'il avait connu de gros soucis techniques lors de la performance de Death to all au Hellfest. Il se place ainsi en parfait héritier de la musique de Chuck, influence déjà très facilement identifiable dans les premiers albums d’Obscura. On regrettera cependant l'absence de « The Flesh and the Power it Holds » dans la setlist, alors qu'elle est régulièrement interprétée par Kummerer avec son groupe principal.

Death, Steve DiGiorgio, Trabendo, 2015

Si le set proposé ce soir a vu le public se déchaîner, le rappel va achever les spectateurs tant l'intensité est là, vidant au passage de toute énergie. En effet, le très bon « Zombie ritual » s’enchaîne avec le très mélodique « Crystal Mountain » avant que les derniers coups de butoir de Gene Hoglan sur « Pull the Plug » ne sonnent la fin de cet excellent concert.

Max Phelps, Death, Trabendo, 2015, DTA

Au final, on retiendra une prestation beaucoup plus intéressante qu'il y a un an et demi, en raison d'un set bien mieux construit et mettant en avant des morceaux incontournables de la discographie de Death. Les nouveaux venus n'ont pas non plus à rougir de la comparaison avec les têtes pensantes de Cynic, Paul Masvidal et Sean Reinert, ayant d'ailleurs récolté un beau succès à l’applaudimètre. On retiendra également l'excellente performance de Loudblast, toujours une valeur sûre en live et une prestation fort honorable pour Abysmal Dawn qui mériterait plus de visibilité. Quoiqu'il en soit, si Chuck n'est plus des nôtres, la musique qu'il a créée et contribué à développer a encore de beaux jours devant elle.

Death, DiGiorgio, Trabendo, 2015

Setlist Death to all

The Philosopher
Leprosy/Left to die
Suicide Machine
Overactive imagination
Trapped in a corner
1,000 Eyes
Without Judgement
Spiritual Healing/Within the Mind
Lack of comprehension
Flattening of emotions
Symbolic
Zero Tolerance
Bite the Pain

Rappel :
Zombie ritual/Baptized in Blood
Crystal Mountain
Pull The Plug

Merci à Garmonbozia

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe



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