Quelle belle affiche à Paris en cette fin de mois de février. Marduk, Belphegor, Bliss of Flesh et The Negation : deux pointures internationales accompagnées de deux groupes français. Pas étonnant que la date soit sold out ce soir !
The Negation
Les Parisiens investissent la scène à 18h30. Les instruments sont reliés par des chaînes sous le kit de la batterie ; en tenue de guerre black metal, capuche noire, masque pour cacher le visage, clous corpse-paint, bullet belts et rangers. Ils ouvrent les hostilités ce soir mais ne prennent pas leur rôle à la légère et ont décidé de nous envoyer les première salves de mitrailles de la soirée. Le set avance et ça commence à jouer des coudes devant la scène. Ça se remplit rapidement et c’est bon signe. Leur unique album Paths of Obedience a deux ans et ils ont le temps de nous jouer « One God », « Red Wrath » et « Erased ».
En revanche ne connaissant pas assez le groupe j’ai l’impression qu’ils commencent par un inédit « End of cycle », peut-être un nouveau titre à venir, ainsi que plus tard « Sacrifice the Weak ».
Setlist :
End of Cycle
One God
Red Wrath
Sacrifice the Weak
Erased
Bliss Of Flesh
Quand Bliss of Flesh monte sur scène on voit tout de suite la maturité des Français. Et comme me le dira Necurat sur d’autres sujets pendant l’interview : ils sont comme le bon vin, ils se bonifient avec le temps ! Panneaux latéraux aux couleurs du groupe, pied de micro en fer forgé du plus bel effet et des musiciens qui investissent la scène comme si elle leur appartenait. On sent les Français à l’aise, à peine perturbés par une voix pratiquement inaudible sur les deux premiers titres. Bref, ce n’est pas grave car les Nordistes (bon ok Necurat le chanteur est du Poitou…) commencent sérieusement à faire tourner les crinières de la salle du Divan du Monde. Necurat est accroché à son magnifique pied et harangue le public avec sa gestuelle « evil » ! Le son est correct, ça blaste à tout bout de champ et visuellement ça tient vraiment la route avec un light (notamment lors de l’entame du set) très convaincant.
Les titres de leur dernier album très inspiré, Beati Pauperes Spiritu, sont bien sûr mis en avant comme avec « Possessed » ou « Pariah » qui clôturera le set. Bliss of Flesh est très professionnel, n’a rien à envier aux formations de l’Europe du nord. Ce n’est pas pour rien que cette année ils ont ouvert pour Behemoth, Marduk et vont continuer en mai pour Satyricon. Quand le black metal français s’exporte ça fait plaisir !
Setlist :
Intro
Possessed
Apokalyptic Fields
Black Procession
Disciple
Pariah
Belphegor
Les Autrichiens sont là pour nous rappeler que Conjuring the Dead, leur tout dernier album, n’a que six mois. Comme à l’accoutumé (voir par exemple au Motocultor), sur le devant de la scène des pieds sur lesquels reposent des sculptures réalisées en un assemblage d’os et de cornes provenant d’espèces disparates…des restes d’humain ? Ainsi que le masque à gaz qui pendouille sur le pied de micro d’Helmuth. Le son a encore pris de l’ampleur, l’ambiance monte d’un cran. Ça promet d’être encore velu !
Le batteur est monstrueux, nous clouant rapidement, quant aux riffs, ils continuent de dévaster les premiers rangs, où beaucoup portent le T-shirt à l’effigie de groupe. Maintenant que la salle de sauna est remplie, ça transpire à grosses gouttes et ce n’est ni « Belphegor - Hell's Ambassador » ou « Lucifer Incestus » qui vont calmer les ardeurs d’un public bien chaud (pas seulement par le degré de la 8.6 à la pression). Afin de montrer que le dernier album a de quoi retourner une salle, Belphegor nous propose le titre « Gasmask Terror » triggué jusqu’à l’os, le malsain sur-blasté « Black Winged Torment » et le puisant « Rex Tremendae Majestatis » pour nous rassurer quant à la qualité du petit dernier. Alors pour les vicieux, quoi de mieux que de terminer par un « Bondage Goat Zombie » (un petit côté Marduk) jouissif jusqu’au sang !
Setlist :
In Blood - Devour This Sanctity
Gasmask Terror
Impaled Upon the Tongue of Sathan
Black Winged Torment
Belphegor - Hell's Ambassador
Rex Tremendae Majestatis
Lucifer Incestus
Conjuring The Dead
Bondage Goat Zombie
Marduk
Comme sur la tournée précédente, les filets de camouflage recouvrent les retours. L’année dernière, tels de vieux combattants, on se rappelait au bon souvenir des 15 ans de l’album culte Panzer Divison Marduk dont la scène était aux couleurs champêtres des camouflages. Et comme on avait aimé, on remet ça ; le nouvel opus (Frontschwein) traite de la Seconde Guerre Mondiale alors on recharge les armes, on rempile pou un an (comme on dit) et on camoufle les planches pour éviter des bombardements intempestifs sur le Divan du Monde…ça ferait désordre et on ne veut pas de dommages collatéraux.
Comme les Suédois font les choses bien, ils entament le set par le titre éponyme de l’album avec cette montée dans les aigus du riff d’intro du morceau rendant direct accro. Ils parlent de guerre et franchement, quand on les voit sur scène, ils font en sorte qu’on se sente en danger. Ces mecs ont une attitude, Morgan la Rangers sur les retours et son T-Shirt du 503 ème (le plus connu et le plus décoré des bataillons de chars Tigre allemands) est posté en snipper avancé du riff. Quand à Mortuus, quelle classe, toujours imperturbable, il est placé aux avant-postes avec sa gestuelle gantée qui en impose. Fredrik Widigs est caché derrière son imposante batterie et s’occupe des doubles mitrailleuses blastiques que l’on se prend en rafale. Dans la salle, le traité de paix n’est pas près d’être entériné quand on voit la mer de têtes qui bougent dans tous les sens.
On peut dire que Marduk peut être fier de son nouvel album puisque quatre titres sont joués ce soir, titres qui passent très bien l’épreuve du live à commencer par « Frontschwein » mais aussi « The Blond Beast Wartheland » et « Afrika » repris en chœur par le public. On n’échappe pas au ravageur « Slay the Nazarene » et aux logiques et d’actualités « Panzer Division Marduk » et « Warschau », pistes teintées en vert-de-gris. C’est quand même dingue ce qu’on peut se prendre dans la tronche à un concert de Marduk. Implacable, concis, le son qui nous arrive est aussi lourd qu’un parpaing.
Bref la deuxième guerre mondiale a duré cinq ans mais Marduk nous la fait revivre en version accélérée et intense en l’espace d’une heure sans faire de prisonnier !
Allez ! On calme les esprits on termine par « Souls for Belial », et on n’oublie pas d’éteindre les lumières en sortant…
Setlist :
Frontschwein
The Blond Beast
Slay the Nazarene
The Levelling Dust
Panzer Division Marduk
Wartheland
Into Utter Madness
Blackcrowned
Cloven Hoof
Burn My Coffin
Warschau
Sulphur Souls
Afrika
Souls for Belial
Lionel / Born 666
Photographies live : Arnaud Dionisio / © 2015
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