Combichrist (02.02.2011) – Divan du Monde

C’est l’air de rien une belle affiche qui est proposée aux amateurs d’électro / industriel / gothique bien glauque ce soir au Divan du Monde : la petite salle cosy du 18e accueille rien moins que les norvégiens de COMBICHRIST, qui pour l’occasion ont pris leurs compatriotes de MORTIIS dans leurs valises. Voilà donc la première partie du soir qui monte sur scène de façon assez discrète. Je suis pour ma part curieux de voir ce que devient celui qui restera dans les mémoires de nombreux métalleux comme un membre fondateur d’EMPEROR. Certes, ça ne date pas d’hier (il a quitté le groupe un an plus tard pour se consacrer à sa carrière solo), mais ça situe le personnage ! J'ai pas tout suivi, paraît-il qu'à une époque, il utilisait des flûtes et autres instruments improbables. Ca peut être marrant, allez savoir.

     MORTIIS le groupe pratique finalement un métal industriel plutôt classique, avec rythmiques martiales omniprésentes (et assez répétitives), riffs et son de guitares assassin, musiciens grimés à la farine et look destroy sont au rendez-vous. Le sieur MORTIIS rejoint ses comparses une fois le premier morceau lancé, et curieusement, n’arbore pas sa désormais célèbre apparence de troll. Bon, maquillé des pieds à la tête avec de longues dreadlocks et des lambeaux de T-shirt sur le corps, il ne manque quand même pas d’allure. Il faut au moins ça pour maintenir l’intérêt du public venu en nombre (le Divan du Monde est archi bondé), parce que musicalement, tout ça reste somme toute bien convenu et fort peu original. Il faut dire que je m'attendais à quelque chose de bien plus particulier.    

      Après un début de set qui propose des morceaux agressifs tous basés sur les mêmes roulements de batterie typiques de l'indus, quelques mid-tempos permettent de briser la monotonie, d’autant que malgré un espace très réduit (le matos de COMBICHRIST prend une place dingue), les musiciens font preuve de métier et occupent efficacement le minuscule espace qui leur est dévolu. Le frontman ne ménage pas sa peine, pas un mince exploit vu le mouchoir de poche dans lequel il évolue. Bref, MORTIIS est une mise en bouche qui reste sympa sans casser 3 pattes à un canard, il est temps de passer aux choses sérieuses.
 
     COMBICHRIST n’existe que depuis 2003, mais a déjà su se construire une audience fidèle, dont témoigne l’affluence de ce soir. Le fait d’avoir ouvert pour Rammstein lors de sa dernière tournée française a joué, mais si être en première partie d’un gros groupe aide indéniablement, le but est bien de se construire sa propre audience. Comme en juillet dernier dans cette même salle, c’est en leader que débarquent les norvégiens, menés par leur chanteur (et unique membre studio) Andy LaPlegua. Et là, on passe clairement à un autre niveau. Déjà, le quatuor évolue avec un dispositif scénique assez original : le claviériste est sur une estrade au milieu, avec une batterie de chaque côté, ce qui laisse tout l’espace avant libre pour Andy. Et après une courte intro, celui-ci n'aura cesse de l’arpenter de long en large, déclamant ses lyrics haineux anti religieux, prenant des têtes pas possibles, tour à tour joker, démon grotesque ou gargouille, haranguant le public avec un charisme indéniable. Public qui réserve un excellent accueil au combo, la preuve que l’affluence du soir ne doit rien au hasard.

    
     Si les nouveautés que sont « Reclamation », « Just Like Me » et « Follow the trail of blood », qui passent extrêmement bien le test du live, font monter la pression, c’est sur les classiques que sont « Today I woke to the rain of blood » et « Electro Head » que le public se lance véritablement dans la danse. Le pogo reste mesuré, la salle étant trop petite pour permettre aux furieux de s’exprimer complètement librement. Pas un mal, ça permet d’apprécier le show. Et à ce niveau-là, rien à dire : le claviériste, malgré ses faux airs de bassiste de Rammstein, fait souffrir ses cervicales et s’avère bien plus motivé que son sosie allemand, le « vrai » batteur assure une grosse rythmique tout en envoyant ses baguettes en l’air dès qu’il le peut, tandis que le second batteur, s’il ne sert pas à grand-chose (mais visuellement ça claque), rajoute des roulements et insuffle un impact supplémentaire certain à la prestation.

     On regrettera juste un manque de basses dans le son : quitte à ne pas faire grand-chose d’utile, le « percussionniste » pourrait bourriner dans des toms basse au lieu de jouer systématiquement les mêmes roulements. Mais bon, le show est excellent, Andy charismatique à souhait en gourou antireligieux déglingué, proche de ses fans (il empruntera même un appareil photo pour prendre un cliché de sa propriétaire), et le concert déroule en faisant la part belle aux titres du dernier album « Making Monsters », le tout dans un déluge de lights stroboscopiques. Les hymnes s'enchaînent, tour à tour furias indus, titres plus électros dévastateurs, le tourbillon infernal nous entraîne d'une boîte de nuit hantée  jusqu'en pleine utopie cauchemardesque dans une vaste communion hérétique.

     Après une heure, il est temps de prendre une pause. Les norvégiens reviennent très rapidement pour se tourner vers leur ancien répertoire : « Scarred » et « Fuck that Shit » obtiennent un accueil triomphal et déclenchent les premiers slams de la soirée. Nouveau break avant de conclure définitivement avec « This shit will fuck you up » et « What the Fuck is wrong with you ? » sur lesquels des fans en transe montent sur scène et en profitent pour faire l’accolade à Andy, beau joueur, avant qu’un roadie ne vienne les dégager, visiblement agacé par ces français qui apprécient être sur scène et prennent un peu trop leur temps à son goût !

     Pas de 3e rappel, le show a été excellent en tous points bien qu’un peu court (1 heure 20), mais comme nous le fait remarquer un spectateur, une musique aussi synthétique perd en impact si le tout dure trop longtemps. Qu’importe, malgré une durée un peu limite et un son qui manquait de basses (mais le Divan du Monde est-il prévu pour ce style de musique ?), COMBICHRIST a délivré un putain de concert et continue de marquer des points auprès des aficionados d’électro industriel en renvoyant Marilyn Manson sur Oui FM. La scène électro allemande est célèbre depuis longtemps, et si la Norvège ou ses voisins s'y mettaient ? Vivement la prochaine fois !



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