Récidive, nouvel opus des heavy/power/hard rock metalleux français de Manigance, est récemment sorti chez XIII Bis Records. Pour l'occasion, nous nous sommes entretenus avec le chanteur Didier Delsaux, un vrai passionné comme vous allez pouvoir le constater...
Ju de Melon : Bonjour et merci de répondre aux questions de La Grosse Radio Metal. Le nouvel album Récidive vient tout juste de sortir, quelles sont les premières réactions et tes attentes vis à vis du public ?
Didier Delsaux : Sortir un nouvel album est toujours un moment particulier pour un groupe. Dans notre cas c'est le fruit d'un long travail puisque nous avions fait un break avant de nous remettre à la compo. Mais nous sommes heureux de voir qu'aujourd'hui, le public est toujours au rendez vous et les vrais fan du groupe ne nous ont pas oublié. On a expérimenté quelques nouvelles facettes de notre "savoir faire" compo en apportant des titres plus mid tempo et agressifs et j'espère que les gens apprécieront. Malgré tout cet album sonne vraiment Manigance et une fois de plus c'est notre passion fidèle au métal qui parle.
Ju de Melon : Ce nouvel opus succède à L'ombre et la lumière (2006). Presque 5 ans d'attente et une sortie apparemment repoussée car annoncée pour 2010 à la base... Qu'est-ce qui a pris autant de temps pour la finalisation de ce CD ?
Didier Delsaux : Comme je te l'ai dit juste avant, nous avions besoin d'un break pour retrouver goût à la composition. Il faut dire que de 2002 à 2006 les disques et les tournées se sont enchaînés et nous n'avions pas le temps de souffler. Nous avons donc decidé pour une fois de prendre notre temps pour peaufiner cet album sans pression aucune, c'est pourquoi il ne sort que maintenant.
Ju de Melon : Vous jouez un metal aux influences à la fois heavy/power, progressives et même FM à certains moments. Quelles sont les inspirations qui guident vos compositions musicales ?
Didier Delsaux : En fait on écoute pas mal de groupes et de styles différents. Dans le metal proprement dit je peux perso écouter du Metallica comme du Foreigner et je prends autant de plaisir avec ces deux groupes. Je pense qu'on compose juste la musique que l'on ressent sur le moment sans vraiment se fixer de limites. Sur Récidive, notre inspiration va de le ballade acoustique très commerciale aux titres heavy ou purement speed métal.
Ju de Melon : Au niveau des paroles, les thèmes abordés semblent dans la plus pure tradition du groupe. Est-ce que certaines histoires racontées ici sont reliées entre elles ? De quoi traitent les chansons en général ?
Didier Delsaux : Mes textes sont le fruit de mon imagination, agrémentés d'histoires parfois vécues ou plausibles. J'essaie juste de faire passer des sentiments humains tout en y ajoutant ma touche personnelle. Elles sont donc parfois reliées entre elles sur le fond mais rarement sur la forme. En fait je crois que j'ai toujours eu l'esprit rebelle et il n'y a qu'à regarder autour de soi pour se sentir révolté devant certaines injustices du monde dans lequel on vit. La cupidité, l'égoisme, la fierté ou l'hypocrisie de certains m'inspirent. Mais aussi l'instinct de survie, cette capacité qu'a l'être humain à garder confiance, à croire en son avenir, et paradoxalement à detruire tout ce qui l'entoure... Cette controverse m'inspire bien souvent.
Ju de Melon : Revenons-en à la confection même de l'album. Comment s'est passé le processus de composition et d'écriture ? Chaque membre a-t-il été mis à pied d'oeuvre ?
Didier Delsaux : En règle générale, c'est François Merle qui compose la majeure partie et l'ossature des compos et c'est moi qui écris les textes sur ces bases. Mais il est vrai que sur cet album plus que sur les précedents, François à "délégué" ses pouvoirs aux autres musuciens du groupe. Bruno Ramos et Marc Duffau se sont investis sur certains titres, quant à moi j'ai partagé certains de mes textes avec Laurent Piquepaille, un ami qui vit dans la région parisienne et avec qui j'avais déjà bossé sur un titre de l'album pécédent. En fait je pense que chacun peut s'employer à la composition dans le groupe, nous n'avons pas de limites à ce niveau là.
Ju de Melon : Au niveau de l'enregistrement et de la post-production, avez vous gardé la même équipe ou changé certaines choses ?
Didier Delsaux : Comme pour les albums précédents, nous avons enregistré et produit dans notre propre studio à Meillon près de Pau. Et c'est François Merle qui, en plus de son travail de musicien, a fait les prises de son de chacun, le mix et la production. C'est un travail long et minutieux mais nous sommes habitués à bosser de la sorte et ça nous convient très bien. Le mastering quant à lui a été confié à Tommy Hansen.
Ju de Melon : Quels sont tes morceaux favoris sur ce nouvel opus et pour quelles raisons ?
Didier Delsaux : Il y a trois ou quatre titres que j'apprécie plus que les autres. Je dirai "Larme de l'univers" qui est un morveau vraiment complet et sur lequel je m'éclate bien au chant, "L'ombre d'hier" plus FM ou commercial peut etre mon préféré car il y a longtemps que j'avais envie d'écrire un titre dans le genre. Ensuite je pense à "Mercenaire" et "Illusion" qui sont parmis les morceaux les plus forts au niveau puissance et mélodie, tout ce que j'apprécie en tant que chanteur.
Ju de Melon : Le chant en français reste une force et toujours une originalité dans le monde du metal, êtes-vous étonnés d'être toujours aussi peu de groupes francophones à l'utiliser dans ce style ?
Didier Delsaux : Il est certain qu'en 2002 quand on est arrivé sur le marché avec Ange ou démon on a crée une sorte de surprise puisque les gens habitués à écouter du power metal n'avaient pas entendu chanter en français depuis longtemps. Mais comme tu dis c'est une force et une originalité de créer dans notre langue et cela nous a valu pas mal de succès au Japon. En même temps ça demande beaucoup plus de rigueur et c'est plus difficile à faire sonner que l'anglais dans notre style. C'est peut etre la raison pour laquelle nous ne sommes pas plus nombreux à le faire, même si Blasphème, Satan Jokers ou Vulcain par exemple s'y emploient aussi.
Ju de Melon : Un petit mot sur la pochette, par qui a-t-elle été réalisée et que représente l'emblème en son centre ?
Didier Delsaux : La pochette tout comme celle de l'album L'ombre et la lumière à été conçue par Matthias Noren. Nous avions été très satisfait de son travail c'est pourquoi nous nous sommes adressés à lui pour Récidive. L'emblème au centre n'est autre que le sigle du groupe crée à l'époque d'Ange ou démon. On voulait quelque chose d'un peu tranchant représentatif du titre de l'album, court, fort et visuel à la fois.
Ju de Melon : Est-ce qu'une tournée ou quelques dates sont prévues pour défendre cet album sur scène ?
Didier Delsaux : Les dates et tournées sont en train de se négocier, je ne peux donc t'en dire plus pour le moment. Mais ce qui est ceratin c'est que nous allons remonter sur les planches rapidement car nous en avons très envie...
Ju de Melon : Que penses-tu de la scène metal française ? Y a-t-il des groupes que tu suis ou découvres encore avec plaisir ?
Didier Delsaux : Bien sûr, je trouve que la scène metal française est très riche et très variée aussi. Rien qu'autour de Pau je connais pas mal de potes très peu connus mais qui font de la super musique et ce tous styles metal confondus. Il y a aussi les groupes que je suis depuis longtemps comme Nightmare, Heavenly, Gojira ou Satan Jokers et j'en oublie... des groupes avec qui j'espère qu'on pourra partager quelques scènes ou festivals bientôt.
Ju de Melon : Globalement, penses-tu que la scène "heavy mélodique" est destinée à demeurer "old school" ou une certaine relève est-elle à venir ?
Didier Delsaux : Je ne sais pas et en fait je ne me pose pas trop la question. Je fais cette musique et je compose de cette manière parce que ça me plaît depuis toujours. Il est certain que le meilleur des groupes heavy mélodiques a déjà existé par le passé et on pourrait penser que tout a été dit. En même temps je crois que les sources d'inspiration sont si variées et diverses, dans ce style on aura toujours de bons groupes et de bons albums à se mettre sous la dent à l'avenir.
Ju de Melon : Qu'écoutes-tu comme artistes/groupes ou style de musique en règle générale ?
Didier Delsaux : J'écoute pas mal de métal méloqique. Je suis resté un peu scotché aux groupes des années 80 et j'apprécie les bons "vieux" albums de Def Leppard, Pretty Maids ou Dokken entre autres. Mais j'aime aussi le power et le speed à la Helloween, Stratovarius ou Thunderstone. Personellement j'écoute pas mal de chanteurs à voix, peut importe le style et celui qui m'a impressionné le plus dernièrement c'est Per Johansson vocaliste sur le Fate V [NDLR : Aussi chanteur du groupe Third Eye)... énorme performance vocale et un album de grande qualité qui tourne sur ma platine depuis 2006.
Ju de Melon : Au niveau du chant, comment entraînes-tu et entretiens-tu ta voix au quotidien ?
Didier Delsaux : En fait on m'a souvent posé cette question. Je n'ai jamais pris de cours de chant et je suis purement autodidacte. Plus jeune j'avais du mal à aller en cours déjà et j'ai gardé cette réticence en moi. Je chante donc pour moi de temps en temps et j'entretiens ma voix en répétant régulièrement et en faisant de la musique avec les potes, rien de plus. J'ai aussi une bonne hygiène de vie, j'évite le plus possible l'alcool et le tabac.
Ju de Melon : Quelques mots sur l'année 2010 qui vient de s'écouler... Une bonne année en ce qui te concerne ? Que ce soit sur le point de vue personnel ou sur l'actualité musicale...
Didier Delsaux : Oui 2010 est une année interessante pour moi puisque c'est l'aboutissement d'un long travail de composition et c'est l'année de l'eregistrement de l'album Récidive. On va pouvoir assouvir ce besoin qu'on avait de remonter sur les planches pour jouer cette musique qu'on aime et la faire partager aux personnes qui apprécient Manigance. C'est important pour moi et pour tout le groupe.
Ju de Melon : Penses-tu que l'industrie musicale est en danger face au téléchargement illégal et à la baisse des ventes de CD ?
Didier Delsaux : Oui c'est indéniable. Pour que l'industrie musicale soit forte il faut vendre des CD et ce n'est plus le cas aujourd'hui...il faut vivre avec son temps et accepter les choses telles qu'elles sont même si c'est dur.
Ju de Melon : Merci beaucoup pour tes réponses, as-tu quelques mots à rajouter aux fans français et aux auditeurs de La Grosse Radio ?
Didier Delsaux : Je te remercie pour m'avoir donné la parole et je donne rendez-vous à tous ceux qui apprécient Manigance. Nous remonterons sur scène cette année afin de partager des grands moments ensemble je l'espère ! A bientôt.
Il ne nous reste plus qu'à souhaiter une bonne continuation à Didier et au groupe Manigance, tout en espérant très vite les voir ou revoir sur scène. La France a besoin de bons groupes du genre, alors n'hésitez pas à leur apporter leur soutien !