Whyzdom... Un nom que beaucoup de passionnés de metal symphonique commencent à entendre au détour d'une salle de concert ou même sur internet. Ce qui, toutefois, est parfaitement normal, car ce groupe est ce qu'on pourrait appeler une étoile montante du metal symphonique français. Fondé en 2007 par Vynce Leff, les musiciens ont su durant ces huit années imposer leur style, toujours surfant entre un metal qu'ils qualifient eux-mêmes de philharmonique (grâce à de nombreuses orchestrations de grande qualité) et des riffs et structures progressives. Nouveau matelot dans le navire, leur frontwoman, Marie Rouyer, qui a déjà pu faire ses preuves au sein du groupe sur leurs anciennes compositions lors des derniers concerts en date. Ils nous présentent cette fois-ci leur troisième opus Symphony for a Hopeless God, l'occasion pour nous de découvrir pleinement Marie et sa voix qui nous semblait bien prometteuse.
Et le moins que l'on puisse dire, c’est que ce groupe aura su s'imposer au fil des années avec une empreinte Whyzdom qu'on reconnaît bien (titres longs, structures influencées prog, son de guitare identifiable immédiatement), qui définit leur personnalité autant qu'elle laisse s'empêtrer dans une certaine zone de confort. D'emblée, on constate une recette similaire, mais toujours aussi élaborée, ce qui résulte d'un ensemble efficace et de très haute qualité. Ce résultat aura pour conséquence de retrouver des titres emprunts d'une très grande énergie et très travaillés. Cependant, on ne sent pas de réelle prise de risques, d'essai de nouveautés, ce qui est un peu dommage. Mais nous n'enlèverons pas à ce groupe cette grande qualité de composition. Chaque piste varie, nous embarque dans un univers différent, sans la moindre seconde de lassitude. On appréciera tout autant les structures complexes et les orchestrations d'une rare excellence, ce qui est à souligner tant elles peuvent sonner synthétiques chez nombre de combos du genre.
Mais la réelle nouveauté est l'arrivée au chant de Marie Rouyer, cette petite boule de talent. En effet, Whyzdom aura connu bon nombre de frontwomen. Nous avons eu l'occasion d'entendre Telya Melane sur leur premier album From the Brink of Infinity, remplacée temporairement par Lisa Middelhauve (ex-Xandria) en guise de session. S'en suivra Clémentine Delauney (Visions of Atlantis, ex-Serenity) qui fera une tournée avec le groupe. Puis vient la sortie de leur second album Blind? avec derrière le micro Elvyne Lorient qui quittera le groupe peu après la sortie de celui-ci. Et c'est sans crier gare que Whyzdom nous annonce en même temps le départ de cette dernière, mais également l'arrivée de notre chère Marie. Et c'est donc avec beaucoup d'intérêt que l'on se penchera sur cette voix. Marie à ce que l'on peut appeler une voix polyvalente. Elle sait avec aisance alterner entre sa voix lyrique et sa voix de poitrine. On remarque beaucoup cela sur le titre "Eve's Last Daughter" avec ces belles envolées lyriques sur le refrain et ce couplet on ne peut plus rock.
Elle saura également insérer quelques petites pointes de growl. Elle parvient à trouver un bon équilibre entre tout ce potentiel sans trop faire dans la démonstration technique, ce qui est d’autant plus appréciable. Mais la chanteuse est également dotée d’une énorme puissance vocale à vous en faire frissonner. Le titre de conclusion « Pandora’s Tears » reste la plus belle démonstration de tout son potentiel. Des couplets puissants, un refrain en douceur avec cette voix de mezzo-soprano mélodieuse, sans oublier les diverses nuances qu’elle sait apporter, donnant davantage de consistance aux textes qu'elle parvient à faire vivre. Les nombreuses émotions véhiculées par cette jeune femme terminent d'achever un tableau déjà resplendissant. En bref, la demoiselle a un talent fou et ce petit truc en plus, le petit truc réside dans l’interprétation parfaite faisant automatiquement accrocher l'oreille.
Cet album est réellement un petit bijou musical, et, osons le dire, la meilleure sortie des Français. Whyzdom sait mettre toujours la barre à un haut niveau malgré le fait qu’ils restent souvent sur leurs acquis dans l’approche des compositions. Mais même en considérant ce paramètre, on notera que leur faculté à écrire des titres de qualité est intacte. En ressort principalement les titres « While the Witches Burn », qui ouvrira l’album, mais également le bien-aimé « Eve’s Last Daughter », avec ce refrain entêtant et ces orchestrations à couper le souffle. Un morceau qui se retient aisément, en plus d’être très bon, c'est « Don’t Try To Blind Me » qui se fait résolument addifctif. Ces pistes seront vraiment les plus accrocheuses de l’oeuvre. Ajoutons également « Waking Up The Titans », chanson qui, du haut de ses sept minutes, nous présente un excellent panel de ce qu’est Whyzdom. Non pas que le reste de l’opus soit insipide, loin de là, mais il est vrai qu’on retiendra principalement les titres cités ci-dessus. Cependant, lors de la fin de l’écoute, le sentiment qui domine est celui de l'enchantement, prouvant que Whyzdom a encore énormément d’énergie et de ressource à proposer au public français. Il est difficile de citer quelques morceaux qui ressortent, sachant que ce disque s’écoute vraiment du début à la fin en un seul bloc et que toutes les pistes possèdent des qualités individuelles indéniables.
En d’autres termes, Whyzdom n’a pas grand chose à envier à ses confrères plus connus du genre. Des musiciens et une chanteuse tous très talentueux, de la qualité aussi bien au niveau de la production qu’au niveau de la composition, voilà un bilan résolument positif. Un groupe comme on aimerait en voir plus souvent. Amateurs de metal symphonique, jetez-vous immédiatement sur Symphony For a Hopeless God. Ce n'est pas un ordre, juste une recommandation très appuyée.
8.5/10
Tracklist
1. While the Witches Burn
2. Tears of a Hopeless God
3. Let's Play with Fire
4. Eve's Last Daughter
5. Don't Try to Blind Me
6. The Mask
7. Asylum of Eden
8. Waking Up the Titans
9. Theory of Life
10. Where Are the Angels
11. Pandora's Tears
