La vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille pour les formations de métal, certaines s’en sortent plutôt bien malgré la rudesse de la concurrence et du style de vie inhérent aux nombreuses tournées, d’autres, beaucoup moins. No Return fait incontestablement partie de cette catégorie car, après un début de carrière en fanfare avec les sorties des remarqués et marquantes qu’étaient Psychological Torment (1991) et Contamination Rises (1992), le groupe part dans une désuétude lancinante, la faute à une discographie qui suit quelque peu les modes de l’époque et à de nombreux changement de personnel, faisant voler en éclat la stabilité du groupe, qui n’a jamais bénéficié de la notoriété qu’il méritait. Empruntant les sillons du death/thrash mélodique scandinave avec Inner Madness en 2012, No Return réapparaissait sur le devant de la scène avec un album de qualité. Mais les vieilles habitudes ont la dent dure puisqu’à l’aube de la publication de Fearless Walk To Rise, No Return a, une nouvelle fois, vu son line-up évolué avec les arrivées de Jérôme (ex-Force) à la guitare, de Joël Barbosa à la batterie et surtout de Mick (ex-Destinity) au poste de frontman.
Dès les premiers accords de Fearless Walk To Rise, il est indéniable que No Return n’a pas changé son fusil d’épaule et poursuit sur la voie qu’il s’est ouvert avec Inner Madness, à savoir un « death-metal» nordique, à grand renfort de mélodies très inspirées et accrocheuses, rappelant les ténors du genre comme Dark Tranquillity, période The Gallery sur « Submission Falls ». Ce disque est une succession d’uppercuts qui font très mal aux gencives et, malgré la présence prédominante d’harmonies, No Return n’oublie pas d’appuyer sur l’accélérateur, optant essentiellement pour une rythmique thrash sur la globalité de l’opus, comme en témoigne les furieux « Stronger Than Ever », « Sounds Of Yesterday » ou encore « Face My Dark », pour ne citer que ces morceaux.
Nonobstant les nombreuses parties accrocheuses qui émaillent le disque et dont Alain Clément a le secret, la qualité technique des musiciens n’est pas en reste, les solos de hautes volées se multiplient avec, comme point d’orgue, celui de « Hold My Crown » qui est tout simplement énormissime. La qualité intrinsèquement élevé de Fearless Walk To Rise réside également dans les refrains qui se trouvent être à mi-chemin entre Destinity et No Return, d’où l’influence non négligeable de Mick dont la performance irréprochable donne raison au choix de son intégration, tant son timbre vocal colle parfaitement à la musique développée par les franciliens. Aussi, et malgré la forte influence scandinave, No Return nous rappelle au bon souvenir du thrash de la Bay Area, avec « Bloodbath » qui lorgne fortement du côté de Testament, revenant par la même occasion aux fondements même du combo, époque où celui-ci tirait son essence du thrash américain. Ce titre tire donc son épingle du jeu, rappelant fortement « Civil War » de Contamination Rises, auquel nous pouvons ajouter « Paint Your World » qui, dans un autre style, puisque plus proche d’un album comme Machinery, frappe également dans le mille.
La production de Jacob Hansen est à l’avenant et propulse littéralement ce disque vers le haut tant celle-ci est millimétrée, à la fois puissante et précise. Chaque instrument possède une place prépondérante et, c’est bien simple, jamais No Return n’a bénéficié d’un aussi gros son.
Avec Fearless Walk To Rise, No Return accouche d’une offrande bien supérieure à son prédécesseur, dénué de tout titre de remplissage ou de composition dispensable et, doué d’une accroche très importante avec un pouvoir addictif certain. Ce disque, même s’il est très ancré dans un death/thrash scandinave qui fait la part belle aux mélodies, fait très mal aux dents et laissera votre nuque endolorie à force du headbanging qu’il génère. Espérons qu’enfin, No Return reçoive la notoriété qu’il a toujours mérité au sein de la scène métal hexagonale, Fearless Walk To Rise est, en tout cas, un bien bel argument pour y prétendre.
