Devant le divan du monde, plusieurs personnes sortent pour fumer une clope, la preuve que la première partie ne convainc pas. Il faut avouer que SPHERIC UNIVERSE EXPERIENCE, avec son logo très proche de celui de CRIMSON GLORY, n'a pas grand chose à offrir. Les compos jouées ce soir, malgré quelques touches prog', sont plus proches du heavy power touche bite cher à notre auguste rédac chef, mais inadapté à l'ambiance du soir. D'autant que même dans le genre, et malgré une longue expérience (3 albums et un paquet de premières parties prestigieuses quand même), le combo nous propose un set certes carré et plutôt bien interprété mais musicalement assez quelconque.
C'est surprenant dans la mesure où ses prestations studios sont plus qu'honorables. Mais ce soir, rien à faire, la présence physique sur scène est limitée à sa plus simple expression, l’attitude des musiciens est plus proche de l’ambiance concert de fin d’année au lycée que d’une première partie prestigieuse (les blagues balancées sans conviction entre les morceaux tombent systématiquement à plat), on s'ennuie ferme, les interventions du chanteur aussi charismatique qu’une huître restent sans effet, et alors que le groupe réussit quand même à obtenir un salut poli du public qui lui aurait permis de quitter la scène avec les honneurs, voilà les musiciens qui s’éternisent et saluent à tout va en multipliant les annonces pour leur prochain album dans l’indifférence générale, au son des mouches qui volent ! Quand ça veut pas...
Ca vous a déjà fait le coup ? Retrouver des vieux potes que vous aviez perdu de vue pour diverses raisons... Au début, on est un peu timides, mais rapidement les bons souvenirs affluent. C'est ce qui se passe en voyant débarquer VANDEN PLAS, qui revient en France pour défendre "The Seraphic Clockwork", son dernier album en date, probablement son meilleur depuis le désormais classique « far off grace ». Histoire de fêter dignement ses retrouvailles avec un public parisien qui ne l'a pas oublié, le combo allemand réchauffe l'ambiance en balançant d’entrée de jeu "I Can See" et "Into the Sun", extraits de l’album précité. A peine a-t on eu le temps de constater que les potes vont bien, n'ont pas changé, que l'on souhaite savoir ce qu'ils deviennent. Justement, après de chaleureux remerciements, Andy Kuntz nous annonce "Hole in the Sky", le tube du dernier album et son refrain imparable qui tient la dragée haute aux classiques pré-cités.
On se souvient alors parfaitement des raisons pour lesquelles on s'entendait si bien, ce qui nous avait rendus accros au point de passerdes heures et des heures ensemble. Les gars sont excellents, toujours très affûtés musicalement : Stephane Lill est comme un gosse et impérial à la gratte entre rythmiques de plomb et solos virtuoses, tout comme son camarade Gunter Werno, grand seigneur derrière ses claviers avec son jeu tout en finesse, tous deux régalant l’auditoire de chœurs haut perchés et impeccables (quelles voix mes amis). Torsten reste impassible sur sa basse pendant qu’Andreas s'éclate derrière ses fûts, toujours avec la banane. Quand à Andy Kuntz, vers qui convergent tous les regards, sa prestation est énorme : charismatique en diable, chanteur d’exception, dont la prestation est tout aussi bonne que sur album (à quelques variations de style près dues au live). Ce, sans efforts apparents ! L’ambiance n'est pas au grand délire mais à la reprise de contact. Ce qui ne veut pas dire que l’on s’ennuie, bien au contraire, l’audience est attentive, les oreilles grandes ouvertes pour ne pas perdre une miette de la prestation. Et le temps passe trop vite…
Les connaisseurs apprécieront, mais on a eu droit à un set parfaitement équilibré. En 1h45, on en voit de toutes les couleurs, l'épique "Silently", "Iodic Rain", "Soul Survives", "Far off Grace", "Postcard to God", "Cold Wind", toutes les mélodies nous reviennent, cette couleur énergique et classe survolée par la voix Chatoyante d'Andy, qui harangue le public et prendra le temps de longuement le remercier d'être venu, et l'organisateur d'avoir cru en eux. Ces retrouvailles sont émouvantes des deux côtés de la scène. Musicalement, c'est une tuerie, VANDEN PLAS est un des quelques combos de prog' à s'être forgé un son vraiment unique, avec ce petit truc chaleureux en plus qui fait la différence. Malgré ce superbe équilibre entre métal progressif et tendances FM, le succès auquel le combo pouvait légitimement prétendre n’est jamais arrivé. Ce qui explique aussi qu'on les ait un peu perdus de vue, les musiciens s’étant lancés avec succès dans la mise en scène de comédies musicales (parfois adaptées de leurs propres albums) dans leur pays d'origine. Mais tant qu'ils continuent de proposer à leurs fans des albums de grande qualité, ce sera toujours un plaisir de se revoir.
Le risque face à des zicos très concentrés, c'est pour le spectateur d'assister à une prestation techniquement irréprochable mais froide. C'est chose impensable ce soir, et si le public répond volontiers aux injonctions d'Andy et ovationne le groupe entre chaque morceau, il semble avoir du mal à se souvenir des paroles au moment de chanter ! 4 ans, c'est long, surtout qu'il s'était déjà écoulé le même laps de temps la fois précédente. Les nouveautés sont aussi bien accueillies que le reste, il faut dire que "Scar of an Angel", "Frequency" et surtout les morceaux de bravoure de 9 minutes chacun "Quicksilver" et "Rush of Silence" n’ont pas à rougir de la comparaison. Les cloches qui introduisent le premier cité imposent le recueillement d'une audience qui, tout simplement, profite attentivement du retour d'un grand. La démonstration instrumentale n'a pas sa place, au contraire de l'émotion.
1h45 sans temps morts donc, voilà qui impose le respect, surtout au vu du niveau de la performance délivrée. Evidemment, les allemands reviendront conclure tout ça avec "Rainmaker", inévitable. Voilà, il est déjà l'heure de se quitter, malgré l'ovation vibrante du public, ravi d'avoir assisté au retour d'un grand groupe qui n'a rien perdu de sa superbe. On est vraiment contents d'avoir revus les potes, de savoir qu'ils vont bien, très bien même, et qu'on prendra plaisir à se revoir. A dire vrai, ça fait tellement plaisir qu'on se promet que cette fois, on se revoit vite. C'est sûr, cette fois ce sera différent. Avant que notre putain de for intérieur nous rappelle que cela reste hypothétique... Au pire, même si on n'arrive pas à se caler une date avant longtemps, c'est pas grave, ça sera sûrement au moins aussi bien la prochaine fois. La classe mondiale. Gros respect messieurs... Et à très bientôt !
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Et parce qu'elles sont belles et pour le plaisir, une petite photo d'Andy en plus 🙂