"To Holmgard and beyond, this is where the winds will us guide... For fame and for gold, set sail for those lands unknown!" ... Quand retentissent ces paroles, vaguement narrées par dessus le thème musical du titre phare de l'album précédent ("To Holmgard and Beyond" sur The Varangian Way), sur le morceau introduction de ce nouvel opus ; on se dit que les sympho-viking metalleux finlandais de Turisas nous ont ici peaufiné une suite. En l'apparence plus calme puisque commençant sur des tonalités plus douces/symphoniques que son grand frère, mais s'attend-on donc ici à une montée en puissance et à une explosion orgasmique sur chacune des pistes suivantes.
Ceci étant sans compter sans le génie créatif quelque peu délirant d'un Mathias "Warlord" Nygård aux envies d'évasion encore plus marquées. Ainsi ce Stand Up and Fight (à paraître le 28 février chez Century Media) constitue une suite à The Varangian Way, sans en être une, aussi bien sur le plan conceptuel que sur le plan musical. Difficile à expliquer ainsi de but en blanc, mais voici un CD qui devrait diviser, en faire enrager certains, en émerveiller d'autres...
"Take the Day!", ou carpe diem veut-il peut-être nous dire ? Après une introduction que l'on pouvait considérer comme un amuse-gueule sympathique, voici que cette seconde chanson vient directement nous placer dans une atmosphère filmique exacerbée aux relants de 80s à peine contrôlés. Un peu comme si Howard Shore, John Williams, Hans Zimmer et même Danny Elfman venaient cohabiter sur des choeurs lancés sans retenues. Et la guitare dans tout cela ? Elle est bien présente, mais quelque peu noyée dans les orchestrations...
Cet exemple de brûlot théâtralico-symphonico-filmique trouvera ainsi son écho sur plusieurs autres morceaux du genre, travaillés comme de véritables comédies musicales ou proches d'un Trans-Siberian Orchestra souvent inspiré il faut l'avouer. Alors évidemment, un morceau tel que "Fear the Fear" a des passages proches d'un certain cliché artistique qui viendrait titiller les productions de Broadway voire même quelques chansons de ABBA, mais cela reste bien fait alors who cares? Faisons cependant l'impasse sur le passage limite nerveux pas loin du hardcore à base de "DIE! Motherfucker DIE!" faisant un peu tâche dans le décor. "The End of an Empire", à la suite, va limite encore plus loin et nul ne sait s'il faut s'extasier ou désespérer devant tant de grandiloquence (même si là Beethoven's Last Night de TSO semble limite plagié en introduction)... c'est simple, on aurait presque envie de chanter "Comme d'habitude" (ou "My Way" si vous préférez) ! On peut donc ici légitimement craindre pour la santé musicale du pagan folk metalleux de base. D'ailleurs, pour mieux le préserver, passons sur la conclusion "disney metal" d'un CD qui se termine ainsi comme il avait commencé : en douceur (très) épique, avec une belle once de nostalgie il faut le souligner.
Heureusement pour les puristes du groupe, il reste ici ou là quelques (trop rares ?) moments de bravoure bien metal, bien folkisants, diablement bons même comme le témoigne ce "Hunting Pirates" aux couplets limites proggy mais au refrain parfaitement enlevé et destiné au véritables fans pagan/folk/pirate metal. Ca c'est du Turisas à l'ancienne, certes paré de ces nouveautés éparpillées tout au long de l'album, mais à la bonne saveur old school : "Full sails ahead, oceans painted red..." comme il dit, bref pas de quartier ! Nul ne résistera également au single éponyme de ce brûlot, parfaitement dans la lignée du disque précédent bien qu'un tantinet plus simple voire moins abouti. Allez, ne boudons pas notre plaisir, et sachons apprécier ce "Stand Up and Fight" hymnesque à sa juste valeur...
Bon, passez cela, faisons un petit tour en immersion d'une course de char, pour le très Ben-Hur metal "Venetoi! - Prasinoi!" bourré à l'acide speedé et orchestré dans tous les sens, tant est si bien qu'on ne sait plus trop où donner de la tête entre blast beats et trompettes en folie. Paradoxalement, si ce morceau "pouet pouet" peut prêter parfois à rire, c'est bel et bien ici qu'on trouve le chant extrême le plus convaincant de l'album. Si peu utilisé au final, Warlord préférant le plus souvent une tonalité dark limite gothique et un chant clair éraillé plus traditionnel...
Difficile de faire une analyse rapide et synthétique d'un album qui part véritablement dans tous les sens, tout en donnant l'impression d'une certaine maîtrise. Le titre représentant le plus ce doux "bordel" étant très certainement "The Great Escape", où nous avons l'impression que 8 milliards de choses se passent en l'espace de 5 minutes à peine. Alors oui, comme souvent à l'image de l'opus en son ensemble : les mélodies résistent, les travaux de riffs sont convaincants, les éléments folk restent encore à a surface (malgré tout) et les orchestrations (réelles sur cet album) sont tout bonnement bluffantes. Mais n'est-ce pas un peu trop ? Ou pas assez ? Mystère, de quoi avoir le fessier entre deux chaises...
Mais bon, pour parapher une partie du refrain de "Hunting Pirates" : "What is right? What is wrong? Who can answer?" ... En effet, that is the question.
Note : 7/10
PS : Retrouvez plus tard dans la journée l'interview de l'ami Warlord, maître à penser de Turisas.