Freak Kitchen (+ Aymeric Silvert Band) au Divan du Monde (11.03.2015)

Un concert goody goody !

 

Ah ça, on peut dire qu’on les aura attendu. Il aura fallu cinq ans pour voir un successeur à Land of The Freaks. Et il aura fallu la même durée pour revoir Freak Kitchen sur les scènes françaises. Avec un Cooking With Pagans réussi sous le bras, révélant que le groupe avait toujours des choses à dire, le concert avait de bonnes chances d’être excellent !


 

Aymeric Silvert Band
 


C’est à Aymeric Silvert et son groupe  qui revient la difficile tâche d’ouvrir pour Freak Kitchen. Et ca commence plutôt bien, avec un solo de talk box catchy, révélant les excellentes capacités techniques d’Aymeric à la guitare. Malheureusement, cette introduction fera partie des (trop) rares bons moments du concert… Où commencer ? Les compositions du Aymeric Silvert Band manquent cruellement de punch et d’inventivité. On ne lui demande pas de révolutionner le genre, juste de nous donner envie de taper du pied pendant une demi-heure ! Et malgré tous leurs efforts, le groupe n’y arrivera pas. Il reçoit d’ailleurs un accueil timide mais respectueux du public.
 

Aymeric Silvert, 2015, concert, paris, Freak Kitchen,


Soyons clair, le trio d’Aymeric Silvert est impeccable d’un point de vue technique. Aymeric gère parfaitement ses rythmiques comme ses solos, ça ne fait pas un pli. Et ses acolytes ne déméritent pas : le bassiste a un jeu groovy et impeccable, soutenant bien la batterie qui est elle aussi est jouée avec maîtrise. Mais s’il suffisait de réunir de bons musiciens ensemble pour faire un concert convaincant, ça se saurait. Non, ici, ce sont les compositions qui pêchent : un hard rock très bien exécuté, mais manquant de personnalité. Et la voix d’Aymeric, si elle est juste, manque elle aussi de ce petit quelque chose de spécial qui pourrait vraiment plaire. On pourrait croire que les nombreuses pédales d’effets et variations incorporées dans les chansons serviraient à les enrichir mais dans ce cas précis, non. On a l’impression d’écouter un melting-pot un peu confus, dans lequel on aurait placé au hasard tous les effets classiques du guitariste soliste, comme si c’était forcé. En fait, il semblerait que le groupe a du mal à se placer entre rock et métal : ça donne donc du hard rock lisse. Au moins, la mise en son est bonne, permettant d’entendre très distinctement chaque instrument et les nuances du jeu d’Aymeric. Mais encore une fois, il faut faire plus pour donner un bon concert !
 

Aymeric Silvert Band, 2015, concert, Paris, Freak kitchen,


Au niveau de la présence scénique, ce n’est pas ça non plus. Aymeric arrive à sauver les meubles avec sa technique, mais il n’y a ici pas de flamme, pas de réelle communication avec le public comme on en voit habituellement chez les guitaristes virtuoses. De son côté, en dépit de sa maîtrise, on dirait que le bassiste a l’air gêné sur scène. Il ne nous envoie pas de bonnes vibrations. Avec le recul, le seul qui arrive à assurer un minimum de présence est en fait le batteur, et quand un groupe se retrouve dans cette situation, c’est qu’il y a un problème. Bref, copie à revoir pour Aymeric Silvert, qui a pourtant côtoyé d’immenses six cordistes comme Steve Lukather. Le potentiel est là, quelque part, mais il n’est pas exploité.

 


Freak Kitchen
 


En guise d’introduction à son concert, Freak Kitchen passe sur l’écran du Divan Du Monde le magnifique clip de « Freak of The Week », l’extrait du dernier album illustré et animé par le célèbre dessinateur Juanjo Guarnido (auteur de la BD Blacksad),  qui avait récolté la modique somme de 142 000 dollars sur Kickstarter ! Alors que la chanson se finit, les musiciens montent sur scène, et sont accueillis avec des rugissements du public. Branle-bas de combat, Mattias et ses acolytes commencent le set avec le classique « Propaganda Pie », qui a le mérite de mettre tout le monde d’accord d’entrée de jeu.
 

Freak Kitchen, Mattias Eklundh, 2015, concert, Paris,


Alors qu’on constate que le trio n’a rien perdu de sa superbe, notamment au niveau technique, on constate que le public est relativement immobile. Il faut dire que la salle est majoritairement remplie de trentenaires/quarantenaires qui ont probablement découvert Freak Kitchen à leurs débuts, et qui n’ont pas forcément envie de s’agiter comme à leurs vingt ans ! Cette attitude stoïque s’oppose complètement à la musique des Suédois, qui est chaleureuse et sautillante, à l’image de Mattias Eklundh qui joue avec un grand sourire sur le visage. Ce dernier en profite pour remercier le public d’être venu si nombreux et s’excuse d’avoir mis si longtemps à revenir.
 

Freak Kitchen, 2015, concert, Paris,


Les nouvelles chansons s’intègrent bien dans le set, notamment « Sloppy » et son riff épileptique. Mattias est toujours incroyable à la guitare, avec des solos bizarroïdes remplis de dissonances et de gammes exotiques dont il raffole tant, le rendant immédiatement reconnaissable. De leurs côtés, Christer Örtefors et Björn Fryklund sont toujours aussi efficaces, à la fois instrumentalement et vocalement, sachant que tout le monde est mis à contribution à la voix dans Freak Kitchen. Le tout est couronné d’un son précis et pêchu qui permet de bien profiter de la performance des Suédois.
 

Freak kitchen, Juanjo Guarnido, 2015, Paris,


Entre les chansons, point de temps mort puisque Mattias garde un malin plaisir à faire le pitre avec son humour délirant, qui est presque aussi connu que ses capacités à la guitare dans le petit monde du métal. Après un implacable « Speak When Spoken To », un invité très spécial monte sur scène… Et ce n’est autre que Juanjo Guarnido himself ! Pendant que le groupe joue « Freak of The Week » , Juanjo dessine sur un tableau et les images sont retranscrites sur l’écran géant, révélant un talent artistique qui laisse pantois. En effet, à la fin de la chanson, Juanjo détache la feuille et nous montre fièrement un magnifique dessin de Christer esquissé en à peine trois minutes ! Le concept est répété sur plusieurs chansons, avant que Juanjo n’empoigne une guitare pour reprendre « Goody Goody » avec le groupe. Sacrée polyvalence, qui sera aussi démontrée lorsque Mattias, Björn et Christer inversent leurs instruments pour jouer « My New Haircut ».
 

Freak Kitchen, 2015, Paris, live report,


Ce concert sera donc passé à la vitesse de l’éclair. Nous arrivons déjà à la dernière chanson du set, qui n’est autre que « Murder Groupie », avec ses polyrythmies toujours aussi contre-intuitives, mais jouissives malgré tout. Après cinq ans de silence, Freak Kitchen est toujours là, et pète la forme. La formation suédoise aura donné un show à la hauteur de sa musique : technique et délirant sans être intello pour autant !

Setlist :

Propaganda Pie
Walls of Stupidity
Sloppy
(Saving up for an) Anal Bleach
God Save the Spleen
Nobody's Laughing
Private Property
Teargas Jazz
Chest Pain Waltz
Ranks of the terrified
Speak When Spoken To
Freak of the Week (Juanjo Guarnido peint sur scène)
Porno Daddy (Juanjo Guarnido peint sur scène)
Razor Flowers (Juanjo Guarnido peint sur scène)
Goody Goody (with Juanjo Guarindo on guitar)
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My New Haircut (instruments inversés)
Appetizer
Murder Groupie

Reportage par Tfaaon

Photos : Marjorie Coulin /  © 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



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