"Life's a circle so is a record."
A l'occasion de la dernière tournée européenne pour Restoring Force, nous nous sommes entretenus avec Phil Manansala, guitariste discret d'Of Mice & Men. Nous avons parlé de la tournée avec Linkin Park, de la réédition de l'album ainsi que d'une émission et d'un groupe français. Bonne lecture !
Vous êtes enfin de retour à Paris, 5 mois après le concert avec Linkin Park, comment vas-tu Phil ? Qu’est-ce qu’il s’est passé pour le groupe dans ce laps de temps ?
Malheureusement la tournée a été annulée parce que Chester (Bennington, ndlr) s’est blessé à la cheville donc nous avons eu pas mal de temps libre. Nous revenons du Soundwave Festival en Australie avec un temps parfait et des groupes géniaux. Et maintenant nous avons emmené nos vêtements chauds pour cette tournée européenne (rires).
Est-ce que tu penses que The Hunting Party Tour vous a permis de gagner des fans ?
Oh oui ! C’était la tournée la plus stressante possible pour nous. Déjà parce que jouer devant 15 000 personnes n’est pas dans nos habitudes et que seulement, peut-être 300 personnes allaient connaitre Of Mice & Men. Assez souvent, cela prenait 2-3 chansons pour que le public se chauffe et commence à vivre notre musique. Ils écoutaient au départ puis c’était à nous de gagner leur cœur. Nous avions construit la setlist de façon à ce que chacun puisse s’y retrouver en mélangeant le côté agressif et le côté mélodieux pour ne pas les effrayer.
Je pense que c’est la tournée la plus importante de notre vie en tant que groupe parce que Linkin Park nous a choisi personnellement alors la responsabilité était énorme ! Et je sais maintenant que cette tournée nous a été bénéfique parce que les retombées sont là.
Pendant cette tournée, vous avez donc joués dans des arenas. Maintenant que vous avez l’expérience des petites et grandes salles, où va votre préférence ?
C’est génial de jouer devant des milliers de personnes mais le sentiment de jouer devant quelques centaines de personnes, en sachant que ce sont des die-hard fans, est encore plus impressionnante. Je me fous des grandes salles pour le moment, elles viendront ensuite – du moins je l’espère – mais pour le moment, c’est l’interaction avec les fans qui nous motivent. Cette expérience est celle qui nous motive le plus !
Vous avez joué récemment au Soundwave en Australie et "Broken Generation" a été pour la première fois introduite là-bas. Quelle fut la réaction du public ?
J’étais stressé parce que je m’occupe des parties leads sur cette chanson et dans ma tête, je me disais « Ok Phil, pas de headbang aujourd’hui. Concentration sur les notes ! ». Je devais avoir une drôle de tête d’ailleurs (rires). A la fin du festival, je me sentais beaucoup mieux et la réaction du public fut bonne donc tant mieux pour nous.
En parlant de la chanson, dis-nous en plus. Qui est cette “broken generation” ? Est-ce nous ? Ou la génération qui nous suit ? En quoi est-ce que tu penses que cette génération est brisée ?
Cette génération, c’est celle de 15-30 ans je pense. Même moi qui suis toujours sur mon téléphone j’en ai conscience. C’est un peu une façon de dire aux gens, laissez vos téléphones de côté l’espace d’un instant pour interagir entre vous non pas par un écran mais en face à face.
Et c’est la même chose lors des concerts. Combien de personnes passent le concert les yeux rivés à un écran pour au final prendre une vidéo d’une qualité visuelle et auditive mauvaise ? Quand j’étais plus jeune et que j’allais à un concert, j’étais le premier à rentrer dans le show, à bouger, headbanger, etc. Parfois j’aurais aimé avoir un appareil photo pour revivre ces moments mais au final, ils sont dans ma tête et c’est ce qui est le plus important. Ca me brise le cœur de voir des fans être comme ça, prendre quelques photos, oui mais pas pendant tout le concert. Il faut vivre l’instant présent.
Par exemple, je suis allé voir les Foo Fighters en Australie et je peux vous dire que je suis un fan inconditionnel de Dave. J’ai pris une vidéo pendant Everlong et au bout de deux minutes, j’en avais marre. Je voulais juste profiter de ce que j’avais en face de moi.
Cette chanson fait partie de Restoring Force: Full Circle. Pourquoi avez-vous décidé de rééditer cet album avec quatre chansons supplémentaires ?
Nous avons énormément écoutés l’album, joués les chansons en live et ces nouveaux morceaux sont un moyen de terminer le chapitre. De la même manière que nous avions fait la même chose avec The Flood. C’est aussi pour nous mettre en musique ce que fut l’expérience de la tournée avec Linkin Park par exemple.
Est-ce que les chansons ont été enregistrées pendant Restoring Force ?
Non, après. En Août si ma mémoire ne me fait pas défaut. Nous avons tout écrit et enregistrés en studio à ce moment-là.
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire "Never Giving Up" et "Something To Hide" ? Est-ce qu’il existe une histoire spécifique pour chaque chanson ?
"Never Giving Up" est à propos des gens que vous connaissez qui ont un problème, par exemple une addiction à la drogue, et vous essayez de faire le maximum pour l’aider. "Something To Hide" est à propos d’une personne qui vous ment en pleine face alors que vous connaissez la vérité, comment gérer cela ? Comme réagir ?
Cela nous arrive souvent de faire des interviews avec des gens qui s’en foutent royalement et ça se voit. On pourrait très bien mentir et cela passerait bien. Ce que je ne peux pas faire avec vous puisque vous connaissez votre sujet (rire). Personne ne nous demande jamais ce que veulent dire les chansons ou pourquoi nous les avons écrites, je suis content que vous soyez-là !
Il y a aussi une version acoustique de "Feels Like Forever". Pourquoi cette chanson plutôt qu’une autre ? Est-ce que vous avez prévu de la jouer en version acoustique comme vous avez pu le faire lors du Warped Tour ou alors c’était une occasion exceptionnelle ?
Cette chanson est notre favorite de l’album et à la base, elle a été écrite en version acoustique. C’est pour cela que le choix s’est imposé de lui-même. Et non, pas de version acoustique ce soir, ni un autre soir. Du moins peut-être un jour mais nous sommes un groupe heavy donc cela nous ressemble peu. Et avec une guitare acoustique, si je me foire les gens l’entendent tout de suite (rire).
Je regarde tous le temps une émission française sur YouTube qui s’appelle The Take Away Show, vous connaissez ? Ils emmènent un groupe dans un endroit un peu bizarre puis les font apparaître chacun leur tour sur la musique et puis à la fin tout le monde joue sa partie et c’est juste extraordinaire. J’aimerai beaucoup que l’on participe à quelque chose dans ce genre !
Après la tournée européenne, vous rentrez aux USA pour une tournée avec Crown The Empire et Volumes. Est-ce que ce sera la dernière de l’album ?
Effectivement ce sera la dernière tournée pour supporter Restoring Force et sa réédition. C’est notre première tournée en tant que tête d’affiche aussi aux USA, je suis excité parce que nous allons pouvoir jouer chez nous et donner une vraie setlist aux américains. Et en plus nous allons jouer presque à la maison puisqu’il y a une date de prévue à Los Angeles.
Vous avez joués trois fois en France l’an dernier : deux fois à Paris et une fois au Hellfest. Est-ce qu’il y une chance que l’on vous revoit quand même sur des festivals ou avant la fin 2015 ?
Oh j’aimerai tellement ! J’adore les festivals de metal, bien plus que tout le reste d’ailleurs. Mais nous allons prendre du repos cet été après avoir tourné intensément sur les fests européens l’été dernier.
Quels sont les plans pour Of Mice & Men après cette tournée ? Est-ce qu’un nouvel album est déjà dans les esprits ? Avez-vous pensé à changer votre recette ?
Nous écrivons tous le temps, dès que nous avons un peu de temps libre que ce soit un riff, une mélodie, un bout de textes, etc. Il y aura un album mais quand à vous indiquer quelque chose sur sa sortie, c’est encore trop prématuré. Les premières idées sur ce prochain album sont vraiment constantes seulement depuis quelques semaines donc c’est encore flou et nous ne savons même pas nous même dans quoi nous nous embarquons. On écrit des centaines de chansons pour avoir du matériel. Une chanson est terminée à l’heure actuelle mais nous ne l’aimons pas, donc elle va passer à la trappe.
En ce qui concerne la recette, nous ne voulons pas nous en écarter et jouer quelque chose qui ne nous ressemble pas. Donc je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, malheureusement (rires).
Est-ce que tu connais et/ou écoutes certains groupes français ?
Il y a un groupe que j’adore, c’est Pleymo. Ma femme est néerlandaise et elle adore le groupe donc elle m’a fait découvrir et j’écoute assez souvent. Bien sûr Gojira ou encore Betraying The Martyrs avec qui nous avons tournés aux USA et un plus petit groupe, T.A.N.K.
Question rituel maintenant, peux-tu nous citer tes cinq groupes favoris ou ceux que écoutes le plus en ce moment ?
Bien sûr, alors : Slipknot, Killer Be Killed, Chris Brown, Mastodon et Black Tongue.
Est-ce qu’il y a des malentendus à propos de toi et du groupe dont tu voudrais nous parler ?
Je ne lis pas trop ce que les gens disent sur nous parce que c’est généralement dans le mauvais sens. Les gens parlent plus de ce qu’ils n’aiment pas que de ce qu’ils aiment, c’est assez étrange. Vous pouvez trouver que ce que l’on fait est facile ou générique mais pour nous, c’est juste faire ce que l’on aime. Je ne peux pas citer combien d’avions j’ai pris cette année ou combien de nuits j’ai passé loin de ma femme. Nous faisons ça pour nous et pour nos fans, pas pour l’argent comme certains l’écrivent parce que je ne suis définitivement pas riche.
Si tu devais choisir une question que tu aurais aimé que l’on te pose, quelle serait-elle ? Et quelle serait la réponse à cette question ?
« Hey, est-ce que tu veux un million de dollars ? » et la réponse serait "Bien sûr que non." (rires). J’ai l’impression qu’Alan et moi, parce que nous sommes les plus calmes du groupe et que nous faisons peu d’interviews, avons peu de questions directement posés par rapport à nous-mêmes. Sur qui nous sommes, ce que nous aimons, etc. Et c’est ce que vous avez fait avec moi en fait ! Donc les réponses se lisent dans ce que vous m’avez posé parce que vous avez créé une interview qui n’est pas générique et qui est très intéressante, merci.