Castlefest 2 ème jour (02.08.2014)
Ӭ- Lisa Cuthbert (Folk stage)
”¨Programmée sur la petite scène du village médiévale, la charmante Lisa Cuthbert et ses musiciens jouent devant une audience plus que restreinte. Une dizaine de personnes assistent à son show mais qu’importe, cette intimitée est en cohésion avec sa musique et sa sublime voix (elle a également chanté pour Antimatter), pleine de feeling et de force.
Merci à Lisa et aux très bons musiciens français qui l’accompagnent (Antoine Doin à la guitare, Yohann J. Bizeul à la basse et Marvin Morelle à la batterie) pour ce pur moment de grâce. On espère les voir pour quelques dates en France et ce n’est pas ce bébé qui semble fasciné par leur musique qui dira le contraire.
Ӭ- The Moon and the Nightspirit (Village stage)
Deuxième prestation des Hongrois qui seront bien meilleurs que la veille, que ce soit en interprétation, en énergie ainsi qu’en qualité sonore. Un groupe bien mieux en place en particulier leur percussionniste, Gabor, en très grande forme cet après-midi ! Le set révèle la qualité musicale de ce groupe unique grâce a un son enfin à la hauteur de leur musique, suffisamment puissant et clair pour faire apprécier toute la finesse de leurs compositions. Pendant une heure, on s’évade, ensorcelé par la douce voix de la chanteuse Agnès, également au violon. Si l’on ajoute qu’elle est également à l’origine des magnifiques pochettes des albums du groupe, nul doute qu’on tient là une artiste complète, même si un peu sur la réserve.
A noter que The Moon and the Nightspirit étaient aussi présents au Cernunnos 2015 à Paris, belle occasion pour le public hexagonal de les voir à nouveau (le report ici)
Ӭ- Corvus Corax (Forest stage)
Le public est venu en très grand nombre en cette fin d’après-midi pour voir les géniaux Allemands de Corvus Corax. Dans une atmosphère de furie totale et de symbiose avec leurs fans, le groupe enchaîne les titres sans aucun temps mort.
Tambours, cornemuses gigantesques, vielle monumentale, moulin de clochettes et bien d’autres instruments sont de la partie, sans oublier les costumes, les bijoux, le maquillage qui font, comme toujours avec les corbeaux, parties de l’indispensable décorum.
On est impressionné par la sidérante vitalité des membres de la joyeuse troupe teutonne, qui n’ont pourtant plus 20 ans mais qui continuent à s’amuser comme des gosses! Un des grands moments du festival qu’il ne fallait surtout pas manquer même pour une cervoise !
Ӭ- Le Wicker Man
”¨L’événement rassembleur du Castlefest arrive en ce début de soirée, la destruction par le feu du Wicker Man. Cette année c’est un hibou géant qui partira symboliquement en fumée devant une grande partie des festivaliers fascinés et hypnotisés par les flammes mais aussi par la musique et les danses rituelles. Tradition du festival, tout le monde peut venir déposer son offrande, objet ou lettre, bientôt calcinée par le feu.
Mais justement d’où provient ce rite du Wicker Man ? C’est en fait une pratique inspirée d’une vielle tradition païenne celtique, une sorte de sacrifice symbolique, autrefois humain ou animal, censé permettre d’assurer une récolte abondante à ses participants.
Pour tenter d’expliquer un peu plus de quoi il s’agit, nous devons remonter à l'antiquité celtique. Selon les écrits de Jules César, les Celtes, peuple barbare, sacrifiaient des centaines de personnes innocentes en les empilant à l'intérieur d’un grand homme fait de bois ou d’osier, auquel ils mettaient le feu. Selon d’autres sources, les Celtes sacrifiaient principalement des criminels aux dieux. Mais combien de ces histoires sont vraies ? Pouvons-nous vraiment croire le récit de Jules César à propos de ces pratiques ? Quoiqu’il en soit, de nombreuses fêtes païennes et festivals modernes utilisent encore l'image du Wicker Man dans leurs réjouissances.
Ce personnage fut aussi mis à l’honneur en 1973 dans le film éponyme ultra-culte de Robin Hardy avec le grand Christopher Lee (Dracula, Fu Manchu, Saroumane dans le Seigneurs des Anneaux). Iron Maiden lui consacra aussi un morceau de son l’album Brave New World et Agalloch un album entier, le sublime The White EP. Probablement inspiré par le film The Wicker Man, malgré ses dires, Larry Harvey créa en 1986 le rassemblement américain du Burning Man. Radicalement insolite, il se déroule chaque année au milieu du désert de Black Rock dans l’état du Nevada (quelques infos ici. L’homme d’osier est aussi à l’origine en 2001 du Wickerman Festival en Ecosse qui lui est pleinement inspiré du film de 1973 et de la légende.
Retenons donc au final que l’idée principale derrière la combustion du fameux Wicker Man est que la destruction est parfois nécessaire pour que la renaissance se produise.
Ӭ- Faun (Forest stage)
Oliver S. Tyr et sa troupe sont de grands habitués du festival. Cette année ils viennent présenter des titres de leur nouvel album Luna. Après le Wicker Man, le Faun installe sur la grande scène son attirail musical d’un autre temps avant d’en laisser sortir des sonorités médiévalo-modernes des plus attrayantes, jouées avec enthousiasme.
Une représentation des Allemands des plus agréables, colorée, vive et bien accueillie par l’auditoire bien que pas réellement transcendante. Il manquait en petit « je ne sais quoi » pour totalement emballer ce show. Il y a des jours comme ça, la prochaine fois sans doute…
Une impression peut-être aussi due au virage pris par la formation depuis quelques albums pour rallier plus de public à sa cause. Pourquoi pas, mais cela a pour conséquence de perdre l’originalité et la spontanéité de ses débuts pourtant très bons. Pour preuve, Faun postule pour la sélection Allemande de l’Eurovision 2015. Malgré tout, cela restera une assez sympathique sarabande à la croisée des chemins entre l’ancien et le nouveau Faun avec des choix qui, bien évidement, leur appartiennent.
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- Wardruna (Forest stage)
Pour finir la journée principale de ce festival en beauté nous accueillons, assez ému, Wardruna. C’est sans aucun doute la tête d’affiche parfaite d’un festival dark médiéval pour fêter 10 ans d’existence. Et ce fut à la hauteur de l’attente, un moment de magie pure avec une prestation donnant le frisson et des musiciens en état de grâce devant un public émerveillé par ce voyage au pays des shamans et des vikings.
Les passages de polyphonie de certains titres sonnent comme des incantations aux forces et aux dieux de la nature, bras et regard levés au ciel. Wardruna étant déjà parfait sur disque, il prend une ampleur indescriptible en live. Quelque soit la musique que l’on aime, c’est sans doute un moment à vivre au moins une fois avant dans sa vie.
Gaahl, Kvitrafn, Lindy Fay Hella et les autres musiciens sont comme une assemblée de grands chamans nous faisant vivre un trip hors du temps et de l'espace, un magnifique rituel rassemblant les croyants pour célébrer les dieux anciens et élever le corps et l’esprit sereinement vers le valhalla. On reste pantois devant tant de talent, de justesse et d’originalité.
Pour parfaire la soirée, le groupe nous gratifiera d’un nouveau titre, "Gjallahorn", à paraître sur le troisième volet de la trilogie : Ragnarok. Et en guise de bouquet final, un splendide "Helvegen" cérémonial et envoûtant pour conclure un concert qui aura été parfait ou presque. Pour combler pleinement ses fans, il eut fallu que Wardruna joue l’extraordinaire titre "Solringen", malheureusement souvent absent de leurs concerts. Mais ne faisons pas la fine bouche : on s’éloigne de la scène avec un sourire béat, sur un nuage, comme après avoir passé 1h30 inoubliable avec un être cher et on se dit que l’on était là où il fallait être ce soir et nulle part ailleurs.
Sans conteste le meilleur concert du festival !
Photos : Arnaud Dionisio / © 2015
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