"La musique est notre exutoire"
A l'occasion de la sortie de The American Dream Died, Mike Gallo, bassiste du groupe de hardcore Agnostic Front, a accordé une interview à La Grosse Radio pour y évoquer l'intensité du processus d'enregistrement, son enthousiasme par rapport au disque ainsi que le contenu des paroles, plus contestataires que jamais.
Bonjour Mike et merci de nous accorder cette interview. Comment te sens-tu après avoir fini The American Dream Died ?
Cet album sera notre 11e. Honnêtement, je pense que c'est un des meilleurs albums d'Agnostic Front. Je sais que c'est difficile de faire mieux que les classiques mais ce disque est solide et contient tous les éléments sonores que nous avons touché tout le long de notre carrière. Seize chansons, que des tueries, aucun filler, nous en sommes très fiers et nous y croyons dur comme fer. Musicalement, nous avons eu une approche brute et old school avec des tonnes de blast beats hardcore qui te ramèneront facilement aux débuts d'Agnostic Front. Mais je crois que tous nos fans peuvent s'y retrouver. Les paroles parlent pas mal de politique et de nombreux problèmes auxquels nous devons faire face dans le monde.
Roger Miret (chanteur) avait déclaré que les sessions d'enregistrement étaient vraiment intenses. Peux-tu nous en parler ?
C'est vrai que les sessions étaient intenses, mais aussi fun. C'était l'une de mes meilleures expériences d'enregistrement. Ce qui est cool, c'est que huit de nos chansons ont été enregistrées dans des conditions live, avec nous tous ensemble dans le studio pour leur donner cette brutalité et ce feeling particulier. Nous avons enregistré tous les instruments (batterie, basse et guitare) en un jour et le chant le lendemain. Nous avons aussi fait des vidéos sur l'enregistrement de l'album ainsi que deux clips. Il s'est passé beaucoup de choses en très peu de temps et c'est ce qui fait que c'était si intense, vu qu'on n'a pas arrêté de travailler.
Cet album est d'ailleurs le plus court depuis Another Voice, penses-tu que ça renforce l'intensité ?
Oui, complètement. Tout d'abord, les gens ne gardent pas leur attention très longtemps. Je pense qu'un disque de hardcore ne doit pas durer plus d'une demi-heure, vu que la plupart des chansons du genre sont agressives et directes. C'est le hardcore que j'aime. Il y a plusieurs chansons que nous aimions que nous avons retirées du disque pour cette raison. Nous pensons que ça a renforcé The American Dream Died de s'en tenir à seulement 16 titres, pour 28 minutes de pur New York hardcore.
Il s'agit du premier disque avec Craig Silverman à la guitare. Peux-tu nous parler de ce qu'il y a apporté ?
Quand Craig est arrivé, une bonne partie du disque était déjà écrite. Mais je pense que son style de jeu a vraiment servi de liant au disque. Il a aidé à la finition de certains titres et a ajouté sa patte à la guitare. Il a aussi écrite quelques super riffs qui ont renforcé certains titres en leur donnant une certaine prestance. Craig est un vétéran et c'est exactement ce qu'il nous fallait, nous n'aurions pas pu trouver quelqu'un qui nous correspondait mieux.
Qu'est-ce que ça fait de voir un membre partir après avoir passé sept ans à jouer ensemble ?
Il n'y a aucun problème entre nous et ceux qui ont quitté le groupe. Joseph James a quitté le groupe de lui-même, comme cela avait été le cas de mon frère Steve (ex-batteur) en 2009. On se revoit encore souvent et tout se passe bien. La vie en tournée n'est pas facile et les gars ont pensé que c'était le moment de se retirer. Cela fait du bien de se dire que nous avons passé de belles années ensemble, nous avons de très bons souvenirs et nous sommes toujours amis.
Il y a un sentiment de révolte sur l'ensemble du disque qui semble renforcé. Comment y êtes-vous arrivés ?
Ce qui se passe aux Etats-Unis et dans le reste du monde nous dégoûte. Nous en avons assez de cette situation. Tout, du terrorisme aux actions de notre gouvernement, mène ce pays à sa perte. Ce n'est pas dur d'être révolté avec tout ce qui se passe. Nous devons éveiller les consciences du plus de personnes possible pour changer cela.
On ressent aussi une vive critique de la police dans ce disque, peux-tu nous en parler ?
Il y a beaucoup d'ignorance de nos jours, avec des policiers qui agissent comme des criminels et des criminels tirant sur la police sans raison. Être policier n'est pas un métier facile. Je ne m'acharne pas sur eux, je relate les faits. Mais le problème, même si cela ne les concerne pas tous, est que beaucoup d'entre eux se croient au-dessus des lois et profitent de leur pouvoir. Nous pensons que c'est un grave problème, c'est pour cela que nous en parlons.
Vous revenez à Paris au mois de mai. A quoi peuvent s'attendre les fans ?
Nous avons une toute nouvelle intro que nous avons créée en studio qui est dans le disque. Nous allons jouer quelques nouvelles chansons et, bien sûr, des classiques, en apportant toujours plus d'énergie à nos concerts. Nous sommes très fiers de The American Dream Died et nous avons hâte que vous écoutiez en live ces nouvelles chansons.
Agnostic Front va fêter ses 35 ans cette année et n'est pas décidé à se calmer. Comment gardez-vous votre rage intacte ?
La musique est notre exutoire. C'est notre moyen de faire ressortir positivement notre agressivité. C'est dur de ne pas se sentir en colère avec tout ce qui se passe autour de nous. Mais je pense pas que nous soyons des personnes colériques. Nous comptons aussi faire quelque chose pour notre 35e anniversaire, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. Cela sera bientôt annoncé.
