Parce que le bien nommé beast, c'est effectivement du lourd. Du très très lourd. Mais qu'ont-ils donc bouffé en studio ? Du maïs super transgénique de Monsanto ? Avec des vitamines nucléaires dérobées dans les caisses de l'armée réservées à un projet de super soldat ? Plus sérieusement, cet album est un concentré d'agressivité qui met la pige à une grande partie de la concurrence en enchaînant les morceaux de bravoure avec une férocité , well, bestiale justement. Plus tourné vers l'extrême, avec toujours la touche groovy qui fait son charme (et qui contribue à la différencier de ses collègues), la formation s'est retroussée les manches pour nous offrir son oeuvre la plus aboutie. Bien servis par une énorme prod' de Mark Lewis, qui avait officié en tant qu'ingé son sur The Last Kind Words (2007), la musique composée ici est d'une grande richesse qu'il faudra plusieurs écoutes pour bien assimiler.
Techniquement impressionnants (c'est sûr qu'on à à faire à des bosseurs acharnés), les musiciens trouvent systématiquement de nouveaux arrangements pour enrichir leurs riffs. Des breaks toujours plus nombreux et maîtrisés, parfaitement doublées par des grattes proprement assassines (et qui encore une fois ne révèleront toute leur richesse qu'au terme de plusieurs écoutes), et on se rapproche d'un SLAYER du 21e siècle. La comparaison n'a bien sûr pas lieu d'être car anachronique. Mais jetez une oreille à l'ouverture sur "Dead To Rights", qui enchaîne tous les éléments dont je viens de parler : la puissance de feu ricaine combinée à une écriture et compo solide, un break de folie avec un chouette solo... Dites-vous que vous allez manger ça sur 11 autres titres le tout avec cette prod' aux petits oignons qui a le bon goût de mettre en avant ce qu'il faut au bon moment pour ne pas lasser l'auditeur, et vous comprendrez qu'il n'y a pas grand chose à redire : les connaisseurs seront comblés, les autres feraient bien d'y jeter une oreille débarassée de tous à prioris. Beast est trop long et complexe pour se révéler dès la première écoute, mais n'est-ce pas là le propre de bon nombre de grands albums ? Le temps nous dira s'il peut prétendre entrer dans cette catégorie.
Les prestations live du groupe sont déjà très réputées (notamment pour les circle pit qui sont devenus une tradition pour leurs fans), mais ce coup-ci ça va être drapeau noir. Pas de survivants, que des morts. Parce que ça va vite, ça rue dans les brancards à fond de ballon et surtout, ça enchaîne sans temps morts. Les bombes à fragmentation ramènent l'auditeur à l'état primal, le tout à faire pisser de trouille tous les SLIPKNOT du monde. DEVILDRIVER a depuis le début toujours bossé son truc, a considérablement progressé et s'affranchit aujourd'hui de tout automatisme nuisible. Avec Beast, le groupe s'est trouvé pour de bon et, ce faisant, s'affirme comme un leader, un vrai poids lourd de la scène brutale US., alors même qu'après des débuts tonitruants, ses fidèles semblaient partagés sur ses productions plus récentes Finalement, la comparaison avec SLAYER n'était pas peut-être pas si con. Eux, EXODUS, TESTAMENT et consorts peuvent être fiers : leurs descendants ont atteint la maturité, l'excellence musicale nécessaire pour reprendre le flambeau. Ce 5e album en est la plus belle démonstration.
Ma note : 8/10