XII Boar – Pitworthy

Les Anglais de XII Boar auront mis du temps à sortir ce tout premier album ! Si les EPs nous avaient déjà mis l'eau à la bouche grâce à des morceaux redoutables à l'instar de « Truck Stop Baby », Pitworthy permet cette fois-ci au trio de s'affirmer. Avis aux amateurs de riffs lourds et crasseux en tout genre, XII Boar nous envoie ici un album musclé aux côtés stoner, southern, sludge, dégoulinant de sueur et de morceaux qui, à coup sûr, vous feront taper du pied.

Sur le plan qualitatif, Pitworthy est homogène, il n'y a vraiment pas un morceau à jeter, ou que l'on pourrait considérer comme moins bon qu'un autre. Les compositions sont particulièrement riches, et si les influences de groupes tels que Black Sabbath, Pantera ou High On Fire sont perceptibles, elles sont très bien digérées, permettant au groupe de se forger une réelle identité musicale. L'album profite d'une production soignée, du coup XII Boar perd un peu du son dégueulasse auquel il nous avait habitué avec ses anciens enregistrements, mais sans pour autant délaisser ce son massif et efficace qui lui est propre.

XII Boar, Pitworthy

C'est après une introduction en grande pompe, digne de l'entrée d'un champion de boxe sur le ring, que l'on peut découvrir le tout premier morceau : « Sharpshooter ». Forcément, on attend l'uppercut, mais là XII Boar nous met K.O dés le premier riff, envoyé à 1000 à l'heure et en pleine mâchoire. On retrouve sur cet opus la voix crade et imbibée de whisky de Tommy Hardrocks, tandis que le bassiste Adam « Bad-Dog » Thomas assure des choeurs qu'il braille avec patate, boostant ainsi le trio sur la plupart des morceaux. Côté batterie, Dave Wilbraham maintient une rythmique solide, tantôt lourde, tantôt survoltée, et arbore quelques coups de cowbell bien placés sur « Young Man » et « Rock City ».

Power trio oblige, la basse tient une place très importante, accentuant l'aspect ronflant et groovy de la formation. De nombreux petits solos de basse sont d'ailleurs disséminés ici et là et apportent un certain relief à la plupart des compositions. Sur « Rock City » ou « Pitworthy » par exemple, ils permettent de ralentir et de poser le tout avant de renchérir avec des moments plus énergiques et bourrins.

C'est précisément cette facette en nuances qui fait la différence, car sans jamais tomber dans une atmosphère trop planante, XII Boar réussit à nous livrer quelques moments parfaitement savoureux comme en témoigne la pause instrumentale de « Rock City », où basse et batterie sont mis à l'honneur. Sur « The Shaeffer Boogie » aussi, impossible de ne pas taper du pied sur l'intro, plutôt calme, et les passages de guitare doublés à la voix, tout en douceur (Oui, chez XII Boar, de la douceur. Ça vous en bouche un coin?). Ces moments offrent par ailleurs un contraste saisissant avec les refrains où la voix rugissante de Tommy Hardrocks fait presque écho à Phil Anselmo et son mythique « Re-spect, walk, what did you say ? », sur « Walk ».

Mais Pitworthy recèle également de petites surprises comme « Crawdaddy Blues », un court interlude bluesy, avec une partie de guitare jouée au bootleneck, accompagnée par le côté vieilli des craquements de vinyle. Juste de quoi faire une petite pause, reprendre son souffle avant deux morceaux sacrément rentre-dedans, « Chicken Hawk » et « Battle Boar ». Les riffs sont simples mais efficaces, l'accent est plutôt mis sur l'énergie avec un Tommy Hardrocks aussi survolté au chant qu'à la guitare. Pour finir en beauté, mais surtout pour faire durer le plaisir, XII Boar clôt ce disque avec « Quint », un petit titre de 11 minutes. Cette dernière piste résume bien toutes les facettes et l'esprit de Pitworthy en alternant sans cesse entre tempo rapide et tempo lent, alliant aussi le côté lourd, sale et massif à un groove efficace et percutant.

Même si ce premier album a mis du temps avant de parvenir à nos oreilles, il confirme le talent et la hargne de ce trio anglais. Pitworthy nous permet de mieux cerner l'univers de XII Boar, une formation qu'il faut sans aucun doute continuer à suivre de très près.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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