Dimanche 27 février 2011, ou le jour du retour d'Angra sur Paris. Bon, évidemment, ceci n'est pas inhabituel ni une surprise en cela, mais tout de même... Suite au quasi-split ayant suivi Aurora Consurgens, quelques années se sont écoulées avant un come back l'an passé et un Aqua qui laissa pas mal de fans plutôt mitigés. Peu importe, ce soir Edu (bah oui, a pu André) et ses boys semblent motivés, mettant au passage un terme à leur tournée européenne.
C'est en compagnie de deux groupes quasi inconnus du grand public que le quintet brésilien va se produire sous nos yeux devant une salle de l'Elysée Montmartre qui aura (beaucoup) de mal à se remplir, même si l'affluence s'est plutôt avérée correcte au final.
C'est à ce jeune trio français, francilien même, qu'il revient l'honneur d'entamer la soirée devant, il est vrai, un public encore très clairsemé. Mené par une chanteuse-bassiste à l'énergie positive, le groupe Fall & Bounce se montre à l'aise pour une première à l'Elysée Montmartre.
Nous avons affaire à un set carré, 6 titres bien posés dans un style mélangeant allègrement rock et metal, titillant parfois le punk, nous rappelant de temps à autre The Pretenders (le parallèle avec la frontwoman était si un raccourci plutôt simple, je vous l'accorde).
Le contrat est donc rempli pour Fall & Bounce qui parvient même à réveiller le public par un très bon "Taste of Your Medecine" en fin de show, invitant au passage le leader de The Versus en 2ème guitariste. Bien joué, car comme c'est souvent la dernière impression qui reste le plus en tête...
A revoir donc, avec plus d'expérience et plus de recul, à noter par ailleurs que leur 1er album Taste of Your Medecine est sorti le 14 février dernier en auto-prod.
Kattah ? C'est quoi ça ? Du metal brésilien, groupe invité et ramené donc par Angra, une formation pas forcément inconnue des spécialistes locaux même si très récente. Affublé d'un chanteur flamboyant dans son costume, nous naviguons entre power et prog (très très léger cependant), le tout assaisonné d'influences orientales voire hindou-arabisantes.
Passé cela, que dire de plus ? Kattah comble un certain manque d'expérience par une grosse vitalité sur scène, le chanteur Roni Sauaf se donnant coeur et âme, à fond, technique maximum mais feeling très... pauvre, autant le dire de suite. On sent que le bonhomme adore chanter, mais devrait-il peut-être moins se concentrer sur ce qu'il chante et plus soigner la mélodie ou l'émotion ? Sur 2-3 titres, passe encore, mais sur les 7 du set général, on se lasse un peu...
Le meilleur moment restera en fait lors de la 6ème chanson où notre ami chanteur passe derrière les fûts pour y exécuter un mini solo au coeur d'une instrumentale sympathique. Se serait-il trompé de vocation ? Tant il s'avère presque meilleur que le batteur titulaire du groupe, une sorte de Ronaldo (le gros brésilien, pas la danseuse portugaise) à cheveux longs...
Au final, loin d'être Kattah-clysmique, pas non plus une Kattah-strophe, le rendu général s'avère assez moyen et lassant malgré quelques belles prouesses ici ou là. Le final sur "I Believe" laissant même paraître quelques fausses notes au niveau d'un chant visiblement émoussé. Forcément, à "trop jouer" avec souvent en apnée... Retenons tout de même le titre "Lebanese Aura", bien sympathique, d'ailleurs single du premier album du groupe (Eyes of Sand) sorti l'an passé.
A revoir ? Bon, peut-être alors, si on est vraiment obligés ou si le groupe gagne en sérénité mélodique...
Ah, les voici enfin ! Ayant interviewé le chanteur Eduardo Falaschi avant le show (en ligne dimanche si tout va bien), je crains quelque peu pour la qualité vocale du concert. Pas qu'Edu ne soit pas un bon chanteur, loin de là, mais il paraissait plutôt fatigué à essayer d'économiser sa voix pendant l'entrevue. Jamais bon signe.
Les craintes se sont avérées quelque peu justifiées même si, avouons-le, exagérées. La prestation niveau chant a eu ses moments difficiles, comme sur ce pré-refrain de "Waiting Silence" (chanson surprise de la soirée tant on ne l'attendait point) purement calamiteux, mais bizarrement bien interprété pour la seconde fois par... Roni, le chanteur de Kattah, venu faire un guest inattendu et finalement à la hauteur de cet évènement plutôt personnel pour lui. Limite meilleur que Edu sur le coup ? Allez savoir...
Puis bon, disons-le au moins une fois même si le cliché devient lassant, Edu Falaschi n'est pas André Matos. Et d'ailleurs il ne cesse en aucun cas de l'imiter, peut-être est-ce d'ailleurs la meilleure (seule ?) chose à faire ? Alors évidemment, quelques déceptions là où on attendait les aigus glorieux d'antan, mais vaut mieux assurer pour le confort auditif du public. Quelques soucis dans les graves à relever ici ou là également, mais un très bon grain heavy et une bonne puissance sauront nuancer ces écueils. Et puis, Edu relève très bien le défi de l'émotion...
Sur "Lease of Life" par exmemple, les fans se sont tus. Un vrai moment de beauté, même si l'envolée lyrique finale aurait pu être plus maîtrisée. Globalement une prestation de choix et une chanson qui restera dans le coeur de tous, pour ce qui constitue probablement le meilleur morceau du dernier album Aqua.
Niveau setlist, nous avons clairement été gâtés, voici une chose certaine. Les mythiques Angels Cry et Holy Land se sont brillamment vus représentés par des "Angels Cry" ou "Nothing to Say" de qualité (enchainés en début de set qui plus est), et que dire de "Carolina IV" ou les amis zicos s'en sont donnés à coeur joie ? On y reviendra... Chaque album se verra au final représenté, le dernier à trois reprises cela va de soi, Fireworks par l'immense "Lisbon" et son émotion palpable, Aurora Consurgens par "The Voice Commanding You" (sympa mais sans plus, avec Rafael Bittencourt au chant pour reposer Edu ?), le grand Temple of Shadows avec "Waiting Silence" donc mais aussi "Spread Your Fire" précédé de son intro... sans oublier bien sûr Rebirth, le premier avec Edu au chant, avec du "Nova Era" accouplé au légendaire "Carry On", du "Heroes of Sand" (Edu au top ici) et du "Rebirth" au choix plus discutable, le public n'ayant d'ailleurs pas trop embarqué.
Rayon surprise finale, nous avons eu droit à une reprise de Black Sabbath, "Heaven and Hell" (hommage déguisé à l'ami Ronnie James Dio), où chaque membre s'échange son poste. Nous retrouvons encore Rafael au chant, parfois proche d'un Russell Allen (la puissance en moins tout de même), Edu et le batteur Ricardo Confessori aux guitares, Kiko Loureiro à la basse et Felipe Andreoli à la batterie. Pour certains, le melleur moment de la soirée !
Maintenant que chaque musicien s'est vu nommer, nous pouvons jeter un oeil sur leur prestation technique. Parfaite ? Est-ce cela le mot ? Disons simplement qu'aucun pain monumental ne sera relevé, même si quelques uns critiqueront le côté "faux prog" d'un groupe qui n'est pas clairement dans ce style, ne nous y trompons pas. Kiko Loureiro a cependant un feeling impressionnant derrière sa gratte, la force tranquille d'un artiste qui n'a déjà plus rien à prouver. Notons aussi le retour de Ricardo Confessori dans le groupe (depuis 2009) et son jeu très typé rythme brésilien, mais aussi un solo assez impressionnant à coups de "je te tourne mes baguettes mais je joue quand même comme un métronome". Bon, au passage il en a fait tomber une, mini fail, mais rien de bien grave...
En guise de conclusion, disons certainement que ce Angra 2011 à l'Elysée Montmartre ne restera pas comme le concert de l'année, loin de là, mais a su nous offrir de grands moments par ci par là. L'émotion de ré-entendre certains titres cultes restera ici plus forte que les légères déceptions, rassurez-vous, car Angra restera Angra et ce même si André Matos n'est plus là. D'autant plus que les membres du groupe sont tous très sympathiques...
Setlist :
- Arising Thunder
- Angels Cry
- Nothing to Say
- Guitar Solo (Kiko Loureiro)
- Heroes of Sand
- The Voice Commanding You (Vocals by Rafael Bittencourt)
- Waiting Silence
- Lease of Life
- Drum Solo (Ricardo Confessori)
- Deus Le Volt!/Spread Your Fire
- Awake from Darkness
- Lisbon
- Carolina IV
- Rebirth
- Carry On/Nova Era
- Heaven and Hell (Black Sabbath Cover)
- Gates XIII (Outro)
C'est d'ailleurs en leur compagnie que votre (chanceux) serviteur finira la soirée, mais ceci est une autre histoire qui n'interesse personne ici. A en juger la réaction des fans recueillie après le show, on peut dire que nos amis brésiliens ont réussi leur coup et parfaitement su combler les espérances. En espérant cependant que la prochaine tournée ait un succès plus grand, ce mythique groupe de la scène power metal mélodique mérite le meilleur des accueils et le plus grand respect.
Un grand merci à Nidhal / Yog Photography pour ses photos